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Un réveil, enfin, de l'Algérie?
UNE DEFAITE EN FOOTBALL
Publié dans L'Expression le 30 - 01 - 2010

L'Algérie a perdu son match, dit-on, d'une façon humiliante. Les laudateurs des jours précédents sont devenus les inquisiteurs des temps présents. Il faut des têtes! C'est d'abord l'entraîneur, ensuite les joueurs qui s'énervent et naturellement, c'est aussi l'arbitre et les médias égyptiens. C'est en fait un peu tout cela! Il est vrai que le match n'a pas été serein, et la victoire de l'équipe égyptienne est due aussi à l'exclusion des joueurs algériens. A vaincre sans honneur, dit-on, on triomphe sans gloire... Le fait est là, l'équipe d'Egypte a battu l'Algérie mais ce n'est qu'un match! La vraie défaite de l'Algérie est ailleurs. Elle est dans ces millions de jeunes laissés sur le bord de la route, elle est dans ces dizaines de milliers de diplômés chômeurs.
Cependant, ce qui restera de ce match, c'est une nouvelle donne: l'amour de la patrie, le culte du drapeau et sa symbolique sont une réalité que l'on croyait à jamais perdue. Le 18 novembre est, de mon point de vue, un nouveau 1er-Novembre, dont il faudra bien un jour que les sociologues analysent en profondeur ce tsunami de l'inconscient collectif algérien qui fait que d'une façon irrationnelle, nous nous sommes sentis heureux, le temps d'un match. Non seulement les jeunes se sont investis, mais nous-mêmes les adultes nous nous sommes sentis concernés par cette joie irrationnelle et démesurée et cet espoir chevillé au corps que l'Algérie était redevenue une, indivisible et qu'elle partait à la conquête du monde comme un seul homme, re-mobilisée comme après l'Indépendance.
J'ai été triste non pas de voir que l'équipe algérienne a perdu le match, j'ai été triste pour nos jeunes qui pensent que le ciel leur est tombé sur la tête et d'une façon tout à fait irrationnelle, ils pensent que la vie s'est arrêtée! J'ai été triste en voyant comment le pouvoir égyptien va instrumentaliser cette victoire pour perpétuer la république dynastique par Gamel interposé. Le petit peuple égyptien a droit lui aussi à un petit moment de bonheur, aussi fugace soit-il. Je suis par contre, très sévère avec tous les laudateurs du régime, ces hommes des médias, ces vedettes du show-biz qui, en principe, sont moins vulnérables donc capables de faire la part des choses en n'acceptant pas sur ordre du Raïs de mettre de l'huile sur le feu et de venir ensuite l'éteindre sur ordre. Edward Saïd, et avant lui, Julien Benda et plus tard, Antonio Gramsci, ont parlé de la «trahison» de ces intellectuels organiques qui ont manqué de retenue. Souvenons-nous que «La corruption des princes vient de la corruption des savants».
La question que nous devons nous poser est la suivante: qu'attendons-nous pour faire un état des lieux du pays d'une façon pluridimensionnelle, pour savoir si nous sommes sur le bon chemin qui permettra à l'Algérie de sortir de l'ornière ou pour être plus terroir, de la «gherqa», la gadoue dans laquelle nous sommes plongés?
Cette gadoue se décline de différentes façons: c'est d'abord un système éducatif, évanescent avec des méthodes archaïques et une rentabilité qualitative faible qui est devenue, au fil des ans, un véritable repoussoir, à telle enseigne que les parents développent des stratégies parallèles d'évitement. Quand l'enfant appartient à une famille de cadres moyens ayant fait ou subi, c'est selon, des études universitaires, généralement les enfants sont envoyés dans le privé ou boostés avec des enseignements parallèles, la stratégie est de les amener à un diplôme universitaire qui leur permette de partir...vers des cieux plus cléments. Les autres parents ne misent plus sur l'école, ils font des mains et des pieds, si je puis dire, pour que leurs enfants soient inscrits dans des écoles de football où les places sont devenues chères et on voit de plus en plus des parents accompagner leurs enfants pas plus haut que trois pommes, et assister d'une façon assidue à leur entraînement. L'entraîneur est devenu le maître. Cela n'a rien d'étonnant quand on apprend que nos joueurs auraient reçu en prime plusieurs milliards de centimes! Des chiffres à donner le tournis! Des primes par joueur et en une fois, équivalentes au salaire d'un universitaire pendant deux cents ans. A moins d'être des High Lander, ils doivent se réincarner 6 fois pour atteindre ce qu'un joueur a reçu en un match. Dans ces conditions, allez parler aux étudiants de la nécessité de travailler dur pour avoir un diplôme qui fait de vous en définitive, un chômeur diplômé. L'Ecole ne fait plus rêver, il y a bien longtemps que son ascenseur social est en panne! L'Université tue à petit feu le feu sacré de ces jeunes pétillants que la société éteint inexorablement. Notre société existe-t-elle? Tout au plus nous pourrions parler d'individus développant des stratégies spécifiques et se retrouvant le temps d'un match avec une ferveur que l'on avait oubliée depuis longtemps. La question qui se pose est encore une fois: «Quand est-ce que le peuple algérien pourra et devra réhabiliter l'effort, le travail bien fait, la sueur, en un mot, le mérite pour donner la mesure de son savoir, son savoir-faire et aussi son savoir-être? Quand est-ce que nous allons substituer aux légitimités douteuses celles du savoir et de la connaissance?»
Depuis quelque temps nous sommes devenus une cible, parce que nous voulons garder notre dignité et nous le payons cher! Avons-nous les moyens, avec un peuple démobilisé, de nous battre intelligemment pour nous imposer non pas en matamore mais en peuple qui aspire à la dignité dans un monde où règne la loi de la jungle?
Si le peuple s'investit, si la jeunesse est considérée autrement qu'en la «caressant dans le sens du poil» par des paradis artificiels tels que le foot, les feuilletons à l'égyptienne, bref tous les prozac qui nous enfoncent dans l'anomie, alors on ne nous manquera pas à notre dignité parce que tous ensemble, nous aurons décidé de rendre coup sur coup.
Une ère de ressourcement avec, au préalable, une introspection, un état des lieux sans complaisance où tout responsable devra rendre des comptes. Nous réduirons alors la «comédie humaine» symbolisée par tous les satrapes, notamment les édiles, qui auront usé et abusé de l'aura de nos martyrs et dont la valeur ajoutée est inversement proportionnelle à leur capacité de nuisance, et par les partis politiques qui instrumentalisent l'imaginaire de leurs rares militants donnant l'illusion d'un fonctionnement démocratique, mais qui, sur les vrais dossiers, sont absents.
Si toutes ces propositions qui ne sont pas exhaustives étaient prises en charge, alors l'Algérie aurait son mot à dire à tout le moins dans la sphère méditerranéenne, africaine et du Moyen-Orient. On l'aura compris, il n'y aura pas de légitimité pharaonique bâtie sur du vent pour nous barrer la route. Plus jamais, alors on n'obligera les Algériens (nes) à être scannérisés par des voyeurs dans les aéroports français et américains. L'Algérie redeviendra ce qu'elle était, un petit peuple fier, uni, bien dans ses cultures, qui s'imposera par le génie créateur de ses jeunes qui, pour le moment, sont en panne d'espérance et à qui il faut dire que la vie continue, les vrais combats pour la dignité nous attendent.


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