Trois d'entre eux étaient incarcérés depuis le 8 octobre 2009 après leur retour d'une visite qu'ils avaient effectuée dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf. L'information est de taille quand bien même l'actualité au Maghreb soit aujourd'hui dominée par la crise libyenne. La libération provisoire des quatre militants sahraouis des droits de l'homme est intervenue la veille de l'examen du rapport du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies sur le Sahara occidental par les quinze Etats membres du Conseil de sécurité de l'ONU. Qui sont-ils? Ahmed Mahmoud Hadi Kainan purgeait une peine de quatre ans dans une prison de Casablanca depuis le 18 octobre 2009 tandis qu'Ali Salem Tamek, Ahmed Naciri et Brahim Dahan, qui faisaient partie du groupe des sept, étaient détenus depuis plus de 18 mois, ballottés entre les prisons de Salé (Rabat) et Oukacha (Casablanca). «La libération de ce groupe est intervenue à la suite des appels répétés de nombreuses organisations des droits de l'homme et des instances parlementaires qui réclamaient leur élargissement, sans restriction ni condition», a indiqué le Collectif des défenseurs sahraouis des droits de l'homme (Codesa) dans un communiqué répercuté par l'agence de presse officielle sahraouie, daté du 14 avril 2011. Pour rappel, leur quatre autres compagnons ont bénéficié d'une liberté provisoire bien avant eux. Le 8 octobre 2009, ce que l'on appelle le «groupe des sept» a été arrêté sur le tarmac de l'aéroport Mohamed V de Casablanca par la police marocaine après son retour d'une visite effectuée dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf. Le témoignage du groupe a froissé le Makhzen. «C'est la première fois que nous venons en Algérie et nous apportons nos témoignages sur les souffrances de nos frères Sahraouis dans les territoires occupés, et aussi pour dire que ces derniers restent attachés à la cause légitime de leur pays» avait souligné Ali Salem Tamek. «Nous réagissons à une campagne médiatique et partisane menée au Maroc et dans les territoires occupés nous visant et qui dénature la réalité de la situation des droits de l'homme au Sahara occidental», a ajouté Ibrahim Dahane. Un crime de lèse-majesté. Ces déclarations ont été sanctionnées par 18 mois de cachot. Les trois hommes n'ont jamais nié, tout au long de leur incarcération, leur appartenance au Front Polisario et leur combat pour l'autodétermination du peuple sahraoui. Leur libération n'a été due qu'à une forte mobilisation des ONG internationales en leur faveur et à une série de huit grèves de la faim. Elle constitue néanmoins une surprise. Faut-il voir dans ce «geste» de la justice marocaine un réel signe d'apaisement dans le conflit du Sahara occidental ou une manoeuvre qui consisterait à influencer le Conseil de sécurité quant à son éventuelle décision de la mise en oeuvre d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme dont serait dotée la Minurso? Le mandat de la mission des Nations unies pour un référendum au Sahara occidental prend fin le 29 avril 2011 alors qu'une bataille féroce fait rage autour de la question des droits de l'homme dans les territoires occupés. Le Maroc et son traditionnel allié la France jurent par tous les dieux qu'ils sont respectés. La réalité du terrain prouve le contraire. Une date et un événement témoignent de la férocité dont font désormais preuve les forces marocaines dans les territoires occupés: le démantèlement du camp sahraoui de Gdeim Izik le 8 novembre 2010. Témoin-clé du black-out imposé par les autorités marocaines suite à la brutalité de l'assaut, le parlementaire français, Jean-Paul Lecoq, expulsé manu-militari, la veille de l'attaque, vient de saisir Ban Ki-moon. «J'ai l'honneur de vous demander de proposer dans votre prochain rapport annuel au Conseil de sécurité que le mandat de la Minurso soit étendu à la protection des droits de l'homme au Sahara occidental», a écrit au SG de l'ONU le député de Seine-Maritime. La remise en liberté du noyau dur du «groupe des sept» constitue une victoire dans le long combat pour l'exercice et le respect des droits de l'homme. Le Conseil de sécurité et Ban Ki moon n'ont pas le droit d'en interrompre la dynamique.