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«Un tableau doit d'abord m'attirer avant de me parler»
JOE OKITAWONYA, ARTISTE-PEINTRE, À L'EXPRESSION
Publié dans L'Expression le 04 - 05 - 2011

«Le vrai problème entre Africains c'est le manque de dialogue. On ne se connaît pas. Et l'ignorance engendre pas mal de choses...», affirme notre plasticien congolais.
L'Expression: Vous êtes Congolais, artiste-peintre de la République du Congo et vous vivez depuis dix ans en Algérie. Mis à part ça, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?
Joe Okitawonya: Je suis un artiste congolais effectivement, j'ai fait mes études à l'Ecole des beaux-arts d'Alger; j'ai participé à plusieurs activités culturelles. J'ai travaillé à la radio dans l'émission «Réaction en chaînes» avec Omar Zelig que j'aime beaucoup, c'est lui qui m'a mis dans le bain au sein de la radio et m'a donné cette chance. J'ai aussi participé à la réalisation de la fresque qu'il y a en face de la radio, j'ai fait aussi plusieurs expositions, à Tlemcen, Béjaïa, participé au 3e Festival international de la jeunesse et du livre, je me suis occupé de l'atelier «création» avec les enfants. J'ai été au coeur du Panaf car j'étais à la Cité des artistes de Zéralda, cela m'a permis de voir un autre visage de l'Afrique. Là-bas, il n'y avait pas de bruit, tout était mélodie, je ne sais comment vous l'expliquer ou le décrire, il fallait le vivre. J'ai adoré.
Vous avez lancé une démarche artistique bien originale et saugrenue qui est le poingéisme. Pouvez-nous expliquer ce concept?
L'idée s'est imposée à moi. Personne ne m'a encouragé. Tout le monde essayait de m'en dissuader. C'est un sujet qui me tenait à coeur. Je me sentais un peu emprisonné dans ce concept d'art contemporain. Au XIXe ou au XVIIIe siècle, il y avait une diversité des courants. On a eu le cubisme, l'impressionnisme, etc., il y avait une ouverture. On t'orientait artistiquement. A notre époque, au XXIe siècle, il n'y a rien.
On s'accroche à ce concept d'art contemporain. Tout le monde est contemporain! Je ne suis pas contre, l'artiste n'est contemporain que par sa création par rapport à une époque. Le contemporain a toujours existé.
Je me sentais donc étouffé. Qu'est-ce qui caractérise la contemporanéité? C'est le matériel qui change de nom. Le happening existait déjà. Aujourd'hui, on invente des noms et cela devient de l'art contemporain.
Quand je parlais du poingéisme, ce n'était pas pour choquer. C'est quelque chose qui dépasse l'aspect sexuel. C'est le plaisir qu'on a quand on peint et celui de le partager avec son public. Car la peinture n'est pas faite pour être cachée. C'est quelque chose qu'on apporte à la société. A travers la peinture, j'aime apporter du beau. Un tableau doit d'abord m'attirer avant de me parler.
D'autant plus que vous aimez peindre en évoquant la femme, notamment africaine dans toute sa splendeur...
Oui. Il est vrai qu'au départ, ce n'était pas le but, mais très tôt je me suis engagé pour la liberté d'expression de la femme. C'est vrai que la femme africaine n'est pas libre. Je n'ai jamais compris...Je suis croyant mais dans toutes les religions, c'est toujours l'homme qui est privilégié. On demande toujours à la femme de faire des efforts. Moi, je n'adhère pas à ça. Le Bon Dieu nous a créés tous égaux. Il faut qu'il y ait une complicité. Pourquoi imputer à la femme et l'homme des rôles à jouer? C'est cela qui gâche tout...
Outre ce concept, je crois savoir que vous avez l'espoir de monter une association en Algérie du nom d'Africart. En dépit du fait que vous n'ayez pas encore l'agrément, vous avez tout de même entrepris des actions. Un mot là-dessus?
C'est mon vécu qui m'a poussé à créer cette association. J'étais au Congo et je ne connaissais pas l'Algérie. De ce pays, je ne connaissais que ce que les télés occidentales pouvaient véhiculer.
Une Algérie terroriste et raciste, tout comme vous pouvez l'imaginer. Lorsque je suis venu, j'ai été confronté à autre chose.
On ne m'a jamais dit que c'était l'Algérie de Kateb Yacine, on ne m'a jamais dit que l'Algérie c'était à l'époque la Mecque des révolutionnaires. J'ai été confronté à toutes ces réalités. Je me suis rendu compte que le Congo n'était pas connu en Algérie.
Tout le monde connaît et aime Lumumba, mais ne savait pas qu'il venait du Congo, on me demandait s'il y avait des maisons au Congo etc. je me suis dit qu'il y a un problème en Afrique. Le vrai problème entre Africains, c'est le manque de dialogue.
On ne se connaît pas. Et l'ignorance engendre pas mal de choses, des préjugés et l'intolérance. Je me suis dit que la meilleure façon d'aborder un Africain, c'est de reconstruire la culture africaine.
Vu que je suis un artiste, mon rôle était donc de créer des liens et des passerelles culturelles entre nous. Je suis aussi parmi les membres fondateurs de l'Association des étudiants étrangers (Congolais) et on organise des activités en Algérie.
On a organisé des ateliers culturels à Alger, Béjaïa, Oran, pour montrer ma culture et le vrai Congo à l'Algérie. Et par la même, je voulais que mes amis congolais ôtent de leur tête cette mauvaise image négative qu'on leur a transmise sur l'Algérie. C'est un pays africain, on est des frères.
D'autres projets en perspective?
Mon plus grand projet ou rêve, ce serait d'emmener mes amis artistes algériens au Congo et organiser un truc et vice versa. Créer une synergie artistique!
En tant que Noir d'abord, et artiste ensuite, souffrez-vous du racisme et confortez-vous cette idée sur le racisme de l'Algérie ou des Algériens. Etes-vous d'accord?
A chaque fois qu'on me pose la question, je dis que j'ai un parcours un peu différent. J'ai baigné et je baigne dans un milieu différent qui est artistique.
Beaucoup d'amis m'ont aidé. Mais j'ai des amis aussi ici qui sont des Noirs africains. Je ne peux pas dire que l'Algérie est raciste, mais que la majorité des jeunes sont ignorants dans le sens où ils ne se considèrent pas comme Africains.
Les gens commettent la même erreur que j'ai commise avant de venir en Algérie. Ils se fient à ce que l'Occident nous montre. Ici, il y a cet autre forme de colonisation que sont les médias. On cultive une certaine méfiance entre nous, Peuls africains.
A chaque fois que je parle à un Algérien, pour lui, l'Afrique noire est synonyme de guerres, la forêt, on me demande si on chasse les lions, si on possède des maisons... je pense qu'avant de chercher à faire un bon musulman, il faut être bien éduqué, car tout va de pair. Car quand tu passes, il y a des jeunes qui t'insultent.
Les enfants sont agressifs et t'envoient des pierres, tu te poses des questions. C'est ce qui me choque en Algérie. Toutefois, quand tu viens pour la première fois en Algérie, tu n'as pas envie d'y rester. Mais si tu restes, tu n'as plus envie de partir. Car c'est là où tu arrives à découvrir!


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