Face au phénomène de l'immigration clandestine, l'Afrique veut, désormais, parler d'une seule voix. Ils sont 5000 morts à avoir péri en Méditerranée après avoir tenté de rejoindre l'eldorado européen à bord d'embarcations de fortune, révèlent des estimations du Haut Commissariat pour les réfugiés de l'ONU, dont le recensement va de 1992 à nos jours. Ils sont africains, de différentes nationalités, notamment des Algériens. Leurs rêves ont échoué sur les rives nord de la grande bleue. Ce chiffre macabre met à nu l'échec de la politique européenne prônant l'immigration sélective et le tout-sécuritaire et qui a pour corollaire un désastre humanitaire à l'ampleur incommensurable. Face à ce dernier, l'Afrique, avec à sa tête l'Algérie, veut parler d'une seule voix. L'Union africaine aspire, en fait, à créer un centre africain d'études et de recherche sur la migration pour mieux la contenir. Pour rappel, notre pays n'a de cesse de dénoncer le verrouillage de l'accès au territoire européen. M.Benatallah s'est ainsi exprimé lors d'une réunion des ministres en charge de la Migration des pays du dialogue 5+5 qui ont récemment tenu leur 7e conférence. Néanmoins, et pour des raisons de stratégie globale, l'Algérie entend faire de la question de l'immigration clandestine une priorité. C'est du moins ce qui ressort des résolutions prises par les plus grands dirigeants africains, que ce soit à l'échelle internationale ou à l'échelle régionale. C'est que l'Algérie veut participer activement à la résolution de ce problème qui ternit l'image du continent noir et ce, d'autant qu'elle est directement en bute aux flux migratoires qui la traversent à partir de ses frontières Sud. Les premiers afflux de population en provenance des pays limitrophes, le Mali et le Niger, ont été enregistrés dès le début des années 1960 et 1970. Un second mouvement migratoire est intervenu à la fin des années 1980, en raison des conflits au nord de ces deux pays et de la sécheresse qui sévissait dans la région sahélienne. Dix-huit jeunes harraga, parmi eux des mineurs, viennent de quitter la plage de Seybouse, à Annaba, pour rejoindre les rives de la Méditerranée occidentale. Ils ont embarqué à bord de felouques de fortune vers la Sardaigne, l'île italienne. Cet énième groupe de migrants clandestins a obéi au classique mode opératoire, à savoir prendre la mer à des heures indues de la nuit tout en profitant de la clémence de la météo. En effet, ces candidats à la harga ont dû surseoir à leur voyage à cause du temps particulièrement capricieux de ces derniers jours. L'impossible expédition comprenait alors des ingénieurs issus de Annaba et sept autres jeunes originaires de la wilaya de Constantine, deux autres de la wilaya de Souk Ahras et trois mineurs de moins de seize ans, originaires de Annaba. A en croire les parents de ces voyageurs du désespoir, l'organisation de cette périlleuse initiative serait le fait d'un individu, résidant au quartier Sidi Salem, à El Bouni. Pour échafauder son plan, l'individu en question aurait exigé de ces candidats aux abysses une somme allant de 50.000 DA à 80.000 DA et de laquelle il a déduit les frais de l'essence et financé l'achat du moteur.