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«L'Algérie n'a pas connu de mouvements sociaux»
ABDELLAOUI HOCINE, SOCIOLOGUE, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 23 - 01 - 2011

Diplômé en sociologie de l'université de Nice (France), Abdellaoui Hocine, chercheur au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement, (Cread), est auteur de plusieurs enquêtes et publications sur les mouvements sociaux, le syndicalisme et l'immigration. Suite aux dernières tensions sociales qui se sont déclenchées à travers plusieurs régions du pays et à l'extension du phénomène de l'immolation par le feu, dans différentes wilayas, le sociologue nous donne, dans cet entretien, son analyse des faits et événements.
L'Expression: Quelle est votre interprétation des tensions sociales existant en ce moment en Algérie?
Abdellaoui Hocine: Dans la théorie, toutes les sociétés modernes fonctionnent et évoluent avec des conflits et des tensions qui se transforment en mouvements sociaux. En ce sens, Marx a dit que «l'histoire des sociétés fonctionne par la lutte des classes et le devenir du capitalisme va être miné par la lutte des classes». Contrairement à lui, un sociologue allemand, Ralf Dahrendorf, a fait savoir, dans la théorie «des conflits» analysant les sociétés occidentales, que «le capitalisme survivra avec la lutte des classes».
Les conflits et les tensions sociales expriment ainsi l'évolution et le caractère du fonctionnement des sociétés modernes à travers les événements qu'elles traversent. Car, si l'on se réfère aux conclusions de la sociologie, il convient de dire que ces sociétés arrivent souvent à se développer et se reproduire avec les conflits et tensions, en se transformant en des mouvements sociaux qui s'inscrivent et se structurent dans la durée. Elles réussissent, (dans ces voies, Ndlr) parce qu'elles ont les capacités de gérer ces tensions, en essayant de travailler sur plusieurs axes: politique, économique, culturel, voire religieux pour asseoir des changements fructueux et apporter, par voie de conséquence, une évolution nouvelle.
Les tensions sociales en Algérie sont-elles un indicateur d'un malaise social?
La question qu'il faut se poser: est-ce que les tensions sociales qui y surgissent sont-elles un signe révélateur d'une reproduction et d'un développement renseignant sur le bon fonctionnement de la société ou s'agit-il d'un signe pathologique? Autrement dit, est-ce que le fait qu'il y ait des tensions dans notre société cela signifie que notre société est en train d'évoluer à travers ses événements et exprime un changement structurel comme ce fut le cas en Tunisie où tous les éléments vitaux de la société ont pris position, ou celle-ci vit juste des tensions conjoncturelles qui n'arrivent pas à constituer un mouvement social en mesure de donner naissance à une nouvelle restructuration de la société? Egalement, un philosophe et sociologue anglais, Auguste Kant, disait: «Pouvoir c'est savoir, savoir c'est prévoir.» C'est-à-dire: les sociétés qui arrivent à résoudre leurs conflits et leurs crises sans que ses derniers ne dégénèrent en des dérèglements structurels importants, ce sont des sociétés où le pouvoir s'exerce par le savoir. Paradoxe pour l'Algérie, car elle a une large et suffisante capacité du pouvoir, mais elle n'a pas suffisamment connaissance de la nature du conflit. D'où, la solution des crises demeure conjoncturelle et celles-ci se remettent cycliquement à la surface et apparaissent sous d'autres formes.
Pensez-vous que cette situation puisse accoucher d'un mouvement social?
En effet, car si l'on se base sur le rythme des tensions sociales caractérisant notre société, il est à signaler que celle-ci enregistre des contradictions, des conflits et des tensions cycliques et conjoncturelles, qui surgissent par rapport à des situations bien précises, sans pour autant pouvoir s'inscrire dans le temps et se transformer en mouvement social, impliquant toutes les structures de la société.
La société algérienne dans son développement, produit certes, des contradictions et des tensions, mais elle n'est pas cependant, arrivée à former des acteurs, syndicaux, intellectuels, universitaires et politiques pouvant mener et gérer des mouvements sociaux en mesure d'occasionner une restructuration de la société, l'orienter au point de se développer et se reproduire.
Donc, il faut dire qu'on n'a pas encore une société civile très importante, ni une classe ouvrière ou moyenne pour gérer un mouvement social. Les acteurs censés gérer les mouvements sociaux entament à peine leur processus de formation, de structuration et de restructuration.
Peut-on faire une comparaison entre les tensions sociales en Algérie et celles de la Tunisie?
L'exemple de la Tunisie est édifiant. Car, il y a eu des tensions qui, du jour au lendemain, se sont transformées en mouvement social, et ce, en dépit de la dictature. Cela n'a été possible, il est utile de le noter, qu'à la suite de l'intervention de tous les acteurs de la société tunisienne comme un seul homme, chacun de son côté apporte sa brique pour la reconstruction de la Tunisie. Les Tunisiens ont su, contrairement aux Algériens, transformer une tension sociale en un mouvement social ayant conduit à la restructuration d'une nouvelle société et asseoir un changement structurel important dans leur histoire, grâce à l'implication de tous les animateurs de leur société. Des animateurs dont la maturité et la formation ne se démentent pas.
Cependant, la société algérienne a, quant à elle, traversé chaque cinq ou dix ans des tensions sociales qui n'arrivent pas tout de même à mettre sur pied une nouvelle restructuration et occasionner des changements structurels conduits par l'ensemble des acteurs de la société civile.
Aussi, faut-il comprendre que la société algérienne est, bien entendu, en phase de formation, de construction et de structuration. Résultat: la société algérienne produit certes, des tensions et des contradictions, mais elle n'arrive pas encore, fort malheureusement, à atteindre le niveau lui permettant de produire des mouvements sociaux porteurs de changements à défaut du caractère fragile de la société civile. D'où résulte aujourd'hui, le caractère conjoncturel et circonstanciel des conflits et des tensions sociales en Algérie.
C'est dire également que les foyers de contestation qui s'allument ici et là dans notre société, ne constituent pas des mouvements sociaux, nourris et animés par tous les acteurs de la société projetant vers l'avenir en quête de se reproduire et se développer.
Conséquence: les tensions s'apaisent à l'intervention du gouvernement qui, à son tour, apporte des solutions provisoires, en mettant à table des solutions d'urgence, de crise, car il n'a pas les capacités d'intégration et de gestion lui donnant l'accès à la voie pour détruire le mal à la racine, de manière définitive.
A vous suivre, c'est comprendre que la société algérienne compte une mince et fragile société civile, politique, encore moins une catégorie intellectuelle.
Le fait d'avoir des milliers de diplômés, cela ne veut pas dire qu'on a une classe intellectuelle. On ne peut pas non plus parler d'une société civile parce qu'on a des centaines d'associations.
Aussi, faut-il le dire, ce n'est parce qu'on a une soixantaine de partis politiques qu'on peut parler d'une classe politique. A cet effet, il convient de noter que l'absence de cet ensemble ne permet pas de passer d'une société à une autre. Car tout changement est nécessairement conduit et conditionné par cet ensemble d'éléments.
L'immolation par le feu est devenue dans notre société, un moyen d'expression chez de nombreux citoyens. Quelle est votre analyse?
L'absence de dialogue entre le dirigeant et le dirigé provoque un relâchement des deux côtés. C'est un fait qui exprime l'expression de cette contradiction dans des espaces publics. Mais, quand cette pratique devient constante cela signifie qu'il y a un dérèglement du système de gestion des tensions et des crises.
Maintenant, quand un individu ne trouve pas des canaux d'expression, ne trouve pas un interlocuteur au sein de sa société et ne compte plus sur les institutions qui le représentent, ce dernier se sent complètement exclu, il comprend en ce sens qu'il est rejeté des deux côtés.
Et pour exprimer sa détresse et son désarroi, il a recours à des actes de suicide spectaculaires, comme pour attirer l'attention des autres, voire une manière de nier son appartenance à la société dans laquelle il ne trouve point une oreille attentive. En analysant le phénomène de suicide, sous toutes ses formes, les sociologues disent aussi que lorsqu'il y a un relâchement des normes sociales sur l'individu, ce dernier se trouve tout seul, et pour exprimer sa détresse il a recours à un comportement déviant et pathologique. C'est une manière d'exprimer définitivement son divorce avec la société.
Quelle solution préconisez-vous en tant que sociologue?
Je pense qu'il est impératif dans toutes les sociétés à ce que les gens, qui sont appelés à trouver des solutions à des crises, connaissent parfaitement leur société. Car, le problème ne se pose pas seulement en termes de moyens de gestion.


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