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Nabil n'a pas pensé à son linceul
LA MAIN D'OR DE MOHAMED CHOULI
Publié dans L'Expression le 06 - 10 - 2010

La fatalité est, disent les anciens, le mot de la fin d'une longue et inattendue construction d'une faute jouée au dé truqué.
Mais qui donne ce dé de la terrible désillusion? Je tiens un livre qui, s'inspirant des dysfonctionnements de la vie sociale, raconte l'histoire poignante d'un jeune, Nabil Sadji, que rien ne destinait au malheur. «Chienne de vie!» s'écrient ceux que le destin contraire accable du berceau jusqu'à la tombe. Avec La Main d'or (*), Mohamed Chouli a construit un récit saisi dans les plis les plus intimes de la société, pas seulement de la nôtre, mais point par point semblable à celle de toutes les autres de l'improbable planète Terre où des civilisations naissent, où des civilisations meurent aussi...
Journaliste constant, c'est-à-dire observateur et commentateur militant de la société où qu'il se trouve - où qu'il se trouvait, devrais-je dire, puisque depuis 2002, il semble se consacrer à «l'écriture-réalité» -, Mohamed Chouli, après Demain, il sera trop tard, un essai prometteur d'une littérature chevillée au coeur des mésaventures de notre jeune société exigeante, publie des vies multiples au destin tragique.
L'intérêt de brosser le portrait de personnages ordinaires, de laissés-pour-compte, est, pour cet auteur perspicace, de placer devant chacun de nous le miroir reflétant la vérité de la vie quotidienne algérienne. Ce qu'il y a dans ce miroir est plus étrange que la fiction, et personne ne pourrait le contester.
Dans ce frissonnant récit, par l'incroyable authenticité des faits, et terrifiant, par l'impitoyable rouleau compresseur actionné par la fatalité au sens du fatum latin, la raison humaine semble totalement ébranlée sous le coup d'un séisme inouï et pourtant à l'échelle de l'humanité au jour le jour qui en avait déjà beaucoup connu dans les siècles précédents. Devant tant de souffrance, tant d'impuissance, tant de plaintes et de rancoeur, que dire? que faire? Le lieu de cette tragédie est circonscrit - du moins en apparence. Il se limite au seul territoire que constitue un quartier de toute cité, grande ou petite, - un Théâtre de la vie et de la mort, c'est-à-dire de là où tout commence et jusque-là où tout finit; et ainsi, l'Espoir médusé n'aura pas eu de voix, la parole humaine n'aura pas eu de considération. Et pour «vivre», il faut se donner les moyens, comprenons-nous, «les moyens» de «survivre»...
Et il y a, évidemment, l'humanité entière, mourante, qui, dans un dernier sursaut, s'invente «vivante» et qui se donne les «possibilités» de son existence, «coûte que coûte». L'excuse de la moralité n'a finalement pas d'importance face au flagrant réalisme des faits destructeurs d'espérance qui fatalement mènent au malheur, au néant définitif, à la mort.
De l'histoire, ou plutôt des histoires enchaînées que nous rapporte Mohamed Chouli, - qui n'a pas déjà eu connaissance? Mais lui, cet auteur, dans le temps et dans le ton de la tragédie quotidienne, est un scrupuleux conteur, car il a le sens de la communication qui se charge de simplicité, de patience, d'exactitude, d'humilité devant la misère des humiliés. Son regard posé sur chaque personnage est plein de tendresse; et c'est l'émotion la plus juste qu'un écrivain de race peut transmettre à ses lecteurs.
La Main d'or? C'est le combat de la patience ingénieuse contre la fatalité et les mauvaises ombres de ce monde: la pauvreté, l'injustice, la tristesse, les ténèbres, l'indifférence, le profit éhonté, le mépris scandaleux, l'insensibilité haineuse, la marginalisation dégradante,... enfin la misère, trace terrible, indélébile sur le visage des anges désignés comme proie assurée aux rapaces.
Un peuple de jeunes se meurent, enserrés dans les Djenaïne autour de la ville, les paradis perdus, où ne croissent désormais que les herbes sauvages et dans lesquels il faut nécessairement, sociologiquement, philosophiquement, psychologiquement, vivre physiologiquement, survivre aux coups répétés de la malchance organisée et massacrante. Les personnages se racontent: ils passent la société et son administration sous la loupe, sans concession, mais leur oeil est malgré tout... généreux.
Ainsi, l'histoire du père de famille le «smicard» Belkacem et de sa candide épouse Zahra, ainsi les déconvenues de hadj Seddik, professeur à la retraite, ainsi exclu du système scolaire «pour avoir commis une faute très grave. Il s'était battu avec le fils d'un notable, grand propriétaire foncier et baron de l'importation tous azimuts», Nabil Sadji ne trouve pas de travail pour venir en aide à sa famille...
Et habiter dans un quartier populeux, «à Nakhla, une cité pourrie, près de Rachidia, entre El-Harrach et El-Djenaïne» ne donne pas de la noblesse aux misérables!
Nabil dit «La Main d'or» ou «L'Artiste», encouragé par son copain Hicham dit «Chriki», succombe à l'idée «géniale» de devenir pickpocket. Ces agissements, assez soignés sur le plan de l'intention morale, civique ou de légitime défense, pour paraître presque «normaux», sont indispensablement présentés avec un réalisme poignant. Des scènes truculentes émaillent les récits qui coulent comme l'eau pure et fraîche d'une source magique. L'auteur, connaissant parfaitement ses personnages et la société dans laquelle ils évoluent, nous conduit dans les dédales de plusieurs aventures tantôt cocasses, tantôt tristes, tantôt pathétiques souvent emmêlées d'actions vertueuses et d'actions répréhensibles, souvent graves, souvent tragiques,...Or l'amour de Nabil et de Sabrina est dans la main invisible de la Chance traîtresse et, hélas, ni les beaux yeux émeraude de l'esthéticienne qui ont fait battre le coeur de la Main d'or, ni le bonheur rédempteur qui grise le jeune amoureux, ne pourront triompher de la...Fatalité! Mais à qui la faute? Nabil a cette extravagante explication qu'il donne à ses naïfs parents Hocine et Zouina: quand il n'y a pas de travail pour un jeune, alors il fait du commerce! Dans le récit, chaque mouvement, chaque réflexion de personnage, est un questionnement cru qui incombe aux responsables de la cité, et sans doute à nous tous, d'avoir à y répondre.
En publiant La Main d'or, Mohamed Chouli nous livre un reportage époustouflant, un document de première main sur «les orfèvres» que sont les pickpockets, sur «les miséreux» que sont les gagne-petit, sur «les insatiables» que sont les gros trafiquants de tout genre. Ici, ce n'est pas une fable. C'est une tragédie qui s'étend à ciel ouvert sur notre territoire. Le comble, comme hélas toutes les tragédies où commence l'amour, la mort intervient. Je ne veux pas gâter le plaisir des lecteurs de découvrir la beauté cruelle de ce drame social que l'auteur situe, selon sa déclaration par ailleurs, dans un monde qu'il considère «plus sauvage que les aléas de la vie».
(*) La Main d'or de Mohamed Chouli, Casbah Editions, Alger, 2009, 252 pages.


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