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La crise mondiale est totale
LE RECUL DU DROIT
Publié dans L'Expression le 22 - 07 - 2010

Les grandes puissances imposent leur point de vue sans tenir compte des autres, les régimes despotiques de même, les groupes dominants qui monopolisent les pouvoirs, refusent le partage et l'alternance.
Toutes les sociétés, par-delà leur hétérogénéité, sont confrontées à la crise profonde et multiforme des valeurs, du comportement et de l'éducation. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère de l'angoisse et des incertitudes. Violence, corruption et aggravation des pratiques injustes des deux poids, deux mesures sont les reflets de la crise déshumanisante. La question est d'abord politique. Actuellement, il n'y a pas de projet de société clair et convaincant, ni de modèle satisfaisant. Pourtant, il n'y a pas d'alternative au savoir objectif et moderne et à l'idée d'une humanité qui allie authenticité et progrès. Le savoir scientifique et la pensée sage pour y parvenir sont la voie. Ce n'est pas la solution parfaite, garantie d'avance, mais le chemin de la démocratisation, de la société de la connaissance et du débat est incontournable. La compétence scientifique et intellectuelle et l'engagement ne garantissent pas le bonheur, mais ils sont irremplaçables pour évaluer, analyser et contribuer à mobiliser et décider, en somme sortir des archaïsmes; des illusions et du sous-développement.
Le droit, l'éthique, les fins sont à réinventer
Le problème aujourd'hui se complique, du fait que le droit qui était à la base des sociétés civilisées est en recul au profit d'intérêts économiques et financiers. Il est réduit à des techniques, alors que ce que demandent les peuples c'est du droit avant tout, dans la transparence afin de faire reculer les injustices et les iniquités. C'est à une réflexion sur les fondements juridiques de l'humanité, la manière civilisée de faire société et de reconstruire les relations internationales et sociales que devraient s'atteler les sociétés et leurs élites. Des chercheurs modernes tentent ce travail de critique de l'homo economicus soumis à la seule course au profit, dominante aujourd'hui.
Il est urgent de critiquer la jungle, à la fois, celle des dogmes des traditions fermées qui oppriment et ne mettent pas l'accent sur le respect du droit à la différence et celle des dogmes occidentaux marchands à outrance, qui se mondialisent, paupérisent et dénaturent. Les USA, aussi puissants soient-ils, ne sont pas en mesure de faire respecter un ordre mondial et d'imposer les indispensables régulations globales. Au contraire, il préserve un statut où aucun enseignement n'est tiré. On constate les signes de la persistance d'une vision du monde consumériste, économie ultra-spéculative, aveugle à l'humain et au droit des peuples, fléau destructeur des équilibres sociaux, facteur de misère sociale et de souffrance humaine. Il faut informer les citoyens du monde, à commencer par les Américains, dialoguer avec eux, pour travailler sur des modèles d'organisation alternatifs et montrer que les musulmans peuvent être des partenaires décisifs et non des obstacles. L'indispensable réforme des Nations unies se heurte aux égoïsmes de la scène internationale. L'incapacité à prendre en compte l'aspect systémique des problèmes et à faire évoluer le Conseil de sécurité, est lourdement pénalisante.
Notre monde est en panne de droit raisonnable, reconnu et accepté par tous. La loi des plus forts ou des ignorants domine. Il ne s'agit pas de revenir au juridisme, qui est un excès, d'où que certains, en Orient comme en Occident, ne conçoivent la politique, la religion ou la culture qu'en termes de règles coercitives à appliquer sans en saisir l'esprit et les conditions du contexte. C'est cela aussi l'intégrisme. La société lie les hommes entre eux par la parole donnée et le respect de la loi au-dessus de tous. Pour garantir le vivre-ensemble, les accords, les règles et les promesses, le droit est indispensable. Le Coran recommande de tout mettre par écrit et de respecter la volonté de chacun. C'est la base de la civilisation que les courants de la régression contredisent. Le droit garantit à l'humain la sociabilité.
Résultat d'un système de croyances et de nécessité, acquises suite aux réflexions, conflits et litiges multiples, le droit, dans la perception abrahamique en particulier, reconnaît en effet en autrui une personne de valeur semblable et universelle.
Le concept de personne juridique participe du schème abrahamique d'inviolabilité de la dignité humaine. En religion comme en philosophie, le droit est fondamental: il pose la logique de l'équilibre des droits et des devoirs humains. Le respect d'autrui et de la chose publique devrait être fondamental.
Le rationalisme et l'individualisme liés à la marginalisation des croyances religieuses à l'époque moderne, reposent la question des systèmes de représentation de l'humain et de la vie commune: «Qu'est-ce que l'humain et la société?» restent des questions ouvertes. La religion donne un éclairage, et les doctrines humaines doivent proposer leurs lectures. Le progrès scientifique et technique influe sur les conceptions contemporaines à ce sujet. Science sans conscience, comme disait Rabelais, ruine l'âme humaine. Le droit, l'éthique, les fins sont à réinventer.
Refuser de régir la vie sociale et internationale par le droit négocié voue l'avenir à des impasses. Les grandes puissances imposent leur point de vue sans tenir compte des autres, les régimes despotiques de même, les groupes dominants, qui monopolisent les pouvoirs, refusent le partage et l'alternance. La mondialisation rend complexes les possibilités de ripostes, mais les opportunités de s'organiser pour résister aux injustices et iniquités existent. Les sociétés civiles ne sont pas dupes et aspirent au partage et à la coexistence. La fonction du droit et l'anthropologie juridique sont au coeur de l'actualité qui met aux prises le droit et la violence injuste et illégale, le droit et sa réduction à une simple technique comme instrument de domination. Le droit appartient à la civilisation et au domaine de la légitimité et de la légalité.
Des théoriciens du droit reconnaissent qu'il y a danger du discours relativiste selon lequel le droit ne serait qu'une technique. Le libéralisme sauvage présente l'humain dans l'univers indifférencié où la personne est définie comme simple objet et nie le droit des peuples. De ce fait, le sionisme par exemple, qui agit dans l'impunité totale, le non-droit, exploitant à outrance l'histoire de l'Holocauste, a produit des zones de non -droit, Ghaza et Cisjordanie, et réduit le Palestinien à des infrahumains. L'Occident complice à ce sujet parle de simple allégement au blocus et ne se rend pas compte que dans cette logique arrogante et fascisante toute la planète sera de plus en plus réduite à une zone de non-droit, où seuls des intérêts étroits, des régimes rapaces et des groupes prédateurs influent sur la marche du temps. Les discours de puissants sur la paix et la tolérance sont des leurres. Jamais, comme disait Derrida, le monde n'a été aussi inégalitaire. Tout en comprenant que les attentats du 11 septembre et des comportements irrationnels manipulés, amplifiés et exploités, de ceux qui usurpent le nom de l'Islam, ont produit un choc au sein de l'opinion occidentale, on constate que la guerre contre le terrorisme prend des allures de guerre contre les musulmans. Le système politique américain n'est pas monolithique, mais ses composantes néoconservatrices et droite chrétienne sont islamophobes. Une seule version de l'humain veut s'imposer.Les nouvelles colonisations sont celles du sens unique, de la volonté d'hégémonie, du culte du veau d'or, des chiffres: production, consommation, jouissance à tout prix, caractères génétiques, racisme, sans que le droit et l'éthique puissent intervenir comme valeurs garantes de la dignité humaine et du pluralisme. Il en va ainsi de la déréglementation du commerce, liée à la dictature du Marché et aux technologies de l'information et de la communication entre les mains de firmes monopolistiques. Des critiques avertis savent que des pouvoirs politiques chargés de la souveraineté étatique et du bien commun, cèdent, au nom de logiques économiques et d'intérêts étroits, à une privatisation des institutions, brisent les liens sociaux et produisent de la violence sociale. Le cynisme de ceux qui instrumentalisent le droit, l'économie et la religion ne peut perdurer. Rien ne tient. L'invention d'un nouvel ennemi, l'exploitation de la peur à des fins politiciennes et le retour de la politique de la canonnière auront le plus marqué ce début du XXIe siècle, alors que chacun escomptait un nouvel ordre international moins injuste. Tout est prêt à s'abîmer dans la contradiction et l'échec.
Des scientifiques parlent des traumatismes de l'être humain en souffrance d'une «vérité» qui lui est imposée. Pour les psychologues et psychanalystes, cela produit de la castration, dont Lacan a montré qu'elle était le nom de l'impossibilité à s'humaniser et à pouvoir tout dire et tenter de changer le monde. Malgré leurs promesses, les discours politiques du monde dominant et arabe se révèlent, chacun à sa manière, trompeurs. Les éléments d'un affrontement au sein du monde musulman entre occidentalisés et obscurantistes retardent le processus de changement vers une société ouverte sur le monde, fière de ses racines.
Ni opprimés, ni oppresseurs
Il est urgent de revenir à la compétence intègre, tout en tenant compte de valeurs propres. Sur le plan international, malgré les «bonnes paroles» du président Obama, la loi du plus fort est en train de mener au désastre. Sur le plan interne aux pays arabes, malgré des acquis et potentialités, la fuite en avant, la démagogie et la faiblesse en matière de bonne gouvernance ont atteint leurs limites. Avec des conséquences: violence aveugle, dérives, extrémismes, précarité, fuite des cerveaux, ce qui aboutit à une recolonisation sous d'autres formes et à des schizophrénies. Pourtant, la civilisation arabo-berbère a été lumineuse durant près de mille ans et des luttes de libération comme celle du 1er Novembre furent des épopées. Sans nostalgie, on peut participer à un monde moins inhumain et contribuer à la recherche d'une civilisation universelle juste qui manque.
A défaut de résoudre tous les problèmes, ici et maintenant de manière concrète, de répondre au malaise dans la civilisation, l'intellectuel, le cadre, le citoyen, notamment les jeunes, ne doivent pas s'abandonner à la lassitude, mais être attentifs à quelques pensées dignes et patriotes, de partout dans le monde, qui, loin de démissionner face aux défis de l'homme égaré dans un amas de mensonges, ouvrent une voie pour trouver l'inspiration en vue d'assumer les devoirs et exiger les droits. Inverser le cours des choses exige de la réflexion et de l'action. La gravité de la crise qui affecte tous les aspects de la vie, exige une nouvelle alliance entre les peuples pour jeter les bases d'un contrat civilisationnel. Ni opprimés, ni oppresseurs, telle devrait être la devise de notre temps.
(*) Philosophe
www.mustapha-cherif.net


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