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Qui se souvient du cri du 29 mai 1453?
LA CHUTE DE CONSTANTINOPLE PAR STEVEN RUNCIMAN
Publié dans L'Expression le 16 - 12 - 2009

Serait-ce, ce qu'on pourrait appeler la tare des historiens, le fait de vouloir refaire l'Histoire du monde?
Boutade ou réflexion, la question a déjà fait son chemin de curiosité louable développant la culture de la vérité, et en quelque sorte, la volonté de remettre à l'endroit des faits historiques. La réédition de La Chute de Constantinople, 1453 (*) de Steven Runciman, réactualise l'histoire mouvementée et riche en enseignements de cette ville célébrissime.
Depuis la Byzance, colonie grecque construite au viie s. av. J.-C. sur le Bosphore, puis sur ce même site, la Constantinople, de l'empereur romain Constantin Ier le Grand qui en fit la nouvelle Rome (Nova Roma) le 11 mai 330 pour surveiller la frontière du Danube et les Perses musulmans, afin d'asseoir une puissante monarchie centralisée de droit divin, jusqu'à un certain 29 mai 1453, plus de dix siècles sont passés! Et, au cri de «La Ville est prise», la Byzance-Constantinople est devenue l'Istanbul de l'Empire ottoman et bientôt sa capitale, remplaçant Edirne (Andrinople) en Thrace, - selon la mythologie grecque, le dieu Dionysos et le héros Orphée sont originaires de cette région. On sait également que, selon l'histoire universelle, le Moyen Âge s'étend depuis la chute de l'Empire romain d'Occident, en 395, jusqu'à la prise de Constantinople par Mehmed II, en 1453. Rappelons au passage qu'en 1492, Istanbul accueillit de nombreux juifs persécutés par l'inquisition espagnole et chassés d'Espagne par Isabelle la Catholique et que de nombreuses synagogues sont encore protégées de nos jours en Turquie.
De fait, Steven Runciman (1903-2000), qui avait enseigné à Cambridge, était un spécialiste de l'histoire de l'Empire byzantin et des croisades. Il fut un grand voyageur, notamment pour voir et comprendre ce qu'il étudie. Il avait publié de nombreux ouvrages de référence sur le monde méditerranéen, dont Le Grand Schisme d'Orient et Histoire des croisades. On lui reconnaît de grandes qualités qu'il avait d'ailleurs lui-même révélées, écrivant: «Je crois sincèrement que le devoir suprême de l'historien est d'écrire l'histoire, c'est-à-dire d'essayer de retracer dans un vaste mouvement les grands événements qui ont modelé l'histoire de l'humanité.» Dans son présent ouvrage, on constate aisément qu'il s'attache davantage à montrer combien faire le récit de «la chute de Constantinople en 1453» pourrait être plus avantageux que la simple et étroite analyse traditionnelle du fait historique. Son préfacier, Laurent Motte, se fondant sur l'ouvrage et rejoignant l'auteur dans son point de vue, attire l'attention du lecteur sur les vrais problèmes qui ont, en quelque sorte, présidé à la chute de Constantinople; il y voit une série de causes qu'il classe sous le titre général: les préjugés anciens et les appréciations sur le monde byzantin et sur la déliquescence de l'Empire romain d'Orient.
Sans doute, il y a du vrai dans ces remarques, et autant que Steven Runciman les avait notées une à une, étudiées et analysées. Mais est-ce cela seulement? Il est facile de faire l'inventaire des «reculs» de la civilisation occidentale - et, à l'évidence, chrétienne - pour expliquer l'affaiblissement de la puissance byzantine puis romaine. Une autre observation montre combien cet affaiblissement - et plutôt ce recul de la civilisation chrétienne en ce lieu du fier Occident - est causé par «le monarchisme», le politique, le social et spécialement «le spirituel». À ce sujet, Voltaire ne met pas sa plume dans sa poche ni sa colère dans son dos; il écrit: «Pourquoi donc le monarchisme a-t-il prévalu? parce que le gouvernement fut presque partout détestable et absurde depuis Constantin [...].» Et se laissant entraîner par son bon penchant habituel, Voltaire poursuit: «On demanda si c'était le luxe qui avait détruit l'Empire romain, et il fut prouvé que les deux empires d'Occident et d'Orient n'avaient été détruits que par la controverse et par les moines. En effet, quand Alaric [Alaric Ier, roi des Wisigoths (396-410), qui ravagea l'Orient] prit Rome, on n'était occupé que de disputes théologiques; et quand Mahomet II prit Constantinople, les moines défendaient beaucoup plus l'éternité de la lumière du Thabor, qu'ils voyaient à leur nombril, qu'ils ne défendaient la ville contre les Turcs.»
Que devrions-nous comprendre si, comme essaie de le montrer Steven Runciman, la chute de Constantinople était déjà un fruit mûr à la portée des Turcs qui ne cessaient d'avancer dans les territoires de l'Empire romain d'Orient? Le cri turc «La Ville est prise» deviendrait inutile, dérisoire, voire un cri de débile! Le choc, «le choc des civilisations» dont hélas! beaucoup parlent aujourd'hui est déjà là annoncé. Ses affres sont dans l'opinion carrée, fermée aux autres. Que n'a-t-on entendu de propos aussi exécrables que ceux-ci: «La chute de Constantinople n'est que la préfiguration de l'islamisation totale de l'Europe qui est en marche.» Pour ceux-là, l'horreur du choc est préférée à la sagesse du dialogue.
Quoi qu'il en soit, les chapitres de La Chute de Constantinople traitent avec une égale vision de l'historien, par exemple «Un empire à l'agonie», «La montée du sultanat», «Le prix de l'aide occidentale», «Les préparatifs du siège», «Les derniers jours de Byzance», «La chute de Constantinople», «Le sort des vaincus», «L'Europe et le conquérant», «Les survivants»... La dernière image se veut sublime ainsi que dans les belles fresques du cinémascope hollywoodien d'antan et qu'il serait trop long de reproduire ici.
Que chacun trouve son bien dans cet ouvrage où abondent des références et surtout des notes très instructives placées à la fin de l'ouvrage, plus des annexes et un index très utiles, où fourmillent des détails qui incitent à la réflexion, et où l'intelligence et la perspicacité de l'auteur sont indéniables: finalement, si on a l'esprit libre, rien ne fâche dans cette lecture profonde d'un texte clair, politiquement correct par le temps qui court.
(*) La chute de Constantinople
par Steven Runciman
Editions Taillandier, Paris, 2007, 350 pages.


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