Tunis peut se targuer, depuis le 25 et ce jusqu'au 27 octobre, d'abriter des journées exceptionnelles en présence d'invités prestigieux, marquées hier par la remise d'une partie des archives de l'INA à la Tunisie concernant sa mémoire historique. Quand on regarde la qualité des interventions et des invités, surtout qui n'ont pas hésité à faire le déplacement en Tunisie pour débattre des enjeux et de l'avenir de l'audiovisuel en Tunisie, on ne peut que mesurer hélas, le retard qu'accuse notre paysage audiovisuel national et rester bouche bée. Une honte tout simplement. On en était tout simplement jaloux! Doublement, quand on pense à nos piètres programmes télé algériens et au verrouillage médiatique qui perdure... Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture français, Paul Amar grand journaliste sur TV5, M.Pierre Menat ambassadeur de France en Tunisie, Alexandre Arcady réalisateur, Alain Belais, directeur des relations internationales à France Télévisons, François Sauva-gnargues, directeur de l'unité fiction à Arte, et bien d'autres professionnels du monde des médias, de l'audiovisuel et du cinéma français ont tous répondu présent hier matin à la faveur de ces rencontres inaugurées à l'hôtel Africa. Coproduction, diffusion, numérique, télévision mobile, cinéma, formation, Web, chaînes euro-méditerranéennes, francophonie - même si l'on a affirmé qu'elle est en perte de vitesse - soutien à la création, jeux vidéo et enfin nouvelles pratiques de l'image, sont les axes de préoccupation des interventions. Ces journées ont pour but «de répondre ensemble aux grands enjeux de l'audiovisuel de demain», dira Pierre Menat et «de contribuer à une meilleure circulation des programmes entre la France et la Tunisie». Pour ce faire, ces tables rondes et débats animés par Serge Moati, né en Tunisie, réunissent professionnels français et tunisiens autour des thèmes suivants: circulation des programmes entre les deux rives de la Méditerranée, présence des chaînes françaises et francophones en Tunisie, développement des coproductions, formations et échanges de bonnes pratiques et enfin émergence d'un paysage audiovisuel euro-méditerranéen. Un des thèmes, notamment qui a retenu l'attention hier, ce fut «Audiovisuel et jeune public: nouveaux supports, nouveaux enjeux». Aussi, nous retiendrons que le numérique a été décrété comme la solution d'avenir, tout en annonçant l'avènement prochain, en Tunisie, de la chaîne Over 6 et l'arrivée de la TNT avec douze nouvelles chaînes. Coïncidant avec l'année du cinéma en Tunisie tel tracé dans le programme quinquennal du président Ben Ali, ces journées audiovisuelles de Tunis viennent renforcer davantage des liens des plus solides sur le plan culturel, mais aussi politique, entre la France et la Tunisie, puisque «la politique s'intéresse au coeur des gens», soulignera Serge Moati. Cette rencontre, fera remarquer le ministre de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine tunisien, tendra à la mise en place de nouvelles coopérations tant sur le plan bilatéral que dans la Méditerranée Un enjeu et un défi à même de s'ouvrir plus sur l'autre, dans une optique de dialogue des cultures tout en veillant à prévenir des dangers et tracer les voies qui peuvent mieux communiquer et conserver les identités de chaque pays. Pour sa part, Frédéric Mitterrand qui évoquera «le renouveau constant du cinéma tunisien», dira son admiration pour la directrice des JCC, Dora Bouchoucha, en l'ayant nommée présidente du Fonds Sud, dira son rêve de voir un jour la création d'une chaîne méditerranéenne oeuvrant pour l'union de la Méditerranée. Un «audiovisuel méditerranéen» qui ne serait pas tant une aliénation, mais plutôt un échange entre les deux rives de la Méditerranée dans le respect, notamment des droits d'auteurs. Pour ce faire, il a été procédé solennellement hier, à la signature d'un accord de remise d'une partie de la mémoire patrimoniale tunisienne via l'INA (France) au directeur de la télévision tunisienne. Plusieurs intervenants se sont succédé à la tribune pour émettre leurs souhaits et brosser un tableau de la situation audiovisuelle en Tunisie ou des perspectives d'avenir. Alexandre Arcady nous fera remarquer en aparté qu'il sera au mois de mai prochain en Tunisie pour le tournage de son quatrième film en coproduction avec l'Algérie portant sur l'adaptation du livre de Yasmina Khadra, Ce que le jour doit à la nuit, un roman qui s'est vendu, dit-il, à plus d'un million d'exemplaires et a été traduit dans plus de 40 pays. «Un roman de la même veine qu'Autant en emporte le vent et dont je souhaite vivement les lecteurs d'acheter.»