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«Cheikh Mohand est un penseur»
ABDENNOUR ABDESSELAM
Publié dans L'Expression le 30 - 01 - 2011

Un colloque a été ouvert hier et se poursuivra aujourd'hui à Tizi Ouzou, à l'initiative de la maison d'édition «Le Savoir» sur la vie et l'oeuvre de Cheikh Mohand ou Lhocine.
Abdennour Abdesselam, auteur d'un livre sur Cheikh Mohand et également conférencier lors de ce colloque, revient dans cet entretien sur certains aspects saillants du penseur.
L'Expression: De tous les poètes kabyles, vous semblez vous intéresser le plus à Cheikh Mohand auquel vous avez consacré un livre. Pourquoi particulièrement lui?
Abdennour Abdesselam: Cheikh Mohand n'était pas poète. Ses dits ne s'accordent pas avec les techniques de la poésie et de la prosodie. La poésie n'était ni sa vocation ni son métier. Cheikh Mohand ou Lhocine a été plutôt un penseur, un philosophe qui a rempli une mission de service public, un devoir pour la société. Il était un séculier et en rapport avec son temps. Il n'a pas été tenté d'être un thaumaturge s'en allant produire des miracles.
Il n'a pas été également dans la promotion religieuse ni soumis aux règles d'un ordre, n'en déplaise à ceux qui veulent «conventionner» Cheikh Mohand à leur croyance, à défaut de le présenter par l'argumentaire de ses dits. Il est intervenu plutôt dans la stabilité, l'harmonie et l'équilibre du milieu social kabyle en utilisant toute la liberté et l'intelligence qu'il a découverts dans la langue kabyle et dont il s'est servi pour conceptualiser les choses. Il faut noter qu'il n'était lettré ni en français ni en arabe, ce qui naturellement, a grandi son mérite.
Ainsi, il a désenclavé la langue kabyle pour en faire une source d'idées dans la conception du monde. L'intervention du Cheikh contrebalance la résignation, réfute la divination, la prêtrise et ignore le dogme au profit de la prédominance des valeurs sociales qui établissent la logique et le bon sens de la vie qui fondent la raison humaine. C'est cet ensemble de données qui ont suscité mon intérêt pour Cheikh Mohand. Les autres n'en déméritent pas moins. Je note cependant que le sauvetage de la pensée du Cheikh et partant de la pensée kabyle, nous le devons à Mouloud Mammeri. C'est lui qui m'a davantage éveillé au maître de la pensée kabyle. L'ouvrage que je lui ai consacré n'est qu'un avenant à celui de Mammeri.
Pourquoi lorsqu'il s'agit de Cheikh Mohand ou Lhocine, on ajoute toujours le mot «penseur»?
En effet, le titre de «cheikh» qui lui a été attribué, n'a pas la même signification ni la même valeur données habituellement à un homme de culte, de sainteté ou encore appartenant à un ordre donné. Ici, le mot «cheikh», emprunté à la langue arabe, perd sa signification de promoteur de la religion.
Dans le cas de Mohand ou Lhoucine, il signifie une personne qui a accédé aux profondeurs de la pensée kabyle ainsi qu'à la parfaite maîtrise de la langue et qui les enseigne en même temps avec beaucoup d'adresse. Pour la mission qu'il a remplie, le mot approprié et originel, pour le nommer, aurait été «amussnaw» (penseur ou philosophe). Ce terme n'était pas d'un usage courant. Le rôle était joué mais le mot originel n'accompagnait pas l'auteur du jeu.
Aujourd'hui, l'opinion publique le perçoit de plus en plus comme un penseur à mesure que le discours le concernant avance et évolue.
La poésie de Cheikh Mohand Ou Lhocine est connue pour être proverbiale. Les gens, quand ils discutent aujourd'hui, leur arrivent-ils de citer Cheikh Mohand sans savoir que ces propos sont de lui?
Voilà plus d'un siècle que Cheikh Mohand ou Lhoucine est mort, ses dits demeurent encore en effet, le soubassement d'où continue de jaillir la renaissance de la pensée kabyle.
Par renaissance, j'entends le perpétuel développement et épanouissement de notre langue. Il importe peu que les locuteurs qui citent ses dits ne sachent pas systématiquement qu'ils sont de lui.
Le Cheikh n'a pas cherché à intérioriser ses dits mais plutôt à les répandre pour que l'intelligence humaine s'en saisisse utilement. Mais comme le disait Mammeri: «On ne peut pas passer à côté du Cheikh (entendre de ses dits) sans le reconnaître.» Un colloque est justement une opportunité pour le faire comprendre autrement au plus grand nombre.
Il semblerait aussi que des chanteurs kabyles aient utilisé dans leurs textes des vers de Cheikh Mohand sans le citer, est-ce vrai?
Effectivement, c'est le cas. C'est soit fait d'une manière involontaire et auquel cas, il n'y a rien à dire, mais dans le cas contraire c'est en effet un blasphème, une grave tricherie.
Qu'est-ce qui caractérise Cheikh Mohand de Si Moh Ou Mhand par exemple ou d'autres poètes de sa génération?
Si Mohand et les autres ont été des poètes qui versifiaient selon la teneur de la poésie de haute facture, alors que Cheikh Mohand a été un penseur philosophe ayant produit et proposé des conduites pour la vie, une culture pour la vie. Autant dire qu'il a établi des arguments philosophiques pouvant alimenter les contours d'un vrai projet de société.
Brièvement, comment a vécu Cheikh Mohand et comment est-il devenu poète?
Cheikh Mohand a vécu dans la société et non à sa périphérie. C'est justement parce qu'il a été dans le groupe social qu'il a compris qu'il fallait lui offrir les moyens intellectuels lui permettant de surmonter les contraintes naturelles imposées par la rudesse de la vie en région montagneuse et celles induites par la nouvelle colonisation avec son lot de bouleversements sociaux.
La société kabyle avait besoin d'un antidote et Cheikh Mohand était justement disponible. Il a construit des idées justes et solides dans un monde fragile. Il faut noter que du temps de Cheikh Mohand, il y avait une extraordinaire activité et effervescence du verbe. C'était d'ailleurs le même cas en Occident. C'est en effet le XIXe siècle qui a produit dans la sphère humaine le plus de génies et Cheikh Mohand est de ceux-là.


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