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La liberté de croyance
LA CULTURE DU VIVRE-ENSEMBLE
Publié dans L'Expression le 22 - 08 - 2010

Quiconque de sensé, ne peut qu'être préoccupé par les obstacles dressés ici et là contre le culte islamique en Occident et contre le culte chrétien dans des pays musulmans.
Une récente polémique, rapportée par des journaux nationaux, au sujet de la liberté religieuse et du droit à la différence m'a étonné, et m'amène à revenir sur la question. Je ne pouvais imaginer que l'on puisse dire que la divergence est admise seulement en politique et non pas en religion. C'est contraire au bon sens et aux nobles principes coraniques. Je me doutais bien qu'il y avait un quiproquo, des propos mal rapportés ou mal exprimés. Ces propos étranges ont été rapportés comme venant de notre ministre des Affaires religieuses et des Wakfs. J'ai pris soin de prendre attache avec lui, connaissant bien son souci d'oeuvrer au vivre-ensemble et au respect entre les croyants de différentes religions.
D'emblée, je lui pose amicalement la question: Je ne peux pas croire que ces paroles médiatisées expriment votre pensée, car depuis longtemps vous dites avec sagesse, clarté et justesse que l'Algérie et l'Islam respectent les Gens du Livre, les chrétiens. Bien plus, chacun est libre, croit qui veut, dénie qui veut, nul contrainte en religion. Cette année, vous avez même organisé à Alger un colloque international sur la question de la diversité religieuse et la place des Gens du Livre les non-musulmans dans la société, en présence de représentants d'Eglises chrétiennes.
Un succès pour plusieurs raisons: c'était une première, les échanges ont été libres, sincères et respectueux. Il a été réaffirmé la liberté de conscience et de culte. L'ouverture est incontestable, même si, elle ne va pas sans vigilance et prudence. C'était un premier pas, comme acte de bonne volonté et mesure de confiance. Que se passe t-il? Si ce sont vos propos, cela contredit votre position et la doctrine de la Sunna.
Avec le sourire, il me répond: «Soyez rassuré. Premièrement, me dit-il, ce jour-là ce n'était pas le sujet de mon intervention. Deuxiement, j'ai seulement répondu brièvement à une journaliste qui me demandait mon avis sur la cause des conversions de musulmans vers le christianisme. J'ai voulu dire que parfois c'est une attitude politique, de révolte, ou d'opposition politique qui se transforme, sans justificatif valable, en "conversion" religieuse. En effet, je considère que le désaccord politique, chose naturelle et admissible, ne doit pas conduire à un changement de religion. Il ne faut pas confondre les deux niveaux. Je ne voulais rien dire de plus.» Evidemment, le ministre confirme qu'il défend le droit à la différence religieuse, dans le respect des lois. Rassuré, je l'informe que je vais de nouveau traiter de ce sujet sensible et difficile pour faciliter la compréhension.
La doctrine
Dans mon prochain ouvrage prévu pour octobre, édité chez Barzakh, qui relate ma rencontre inédite avec le pape, j'approfondis la question du dialogue interreligieux. Il faut savoir que, sur le plan des principes, de la doctrine et de la problématique, dans le Coran, Dieu menace franchement, sévèrement et lourdement les apostats, ceux qui quittent l'Islam. L'apostasie est présentée comme une faute grave et un acte foncièrement négatif. Cependant, l'Islam, tout en avertissant sur la gravité de l'acte, laisse les humains libres. Ils seront jugés par le Créateur. Par le texte fondateur et à travers l'Histoire de manière concrète, l'Islam s'est présenté comme avertisseur et libérateur. Il a prouvé que la liberté est le fondement de l'existence. L'acceptation de la liberté religieuse, de conscience et de culte est conforme aux préceptes coraniques et à la pratique du Prophète (Qsssl).
C'est sur cette base que la société musulmane a accueilli et protégé en son sein les autres communautés. Cela est reconnu par les orientalistes et historiens, par-delà des moments de tension. Aujourd'hui, de par le monde, des citoyens de culture musulmane ont perdu la foi, ne pratiquent plus, ou se rattachent à d'autres valeurs. D'un autre côté, des étrangers en grand nombre, se convertissent chaque jour à l'Islam. D'après des statistiques internationales, pour un individu qui quitte l'Islam pour d'autres religions, sept autres adhérent à l'Islam. Les pesanteurs de n'importe quel groupe ou société de toute religion dans le monde, qui désapprouvent les conversions ou pire, qui exercent des pressions, ne respectent pas les valeurs humanistes, les Messages abrahamique et coranique. En conséquence, quiconque de sensé, ne peut qu'être préoccupé par les obstacles dressés ici et là contre le culte islamique en Occident et contre le culte chrétien dans des pays musulmans. Tout en sachant que les obstacles sont le produit de contradictions politiques et non point coraniques ou évangéliques. Depuis des siècles, la cohabitation en rive Sud était et reste une réalité, malgré des écarts possibles entre théorie et pratique. Toute discrimination des croyants dans tel ou tel pays, est inadmissible. Tout croyant et humaniste doit exprimer des sentiments de compassion et de bienveillance sans solidarité exclusive, à l'égard de ceux qui sont agressés dans leur vie religieuse.
Reste que, si le droit de changer de religion et de témoigner de sa foi doit être garanti, par contre il est légitime de vouloir se protéger des pratiques du prosélytisme agressif et manipulateur, notamment en direction de personnes fragiles. Le prosélytisme, avec des méthodes semblables à celles des sectes, à visée de déstabilisation des sociétés, d'exploitation et de domination, est inadmissible. Qu'un propagandiste use de moyens douteux pour répandre sa foi, tirant parti des faiblesses des autres, est inacceptable.
Par détournement du problème, certains réfutent le droit légitime à un Etat de réglementer et de contrôler les activités des cultes, et non point l'intimité, les sentiments et les consciences. Nul ne peut nier que le prosélytisme d'extrémistes chrétiens, qui cherchent à convertir par tous les moyens, sont une campagne de déstabilisation des musulmans avec des soubassements politiciens, économiques et idéologiques. Il ne s'agit pas du droit de témoigner de sa foi, tout comme les musulmans ont le droit de témoigner et d'annoncer le Coran, mais de la tentative inacceptable d'exploiter la détresse, de détourner des personnes fragiles de leur société et de leurs racines. Le principe de la liberté de conscience et de culte n'autorise pas à abuser de l'hospitalité. Ce sont le plus souvent des courants sectaires qui pratiquent ce type de provocations. Leur action est souvent clandestine ou elle opère sous d'autres objets. Tout en reconnaissant que des Evangéliques peuvent avoir une expérience sincère de leur foi et certains d'entre eux ne sont à la solde d'aucun pouvoir politique étranger, mais d'autres, des fanatiques, le sont.
Certains étrangers se drapent dans le noble principe de la liberté de conscience pour agresser des peuples. Dans le monde entier, il y a une offensive des extrémistes d'organisations - chrétiennes - protestante. Ce sont souvent des sectes américaines très riches qui cherchent à endoctriner et convertir superficiellement le plus grand nombre de personnes possible par des procédés odieux. Ils sont liés au néo-conservatisme, à la propagande fumeuse du choc des civilisations et à l'ambition d'hégémonie sur le monde entier. En Amérique du Sud, en Afrique, au Maghreb, partout, ils sévissent.
Le prosélytisme est inadmissible, surtout lorsqu'il vise à tromper, diviser des familles, une société et des communautés. Etant donné la vulnérabilité actuelle des pays arabes et les tentatives d'hégémonie qui s'exercent contre eux dans l'objectif de les dominer et de les recoloniser sous d'autres formes, il est logique de faire de la lutte contre le prosélytisme, un élément de la stratégie de défense globale, de manière intelligente et sans excès.
Se convertir au sens de se tourner vers une autre direction, passer d'un état à un autre, avec le sens de changer de croyance est admis par la raison, si on se situe dans une position pacifique, de respect de ses origines et non de dénigrement. La conversion ne doit pas devenir instrument politique et une aversion aveugle pour son passé. On assiste aujourd'hui à des conversions-aversions extrêmes.
Cas rare, dans un livre intitulé Aspects intérieurs de l'Islam, un converti, Jean Abdeljalil, dont le parrain de baptême fut Louis Massignon, n'a eu de cesse d'aider les chrétiens à mieux respecter et connaître l'Islam de l'intérieur. Il existe des chrétiens et des musulmans qui rêvent d'une Eglise non pas contre l'Islam et les musulmans, mais en lien spirituel avec eux, sachant que le Mystère de «Dieu» au coeur des consciences exige un respect mutuel.
Dialoguer et non pas convertir
Aux yeux de tout musulman, l'Islam est la religion finale et parfaite qui, de surcroit, reconnaît les autres prophètes; mais Dieu guide à Sa lumière qui Il veut, et demande dans la vigilance, de respecter la différence, qui est une épreuve. On doit discerner, avec clarté que, contrairement à la dérive sectaire «d' évangéliques» qui mettent à profit l'indigence de familles et groupes désorientés et qui, sous couvert d'actions de bienfaisance, s'adonnent à des activités de prosélytisme qui créent de la souffrance, visant même des mineurs, les catholiques, et même des protestants, qui vivent en terre musulmane, comme en Algérie, sont serviteurs, humbles et pacifiques. Ils ne font pas de prosélytisme et respectent le peuple musulman. Leur conduite vertueuse est un message qui impose le respect.
Dans notre pays, l'amitié islamo-chrétienne est une réalité ancienne, malgré des inquiétudes passagères, faute parfois de communication suffisante et de concertation, liée à la réaction légitime des autorités pour faire face aux activités clandestines et au prosélytisme des évangéliques. Reste à se mettre à l'écoute des doléances des chrétiens et régler leurs éventuels soucis. L'Eglise d'Algérie contemporaine avait pris fait et cause pour l'Indépendance de l'Algérie et le vivre-ensemble. Dans le monde entier, dialoguons, dans le souci de rendre possibles les espaces de convivialité, de construire des ponts et non d'édifier des murs. Nous sommes, à l'échelle du monde, dans une période d'accusation, de peur fabriquée et amplifiée, pour les Occidentaux, et de colère et de ressentiment pour les Orientaux. Les deux réactions étant mauvaises conseillères, elles inspirent la contre-fraternité.
La majorité des citoyens dans le monde sait qu'il n'y a pas d'alternative au dialogue et au vivre-ensemble. La désinformation et l'inimitié ne peuvent pas triompher. Vivre ensemble, dans le respect de la différence et la liberté responsable, en assumant les difficultés du dialogue, en dépassant les formes d'adversité, est notre horizon commun. L'Algérie, dont l'islamité constitue l'âme du peuple et son identité profonde, n'est pas une terre antichrétienne. La pédagogie du discernement doit être transmise.
(*) Philosophe
www.mustapha-cherif.com


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