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Enrico mattei et la revolution algerienne
Publié dans L'Expression le 09 - 12 - 2010

Il ne me vient jamais à l'esprit de dresser le portrait d'Enrico Mattei, et ce d'autant plus que beaucoup d'historiens et de journalistes l'ont fait de façon remarquable.
Permettez-moi d'en citer deux exemples qui m'ont marqué jusqu'à ce jour.
Le premier est la Une de Times Magazine, le lendemain du tragique accident:
«Enrico Mattei est l'homme le plus puissant qu'ait connu l'Italie depuis César Auguste.»
Le second est le portrait dressé par l'un des plus grands journalistes italiens Giorgio Valentino Bocca rédacteur en chef de la Républica: «Qui est Enrico Mattei? Un aventurier, un grand patriote, un homme imprévisible, indéfini, capable de charme chaleureux ou de grande fureur, généreux mais avec une mémoire d'éléphant pour les offenses subies, qui sait pénétrer et se faire admettre dans tous les milieux, capable d'utiliser l'argent mais pour se servir et sans en profiter lui-même. Tel est Enrico Mattei.»
Après ces deux citations qui cadrent avec cette personnalité, permettez-moi de vous narrer les circonstances de la rencontre entre cette personnalité et les responsables de la Révolution algérienne.
De retour de Pékin, une délégation algérienne composée de MM. Benyoucef Benkhedda, ministre des Affaires sociales du Gouvernement provisoire de la République algérienne, président de la délégation, Mahmoud Chérif, ministre de l'Armement et du Ravitaillement général et Saâd Dahleb, directeur de l'Information, se trouve bloquée à l'aéroport de Omsk où elle passe trois nuits à cause des conditions météorologiques.
Dans le même avion, se trouvait une délégation italienne qui revenait, elle aussi, de Chine.
Saâd Dahleb, le premier à prendre contact avec Mattei
Ironie de l'histoire, c'est en pleine Sibérie, à Omsk, capitale de la pétrochimie de l'Union soviétique, que la première rencontre entre Algériens et Italiens s'était déroulée.
Saâd Dahleb fut le premier à prendre contact avec Mattei et à le présenter aux deux autres membres de la délégation algérienne le 17 décembre 1958.
Durant les deux derniers jours de leur présence forcée à Omsk, Dahleb et Mattei ne se quittaient plus.
Il est vrai qu'ils étaient tous les deux de grands communicants pleins de charme et d'entregent.
A leur retour au Caire, où se trouvait encore le siége du Gouvernement provisoire, la délégation fit son rapport et il a été décidé de désigner Boussouf Abdelhafid comme interlocuteur d'Enrico Mattei.
Quelques mois plus tard, Mattei, président-directeur général de l'ENI était venu en visite en Egypte pour voir le Président Abdel Nasser, et en même temps visiter un chantier pétrolifère au Sinaï, attribué à cette société et la raffinerie de Suez où l'ENI avait des intérêts.
Durant son séjour au Caire, il téléphona le 4 mars 1959, à son ami Dahleb pour lui faire part de sa présence en Egypte.
Le 5 mars 1959, nous fûmes reçus, Saâd Dahleb et moi-même, par Enrico Mattei accompagné de messieurs César Gavotti, responsable du département étranger et Egidio Egidi, conseiller, au Palais Abidine, ancienne résidence du roi Farouk, actuellement transformé en musée.
Inutile de vous dire l'accueil chaleureux réservé à Dahleb au point où ils se sont jetés l'un sur l'autre pour une accolade inoubliable.
Les discussions ont porté, la plupart du temps, sur leurs souvenirs et les misères encourues à Omsk.
Après les présentations, il informa Enrico Mattei que je devais préparer une rencontre entre sa délégation et Abdelhafid Boussouf, ministre des Liaisons générales et Communications après son retour du Sinaï
Le dimanche 8 mars, la délégation italienne était reçue par Boussouf, dans une suite que nous avions réservée au Nil Hilton qui venait d'ouvrir depuis trois mois.
Au cours de cette réunion, qui a duré deux heures, Enrico Mattei a proposé ses services à la Révolution algérienne et nous a dressé un tableau de l'évolution de sa compagnie avec les difficultés rencontrées de la part des sept soeurs désignant les compagnies qui monopolisaient le commerce du pétrole:
Anglo Persian Oil Company, Gulf Oil, Royal Dutsch Shell, Standard Oil of California, Standard Oil of New Jersey, Standard Oil of New York et Texaco ainsi que des pressions des gouvernements des Etats-Unis et de Grande-Bretagne.
Ces compagnies et ces gouvernements n'appréciaient nullement l'ENI et surtout Mattei de s'introduire avec de nouvelles règles dans un marché qui était une chasse gardée anglo-saxonne.Il nous raconta aussi, comment il a pu faire pour pénétrer le marché iranien.
Après la tentative de coup d'Etat, août 1953, de Mohamed Mossadegh, Premier ministre d'Iran contre Mohamed Reza Palhavi, Shah d'Iran, celui-ci s'était enfui et s'était réfugié à Rome.Durant les quelques semaines de son exil à Rome, Mattei, avec la complicité des autorités italiennes, s'était lié d'amitié avec le Shah en exil et surtout sa femme Souraya. Il avait mis à leur disposition les moyens de l'ENI et sa propre personne.
Ayant été rétabli sur son trône par le général Zahedi, le Shah d'Iran reçut Mattei quelques mois plus tard, et sur l'insistance de sa femme et aussi pour se venger des Anglo-Saxons qui ont essayé de sauver leurs intérêts en composant avec Mossadegh, lui accorda une concession d'exploitation d'un champ pétrolifère qui, durant l'année 1958, produisait d'après Mattei, 60.000 barils/jour.
Mattei introduit les Algériens dans les arcanes du pétrole
Devant notre étonnement et une demande d'explication de la part de Dahleb sur le terme baril, Egidio Egidi nous a expliqué que la production et la commercialisation du pétrole étaient calculées en barils vendus en dollars et que 7 barils représentaient, grosso modo, une tonne. Il nous avait aussi signalé les pays dans lesquels il avait des intérêts, Egypte, Libye, Maroc où il était associé dans une raffinerie. Bénéficiant de l'appui de l'aile gauche de la Démocratie chrétienne au pouvoir en Italie, Giovanni Gronchi président de la République, Amintore Fanfani, chef du gouvernement et ministre des Affaires étrangères et de journaux tels que Le Populi, l'Aventi et l'Unita, il finança le colloque sur la paix en Méditerranée qui se tint du 3 au 6 octobre à Florence. Les deux personnalités citées ainsi que Mattei s'étaient forgés une amitié et une solidarité dans les maquis italiens en lutte contre le fascisme de Mussolini. Ce colloque, organisé par Giorgio La Pira, député-maire de Florence, vit la participation du Gouvernement algérien avec un discours remarquable de Me Ahmed Boumendjel, conseiller auprès du Président Ferhat Abbas, et ce, malgré les interventions et les protestations de l'ambassade de France à Rome à la tête de laquelle se trouvait un certain Gaston Palewski, compagnon de la Libération du général de Gaulle dont il a été directeur de Cabinet de 1942 à 1946. Ce colloque a été aussi la cause du rappel de l'ambassadeur d'Italie en France, Alberto Rossi Longhi.Inutile de vous rappeler qu'à cette date, le général de Gaulle était déjà revenu aux affaires.
Au cours de cette rencontre, Dahleb et Boussouf ont insisté sur la nécessité d'une rencontre entre Tayeb Boulahrouf qui sera dorénavant, le contact permanent entre les deux parties.Une nouvelle rencontre à laquelle j'ai assisté, entre Mattei, accompagné de Egidio Egidi, et Boussouf, se tint le 17 février 1960 au Caire dans le restaurant Groppi Solimane Pacha.
Au cours de cette rencontre, les deux responsables ont discuté d'une éventuelle collaboration après l'Indépendance et tout particulièrement la création d'une agence internationale de presse pour contrecarrer le monopole des agences Reuters, Associated Press et l'agence France Presse, Mattei finançant le projet et Boussouf mettant à sa disposition les opérateurs radio. Deux autres cadres du Malg étaient au courant de cette initiative: Abderahmane Laghouati et Abderahmane Bérouane.
Durant cette même rencontre, Egidio Egidi me fit une confidence que j'avais notée dans mon rapport. Mattei s'adressant à Egidio Egidi lui fait la réflexion suivante: «Je comprends le trouble que vous ressentez, vous jeune homme autour de cette table, mais à partir de maintenant c'est à vous de choisir les couverts.»
A mon humble avis, une réflexion qui mérite d'être retenue...
Ils ont aussi discuté de la possibilité de s'entraider par l'échange d'informations sur l'exploitation des gisements de pétrole en Algérie. Ce témoignage est une pierre dans l'édifice de la relation entre Mattei et l'Algérie.
Il éclaire aussi le rôle éminemment positif de Mattei dans son engagement, son apport matériel, diplomatique et politique à la Révolution algérienne. Avant de conclure, j'aimerais souligner le respect dû à ce militant de l'Indépendance algérienne, qui eut droit lors des premiers voyages en Italie, de Son Excellence, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, président de la République, des éloges mérités. L'Algérie décida de donner le nom d'Enrico Mattei au gazoduc qui relie l'Algérie à l'Italie et qui est devenu par la force des choses, le symbole des relations entre les deux pays...A mon humble avis, le socle des relations entre les deux pays restera pour toujours la rencontre fortuite entre deux personnalités, hors du commun, MM. Saâd Dahleb et Enrico Mattei.Avant de terminer ce témoignage, je me permets de solliciter des deux gouvernements, sans m'immiscer dans leurs affaires, d'oeuvrer au jumelage des deux villes qui ont vu naître ces deux légendes à savoir, les villes de Ksar Chellala et Acqualagna.


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