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Une gourmandise en voie de disparition
LA BÛCHE DE FIN D'ANNEE
Publié dans L'Expression le 27 - 12 - 2010

«Vendre des bûches voudrait dire que j'encourage les gens à fêter le Nouvel An chrétien».
Nombre d'artisans pâtissiers refusent, pour diverses raisons, de vendre cette gourmandise dite du «mécréant». Mais, pourquoi les Algériens s'éloignent-ils de ce produit qui a survécu à la vague de l'islamisme qui a touché l'Algérie depuis le début des années 80? Un petit tour chez les confiseurs de la capitale, nous fait vite comprendre que la très controversée bûche est devenue un luxe. Elle n'est proposée que dans des endroits huppés et, encore seulement, pour une clientèle ciblée. «Ce produit n'est pas rentable», résume Yacine, jeune pâtissier à Rouiba (banlieue est d'Alger) «l'Algérien de 2010 est plus concentré sur la cherté de la vie qu'autre chose», justifie encore le pâtissier de Rouiba. Il ajoute que l'augmentation du prix des matières premières est pour beaucoup dans son choix. «Avec l'huile et le sucre qui ont augmenté, ma bûche va me revenir trop chère. A quel prix vais-je la vendre? Qui pourra se la payer?», s'interroge-t-il. Ayant entendu notre discussion, un client nous interpelle. «Moi, personnellement, pendant toute la tragédie nationale, je ne ratais pas un réveillon.» Pour lui, la bûche était un moyen d'affirmation. «C'était ma façon de résister contre le terrorisme», avance le citoyen. Maintenant il dit ne plus être concerné par cette fête. «Maintenant que la tendance intégriste a disparu, je ne me sens plus concerné par cette fête. La bûche, les sabots au chocolat...ce n'est plus pour moi. La fête de fin d'année est un jour comme les autres. Sauf qu'il est férié, il me permet donc de me reposer.» Cependant, la tendance qui prévaut chez de nombreux artisans est le refus catégorique de confectionner ce gâteau. Pour des raisons religieuses, disent-ils. Ahmed, un boulanger-pâtissier à Kouba confirme cette tendance: «Je ne confectionnerai jamais ce genre de produits, car je les considère comme une offense à l'Islam.» Il s'interroge aussi sur ce paradoxe algérien, qui est «d'abandonner nos traditions pour d'autres étrangères à notre culture. Pourquoi aller célébrer le réveillon occidental alors que nous disposons de deux fêtes semblables qui sont l'Achoura et le Yenneyer? Deux merveilleuses fêtes que je considère plus atypiques. Je dirais même plus profondes vu leur signification.» Pour un autre confiseur du même quartier, vendre des bûches le jour de l'An est semblable au fait de vendre de l'alcool: «Vendre des bûches voudrait dire que j'encourage les gens à fêter le Nouvel An chrétien. Pour moi, c'est donner le mauvais exemple aux jeunes générations, c'est comme si je les incitais à boire de l'alcool.» Il va même jusqu'à dénoncer les festivités du Nouvel An, affirmant qu'elles n'ont rien à voir avec l'Islam, qualifiant ceux qui le fêtaient «d'aliénés, d'ignorants, voire de mécréants». Un pâtissier à Alger-Centre nous confirme que depuis 2005, le nombre de bûches qu'il vend pour le réveillon ne cesse de diminuer. Il affirme que «les Algérois ont renoncé à acheter les traditionnelles bûches de Noël et à l'occasion du Nouvel An, ils sont effrayés par les islamistes qui les mettent en garde contre la colère divine». Il estime, que «les conservateurs radicaux ont mis à profit les catastrophes naturelles (séismes et raz-de-marée) de 2005, qui ont frappé plusieurs pays d'Asie, la veille du Nouvel An, faisant plus de 200.000 morts, pour affirmer que la célébration du Nouvel An par des musulmans étaient un affront à Dieu et son Prophète (Qsssl)». Il témoigne que certains de ses fidèles clients, qui étaient des consommateurs de bûches, lui ont affirmé, que par conviction, ils ont «renoncé» à ces jouissances de fin d'année. «Les Algériens sont de plus en plus pieux, certains de mes clients, qui fêtaient assidûment cette soirée, m'ont confié qu'ils ne le feraient plus par dévotion à Dieu. Ils attestent que Dieu a puni des gens qui ont transgressé ses commandements en s'adonnant au vice et à des turpitudes». Avant de nous laisser partir, notre interlocuteur tient à nous confier une anecdote «Certains de mes collègues qui activent dans des quartiers populaires, et qui vendaient cette fameuse bûche, se sont fait menacer par le voisinage. Ces derniers les considéraient comme des «koufar» (mécréants). De ce fait, ils ont décidé de ne plus en vendre...» Mais, l'éphéméride ne s'arrête pas là! Ayant des habitués et ne pouvant refuser leurs commandes, les confrères de notre sympathique ami, ont trouvé une astuce des plus ahurissantes pour vendre ce produit sans se faire remarquer «Ils acceptent ces commandes à condition qu'elles soient faites dans une totale discrétion. Les clients doivent récupérer leurs achats à la fermeture...». Par conviction, ou manque de moyens, les Algériens semblent être revenus à une vie plus simple, dépourvue de superflu et spirituelle...

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