Chaâbet Lakhira, ou «la colline de l'au-delà» si on traduit intégralement la dénomination. Ce village d'une autre époque est situé à Djebahia une commune relevant de la daïra de Kadiria à une trentaine de kilomètres au nord du chef-lieu de la wilaya de Bouira. Le hameau mérite son nom. Les conditions minimales pour une vie décente sont absentes. Les habitations vétustes sont construites avec des matériaux de fortune. Des murs en parpaing et des clôtures en tôle font office de maisons. Les parterres sont en terre battue. Les sanitaires collectifs se déversent en plein air et les eaux usées ruissellent entre les taudis. Devant les maisons, des fûts remplis d'eau. «Des propriétaires de tracteurs nous vendent cette eau provenant des puits des alentours.» En plus de l'inexistence des mesures élémentaires d'hygiène, cette eau stagne et est sujette aux aléas de la nature. Les rats, les serpents et toutes sortes d'insectes guettent les enfants de ce quartier qui n'ont aucun espace pour jouer. Le taux de mortalité chez les nouveau-nés est élevé. La raison est toute désignée: «Ce sont les conditions de vie qui sont à l'origine de beaucoup de maladies.» Malgré cette situation, les habitants gardent l'espoir. «Depuis que Bouira a été élevée au rang de wilaya en 1974, l'actuel wali est le seul haut responsable à s'y rendre à deux reprises», précise-t-on. En effet, M.Bouguerra a, à maintes occasions, interpellé ses collaborateurs pour éradiquer «ce lieu qui n'honore personne». Le site ainsi que la cité coloniale d'El Mokrani, relevant de la daïra de Souk El Khemis sont retenus comme une priorité. Signalons aussi qu'une partie des habitants de ce quartier a fait l'objet d'un recasement. L'autre partie ne saurait tarder à connaître le même avenir selon les responsables. Le secteur de l'habitat et de l'urbanisme qui a bénéficié de 77.217 millions de dinars dans le cadre du plan quinquennal 2010-2014 sur un montant global de wilaya de 188 milliards de dinars, a la possibilité d'éradiquer l'ensemble des points noirs de la wilaya. «Chaâbet Lakhira» reste une priorité absolue.
