Un gogo biblique avait vendu son droit d´aînesse pour un plat de lentilles. Et le droit d´aînesse fut l´un des privilèges abolis par la Révolution française. Et aujourd´hui M.Zerhouni veut supprimer le droit du plus âgé à avoir voix prépondérante dans les votes des Assemblées municipales, pour la désignation du maire, car c´est une disposition qui fausse le résultat des urnes. Même si on n´apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces, ce n´est pas parce que on a quelques années de plus à son extrait de naissance qu´on est plus intelligent, ou en l´occurrence qu´on a plus de légitimité. Cela dit, M.Zerhouni est plus en phase avec la souveraineté populaire lorsqu´il cherche à réformer de telles anachronismes que lorsqu´il envoyait un courrier aux abstentionnistes. Quand la majorité des élus sont membres d´un même parti, il y a (peut-être) une certaine logique à ce qu´ils décident de confier les rênes de la municipalité aux plus âgés d´entre eux. Et même là, il y aurait à redire: la vraie logique aurait voulu qu´on désigne le plus compétent, le plus méritant, celui qui est en mesure de régler les problèmes de la commune. Le droit d´aînesse est une résurgence du parti unique, quand, en effet, les plus sages devaient avoir quelques rides et quelques cheveux grisonnants de plus. Quant à l´Etat algérien, après avoir remis en cause la légitimité révolutionnaire, pour la remplacer par la légitimité populaire, il en vient maintenant à remettre en cause d´autres privilèges. Ce sera l´un des acquis (pour reprendre un terme affectionné par les politiques) de cette élection du 29 novembre 2007. En fin de compte, c´est une simple question de bon sens. Il est tout à fait normal que le candidat qui aura obtenu le plus grand nombre de voix soit prioritaire. Et en parallèle, que le parti qui aura obtenu le plus d´élus ne se voit pas souffler la victoire par un parti dont les élus ont les cheveux plus grisonnants. Mais la suppression de cette disposition anachronique prendra quelque temps. Et retardera un peu la désignation des nouveaux maires. Sachant que les maires sortants n´ont pas réglé les problèmes des citoyens, on sait tous qu´il n´y a pas le feu en la demeure, et qu´on peut patienter un peu avant de connaître le nom des nouveaux maires. L´essentiel étant bien sûr, de respecter le choix des électeurs. Qui eux, ne se sont certainement pas basés sur l´âge des candidats. On retiendra surtout que pour les âmes bien nées, la valeur n´attend pas le nombre des années.
