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Aït Menguellet au summum de l'esthétique
À PROPOS DE SON DERNIER ALBUM
Publié dans L'Expression le 08 - 08 - 2010

Lorsque le mental est préoccupé par les tragédies subies par la société, pourrait-il y avoir versification?
Tous les poètes ressentent une terrible angoisse lorsqu'ils sont attablés pour écrire, composer des poèmes. C'est la même angoisse que ressentent les écrivains devant une feuille blanche, un stylo à la main au moment de violer l'intime blancheur de la feuille sur laquelle se répandra la semence du stylo.
Lorsque le mental est préoccupé par les tragédies subies par la société, pourrait-il y avoir versification? Lorsque le poète est lui-même touché dans sa propre chair, arrivera-t-il à surmonter la pente? Assurément oui, mais après une longue période durant laquelle le cerveau entre en ballottage, tant il est préoccupé et stressé. Dans cette situation, la plume ne met en gestation la feuille que lorsqu'elle est mue par l'âme du poète.
Lorsque le poète arrive à synchroniser le physique et le mental, l'angoisse se dissipe, il fait preuve de sérénité et d'élégance lors de l'écriture qui donne vie à une oeuvre qui dépasse parfois l'auteur lui-même.
Durant la phase de stress, il assure la maintenance d'une façade qui n'apeure pas les proches et ceux qu'il est censé réconforter et se donne une raison de continuer à vivre en attendant de dépasser le creux de la vague.
Voilà ce qu'est le premier poème du dernier album de Lounis Aït Menguellet qui s'intitule Tawriqt tacebhant / La feuille blanche). Une pièce qui manque (Tahjurt ixussen) comme il le dit dans ce poème, c'est ce qui l'attriste et qui l'a angoissé à juste titre tout comme «Iwaar ma-yehlak meskin yiwen seg-doudan ufus / C'est pénible d'avoir un doigt malade dans une main». La main étant un ensemble, elle peut être aussi symbole de l'union familiale.
Dans un album antérieur, il écrivait:
Awirum a widsan kif kif
Rire ou pleurer c'est la même chose
Tikwal ma-izad uãilif
Dans les moments de grande peine
Lahlak icud ãer hellu
Le Malheur est suivi du Bonheur
Lorsqu'il manque une pièce sur l'échiquier familial, il est difficile de vivre comme avant. Un enfant étant le symbole de l'avenir, il est très pénible de parler de lui au passé.
Tout au long des strophes du poème, il répétait Tawarqet tacebhant tesbek/ La feuille blanche a givré) et ce n'est qu'après avoir compris l'origine du passage à vide (Laaqel issaweq) qu'il a changé le leitmotiv par Tawarqet tacebhant tulitt tebrak / La feuille blanche a été noircie. La thérapie a été ainsi effectuée et il a entre-temps «accouché» d'une oeuvre.
C'est avec cette philosophie qu'il transcende les situations difficiles et qui donne une raison de vivre pour ceux qui nous sont chers, mais aussi qui insuffle la force de continuer à affronter la vie.
La construction du poème Amennuã/ Le combat ressemble à celle de «Innad umãar/Le sage a dit». Le premier démarre par l'origine de la création (Tafejrit tamezwarut / La première aurore et le second par les hauteurs du cosmos (Sseqf igenni). L'auteur lie tous les événements à la main de l'homme qui est l'ennemi de sa propre personne et la cause de tous les malheurs qui surgissent tout en rappelant dans «Le Sage a dit» que ce qui se passe actuellement n'est qu'une réplique identique de ce qui s'est déjà passé, l'histoire étant un eternel recommencement.
On note cependant un lien dialectique entre les deux poèmes qui sont élaborés à deux périodes différentes mais avec une même approche.
Cet album résume les années d'absence et d'angoisse de l'auteur qui dit aussi son rejet des comportements versatiles et incongrus, son souhait de voir hisser l'étendard de la liberté, de la conscience, de la vérité et du savoir tel que le suggère le poème «Ayen imenna wuliw/Ce que mon coeur souhaite», mais il hait aussi ceux qui taisent la vérité (Win yeran ran tidet ur-ttinni), les personnes versatiles et sans principes (Amzebni).
Dans ce poème, il a utilisé pour la première fois le mot «amzebni». L'usage de ces néologismes amazighs montre l'engagement de l'auteur à participer au développement de notre langue maternelle.
Lounis déplore aussi dans ce poème la perte des vieux (sages) qui symbolisent la parte du savoir et il crie aussi de douleur lorsque la jeunesse meurt (Ayen yuggi wuliw ma ettaan yemaren, ayen yuggi wuliw ma etnezwiren yilmazyen/ Ce que rejette mon coeur c'est la perte des vieux, ce que rejette mon coeur c'est la perte prématurée de la jeunesse.)
L'auteur revient de plus belle avec cet album que l'on peut situer au summum de sa production poétique, artistique et esthétique.
La profondeur des paroles mixées à des musiques bien élaborées sur lesquelles ont été greffés, en arrière-plan, des morceaux de musique d'autres chanteurs, fait que cet album est d'une valeur incommensurable, à l'image cependant de la grandeur de Lounis et la profondeur du sens des paroles auxquelles il nous a habitués.
Je termine en disant avec Paulo Coelho (*) que de par son humble position sociale, le Poète découvre la simplicité et la concentration car il écarte le superflu et avec Aït Menguellet «le papier cesse d'être une surface plane mais il acquiert la profondeur de tout ce qui est placé dessus».
(*) In La Sorcière de Portobello: Paulo Coelho, écrivain siégeant à l'Académie brésilienne de littérature


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