Les collecteurs refusent d'acheter le surplus du fait qu'ils sont liés aux transformateurs par des conventions limitant les quotas de lait livré. Tous les intervenants dans la filière du lait, ont eu plus ou moins l'occasion d'exprimer leurs préoccupations au sujet de la situation de leur secteur qui traverse actuellement une crise aiguë. La pénurie de lait en sachet s'explique d'une façon chez les transformateurs et d'une autre chez les collecteurs. Les pouvoirs publics, de leur côté, tentent de rassurer le citoyen qui reste, lui, sceptique quant aux arguments des uns et des autres. La crise perdure mais il existe un acteur, le plus important, qui n'a pas eu la parole, l'éleveur ou le producteur. Et si les véritables enjeux sont de ce côté-là? Ces derniers soutiennent que certaines pratiques malsaines risquent, si on continue à les ignorer, de freiner le développement de la filière lait qui est en train de prendre son élan. «Tout d'abord, le premier argument, économiquement valable, pour l'arrêt de travail d'une laiterie n'est pas réuni» considère Ali, un éleveur. «La matière première, le lait, coule à flots chez les éleveurs», ajoute-t-il. Les transformateurs évoquent l'absence de poudre qui intervient dans la fabrication du lait en sachet. Du point de vue des éleveurs, l'argument n'est pas recevable, car le lait en sachet peut être produit à partir du lait de vache. L'irrecevabilité de cette explication se trouve aussi confrontée à une autre pratique qui met à nu la recherche exclusive du gain chez les transformateurs. En effet, bien qu'il soit admis que la rentabilité est une fin en soi, il n'en demeure pas moins que le créneau est intimement lié à la situation sociale des populations. «Les transformateurs préfèrent exploiter le lait dans la fabrication de produits dérivés plus lucratifs comme les yaourts, les fromages, etc.», affirme un autre éleveur s'interrogeant sur le même sujet. D'autres problèmes menacent également la filière. «Les collecteurs refusent d'acheter notre surplus de production. Ils nous expliquent qu'ils sont liés aux transformateurs par des conventions limitant les quotas de lait livré», explique Amirouche, jeune éleveur qui a contracté un prêt bancaire pour son activité. «Cela dit, je n'ai pas le droit de développer mon activité. Je n'ai pas le droit d'avoir plus de vaches. Je n'ai pas le droit de produire plus de lait. Alors comment dois-je développer mon activité?», s'interroge-t-il, en colère. Cette limitation est un frein au développement de la filière pourtant liée aux pouvoirs publics par des contrats de performance. Toujours au chapitre des problèmes, les éleveurs se plaignent des augmentations des prix des aliments. «Rien que pour le soja, nous avons constaté une hausse de 500 DA. Pareil pour le maïs», affirme Hacène, un autre éleveur. Le problème et la confusion se situent de ce fait au niveau de la relation des transformteurs avec les pouvoirs publics. La subvention de la poudre semble être à l'origine de tous les problèmes qui ne pénalisent finalement que le citoyen contraint de se rabattre sur le lait importé, trois fois plus cher. «Que ces gens qui parlent d'arrêt de travail des laiteries cessent de nous prendre pour des débiles. D'où viennent alors ces produits dérivés du lait qui garnissent les étals?», s'interroge Ahmed, un éleveur diplômé en agronomie.