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Malika, Hassina, linda et les autres...
8 MARS: CES FEMMES QUI FONT LE BONHEUR DE L'ALGERIE
Publié dans L'Expression le 08 - 03 - 2010

Hommes et femmes témoignent et réagissent et ce n'est pas très reluisant, hélas!
Que ce soit dans un salon de coiffure, au marché, dans la rue ou lors d'un vernissage mondain, l'avis des femmes à la question de savoir: «Que pensez-vous du statut et de la situation de la femme en Algérie?», se trouve souvent partagé entre une colère refoulée, ou un discours passionné qui en dit long sur leur marasme. Parfois, certaines préfèrent se murer dans le silence, ne sachant quoi répondre, ou parce qu'elles ont peur de choquer tant leur peine est grande. Des avis divergents complexes, mais toutes s'accordent sur une chose: beaucoup reste à faire. On ne prétend pas ici présenter un panel exhaustif sur ce que pense la femme de son statut en Algérie, mais du moins éclairer le lecteur sur ce que pense cet être qui constitue plus de la moitié de la population.
Liberté de la femme: réalité ou utopie?
Conscientes de leurs acquis depuis l'indépendance, certaines se réjouissent de cette évolution qui fait que les femmes occupent de nouveaux postes, que ce soit dans le domaine de la santé ou de l'éducation, mais d'autres se cantonnent dans une sorte de passivité béate qui fait d'elles des éternelles victimes. Sans jeter la pierre sur qui que soit, les femmes aujourd'hui, reviennent de loin car le chemin vers la véritable liberté reste encore semé d'embûches. La liberté de la femme: réalité ou utopie alors? Nous sommes parties à la rencontre des nos femmes algériennes, de tout âge et catégories sociales confondues.
Pour Mme S.Malika, la cinquantaine, directrice d'une école de formation professionnelle spécialisée en esthétique, coiffure et décoration florale, Eve école, célébrer la femme en un seule journée ne suffit pas. Et de faire remarquer: «Le 8 Mars représente pour moi une journée pas comme les autres. Et comme les autres en même temps. Accorder une seule journée pour la femme n'est pas suffisant. La femme a été de tout temps aux côtés de l'homme, des enfants. Elle travaille tout le temps. Elle est présente en permanence, jour et nuit. Le 8 Mars nous permet de voir ce qui se passe au niveau national et de constater le travail effectué par la femme algérienne. Sur ce plan, je suis satisfaite. Il y a de plus en plus de persévérance et d'amélioration à ce niveau. Nous avons beaucoup de femmes intellectuelles qui sauront représenter dignement l'avenir de l'Algérie. Nous avons aussi des citoyens qui préservent leurs coutumes ancestrales tout en se tournant vers l'avenir.» Hassina Menouar est surveillante médicale à la polyclinique des Anassers, Kouba. Nous l'avons rencontrée à la Safex, à l'occasion de la tenue du Salon Eve 2010. En plus de son métier, elle a choisi la décoration florale comme hobby pour se distraire et décompresser un peu. L'image qu'elle donne de la situation de la femme en Algérie est des plus catastrophiques, ce qui en dit long sur le retard enregistré et affiché en matière législative envers les femmes: «La réalité est tout autre. La femme est souvent brimée. Il n'y a qu'à voir les femmes jetées dehors avec leur enfants dans les rues. Celle qui n'a pas de métier ou une bonne ressource financière est perdue. Avec la conjoncture actuelle et la cherté de la vie, une femme divorcée ne peut vivre dignement. Le divorce est devenu monnaie courante à notre époque. On se marie et on répudie sa femme deux ou trois mois après. Des hommes qui, dès qu'ils acquièrent une certaine aisance financière, prennent une seconde épouse et rejettent la première. C'est la femme comme d'habitude qui paie les frais. Le garçon, lui, peut se remarier et refaire sa vie. Ce sera difficile pour la femme de refaire sa vie avec cinq ou six gosses à charge. Ne parlons pas de la Nafaka qui ne suffit plus à nourrir une famille. C'est toujours la femme qui est pointée du doigt, qui a tort. On la somme de subir et de se taire.» Evoquer la femme donne souvent des réactions imprévisibles. Les femmes sont hésitantes, ou affichent un sourire désarmant comme pour tromper l'ennemi. La plupart affirment ne pas jouir de leurs droits mais quand on veut en savoir plus sur ces droits, elle affirme: «Dans tous les sens du terme!». C'est le cas de cette coiffeuse de 36 ans qui s'émeut dès qu'on aborde le sujet. Idem pour cette jeune étudiante en droit, mannequin à ses heures perdues, qui se contente de souligner: «La situation de la femme en Algérie est très complexe.» Une situation complexe qu'a su rendre un peu plus intelligible, Linda B. journaliste sportive en affirmant que le statut de la femme en Algérie est confus, partagé entre une émancipation et une tentative de rabaissement. «Je pense que les hommes ne sont pas encore prêts à voir une femme dans un poste supérieur et vivent très mal la réussite du sexe opposé, mais il faut avouer que les femmes sont de plus en plus promues à des postes importants, mais dans la vie de tous les jours, le statut de la femme est à revoir et à corriger. Celle-ci est sans cesse persécutée et agressée, il faut y remédier.»
Un sujet donc tabou qui fait remuer le couteau dans la plaie à beaucoup de femmes acculées à une certaine résignation ou à un état de victimisation refoulée. Et tentative d'émancipation malgré tout.
L'Algérie, un monde à part?
Pas si sûr. Un paradoxe quand on sait que des femmes ont acquis une certaine liberté de mouvement et de place dans le travail. Mais ceci reste encore insuffisant comme en témoigne cette jeune femme, chef d'entreprise de son état, qui souligne le rude combat qu'elle a dû mener pour s'imposer aux côtés des autres chefs d'entreprise, hommes. Elle confie: «J'ai créé un cabinet d'affaires qui s'occupe de tout ce qui est relatif à la création d'entreprises en Algérie et l'événement professionnel. Je pense que valoriser la femme en l'espace d'une journée n'est justement pas valorisant. Toutefois, cela permet, paradoxalement, à la femme de faire une pause et de se chouchouter si elle peut, au moins une fois par an. Au fil des années, on remarque une certaine évolution quant à la considération de la femme. Il y a une batterie de lois qui commencent à faire bouger les choses.» Et de renchérir: «Cependant, en tant que femme chef d'entreprise, j'ai toujours des difficultés à m'imposer au milieu des hommes chefs d'entreprise. On me demande souvent: où est votre directeur? C'est toujours la phrase qui revient. J'ai mis beaucoup de temps pour pouvoir m'imposer sur le marché économique. Il y a quand même une amélioration et une certaine évolution au niveau des mentalités. Je suis très optimiste pour la suite.»
Femmes au stade, émancipation dites-vous?
D'aucuns auront constaté, ces derniers mois, un certain vent de changement quant à l'engouement des femmes vis-à-vis du foot. Cela s'est traduit principalement par la participation des femmes avec les hommes dans l'acclamation des Verts lors de leur victoire contre l'Egypte au mois de novembre dernier. Autre exploit en date, les femmes ont occupé, jeudi dernier, les gradins du stade du 5-Juillet pour aller acclamer leur Equipe nationale. Cela n'a pas été hélas, sans conséquences dramatiques, puisque des dépassements et autres agressions verbales et physiques ont «parachevé», ce jour-là ce match, placé, lui, sous le signe de l'amitié. Si pour beaucoup, cette vision des femmes au stade n'a fait que l'embellir en rompant avec certaines «constantes» abruties et conservatrices, d'autres esprits revêches ne voient pas encore d'un bon oeil l'occupation du stade par les femmes. Comme en témoigne ce groupe lancé sur le site Facebook au titre évocateur et sans appel: «Contre les femmes qui vont au stade!»
Les commentaires des internautes ne se sont pas fait attendre. Hommes et femmes ont derechef, réagi. Pour cette jeune fille, N.B. appelons-là ainsi: «Je doute fort que cette initiative augure une quelconque émancipation pour la gent féminine, je m'avancerai plus à dire qu'elle ne fera qu'intensifier la hargne que portent nos hommes à la femme algérienne». Et de faire remarquer: «J'ai été choquée de lire les insultes et les propos dégradants et misogynes de certaines personnes envers ces filles qui sont parties au stade.» Pour Mimi B.: «Ce qui m'a plu le plus en regardant le match à la télé, c'était justement de voir des femmes dans les gradins du 5-Juillet. Il y a encore énormément de choses à faire pour que la situation de la femme dans notre société s'améliore, mais c'est quand même quelque chose d'avoir vu ça et surtout pour celles qui y étaient, d'avoir fait ça!» Kaïs est un jeune garçon passionné de foot. Il donne un avis assez réfléchi sur la question. «Ce n'est pas le foot qui se féminise, c'est plutôt, à l'instar des banlieues de France, ce sont les filles qui deviennent plus garçons manqués pour s'en sortir au sein d'une société faite par et pour les mecs.» Et d'expliquer: «Dans cette société, une femme qui se comporte en mec (comme dans la banlieue encore) s'en sort, par contre, une femme féminine est piétinée. La révolution est encore moins à accaparer les tribunes des stades que de s'approprier un banc dans un parc tout simplement. Dans un pays ensoleillé, une femme (même seule en train de lire) sur un banc est un "beug" dans la matrice de l'arabo-baathisme diffus...Dans une société qui respecterait vraiment les femmes, il n'y aurait pas besoin pour une femme de mettre une casquette ou d'arborer le drapeau du pays, encore moins de porter le voile islamique pour être respectée.» Pour Nadia B. jeune étudiante, son avis est plutôt pessimiste: «Je ne crois pas une seule seconde qu'un match de foot puisse changer les choses. Cela a pu se faire parce que tout a été organisé... tribunes réservées aux femmes et aux familles (dans notre pays, l'un ne va pas sans l'autre). L'idéal aurait été que les choses se fassent spontanément, sans escorte, mais on est bien loin! Je me pose la question: comment les hommes auraient réagi si cela n'avait pas été organisé? Les Algériennes et les Algériens ne sont pas encore prêts à voir des femmes dans un stade de foot ou à assister à un autre événement sportif! Le changement viendra par l'école, l'éducation et la décontamination religieuse.»
Pour Malik M., il reste encore de l'espoir: «Il ne faut pas que ça reste un épisode. Il faut en faire beaucoup d'autres jusqu'à ce qu'on l'intègre petit à petit. Encore une fois, sans le match, personne n'aurait pu s'imaginer un truc comme ça, même sans escorte. En tout cas, je salue ces femmes qui sont allées au stade parce qu'à leur place je n'aurais pas eu le courage de le faire.»
Et cette phrase sensée résume le tout:
«Le pire est que la discussion vire autour de la religion (yadjouz et la yadjouz) comme si l'Islam avait autorisé un jour les hommes à aller au stade pour dire des insanités tout en l'interdisant aux femmes...D'un point de vue religieux, un lieu de blasphèmes et de paroles viles serait interdit à tous...» et au réalisateur Yaniss K. de dire cette implacable vérité: «C'est grave, très grave! Surtout que les personnes qui ont créé ce groupe n'ont pas la gueule de l'emploi! Et en plus, il y a des filles qui les soutiennent. Je crois rêver! Ça me rappelle quand j'étais à la fac de droit, module "droit de la famille".
Le professeur disait textuellement que les femmes étaient inférieures aux hommes. Il y avait au moins 20 étudiantes dans mon groupe, mais aucune ne s'est insurgée! Elles semblaient de l'avis du prof.»
Certaines se plaignent de se faire insulter chaque jour que Dieu fait dans la rue, d'autres soutiennent que la femme est et restera mineure à vie. Pessimisme ou réalisme? Question de religion ou d'éducation? Ce qui est sûr, par contre, est que l'intégrisme, tapi sournoisement dans la société, n'a pas complètement disparu et c'est la femme qui continue à en faire les frais...Jusqu'à quand?


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