L'absence des services de la commune au moment des intempéries et des tempêtes de neige a engendré un sentiment d'abandon. Affronter le froid polaire nécessite autant de moyens que la chaleur estivale. Ce constat, ce sont les villageois qui le font ces jours d'hiver où les températures ont sensiblement baissé. A travers les villages, les gens se démènent comme ils peuvent pour se procurer des réserves de toutes natures. C'est la ruée vers les produits agroalimentaires, le gaz butane, le bois à chauffer, etc. Ceux qui ont les moyens se rabattent généralement sur les appareils de chauffage. Toutefois, même s'il est normal que la demande en la matière tend vers la hausse, il n'en demeure pas moins que les populations redoutent surtout les récurrentes pénuries. Il y a quelques jours, les services météo ont émis un BMS (Bulletin météo spécial) annonçant la neige et des pluies. Le lendemain, ce sont tous les commerces qui évoquent la rupture de stock. Acquérir une bouteille de gaz butane tourne au pugilat. La récolte des olives marque un net arrêt. L'urgence est à l'approvisionnement pour faire face à quelques jours de neige. Le lendemain matin, la neige est au rendez-vous. La majeure partie des voies et routes sont bloquées et toute la population est hantée par la «famine». Le mot est lâché. Nous avons, non sans difficultés, effectué une tournée dans quelques communes de la wilaya. Le constat est le même partout. Les conversations ne tournent plus qu'autour du gaz butane, du pain et de toutes sortes de vivres. Tôt le matin, dans les épiceries et magasins d'alimentation générale, le pain est inexistant. Le gaz butane, on n'en parle plus tant l'espoir d'en trouver s'est évaporé, déjà la veille. Deux jours plus tard, au réveil, la neige a fondu. Les routes sont rouvertes. En fait, elles ne sont restées bloquées qu'une demi-journée. Les services concernés au niveau des communes, ont fait leur travail. Le pain est revenu dans les magasins. Il y a même de l'invendu. Le gaz butane est largement disponible. La crainte de la famine s'est dissipée. Le rythme normal a repris son droit. Cependant, il reste une question. Pourquoi l'anarchie gagne le terrain au moindre signe d'une dégradation des conditions météo? La plupart des personnes que nous avons interrogées évoquent des défaillances au niveau des communes durant plusieurs décennies. L'absence des services concernés au moment des tempêtes de neige a engendré un sentiment d'abandon. C'est pourquoi la tendance à une prise en charge spontanée a fini par remplacer l'espoir de la présence des autorités. Cependant, une autre partie parle, elle, d'atavisme ou d'un réflexe longtemps enfoui dans notre culture. Ce n'est pas spécifique à nous mais tous admettent que l'organisation à tous les niveaux et de toutes les parties, autorités et populations, est l'unique voie pour que la météo ne soit qu'un don du ciel pour l'agriculture.