L'exposition met en exergue un dialogue entre les cultures et les générations, basé sur les matériels, les signes et les iconographies. Sous le patronage du ministère de la Communication et de la Culture algérien, de l'ambassade d'Italie et de la région de la Sicile, une exposition d'art contemporain italien se tient actuellement au Palais de la culture Moufdi-Zakaria. Il s'agit d'une riche collection collective provenant du musée «Dealla Trame del Mediterraneo» de la «fondazione Orestiadi» de Gibellina. L'inauguration de cette exposition a eu lieu la semaine passée devant un public nombreux, cérémonie marquée en outre par la présence de Son Excellence l'ambassadeur d'Italie à Alger, M.Romualdo Bettini, M.Salvatore Cuffaro, président de la région de la Sicile et le célèbre critique d'art, le professeur A.Bonito Oliva. M.Romualdo Bettini soulignera l'importance de cette remarquable collection collective de l'art italien qui «résume de façon exemplaire le parcours artistique de la seconde moitié du XXe siècle à travers l'oeuvre de maîtres confirmés comme des classiques modernes». M.Salvatore Cuffaro a rendu pour sa part, un hommage à la région de la Sicile et à ses habitants durement touchés par les récents tremblements de terre et par l'éruption du volcan l'Etna». Il a souligné aussi l'objectif de la fondation de Gibellina qui a vu le jour en 1992 grâce à l'initiative du sénateur Ludovico Correa après la catastrophe qui a détruit presque entièrement la ville en 1968. Un tour d'horizon de cette exposition nous permet de découvrir 24 oeuvres de 22 artistes italiens. Des oeuvres originales aux formes multiples déclinées soit en tableaux souvent abstraits ou en installations et sculptures. «L'ensemble de ces oeuvres proposent, en retrouvant un regard méditerranéen du vécu et du visu, la culture de notre temps», confie le sénateur Ludovico Corrao, président de la fondation Orestiadi de Gibellina. Aussi, la présente collection témoigne de la renaissance d'une ville à travers ses segments culturels inspirés par l'Espagne, la France, et à travers l'Italie jusqu'aux pays arabes. Bref, de belles traces de la civilisation méditerranéenne. «Le musée delle trame Mediterranée di Gibellina institue un modèle inédit d'exposition, introuvable dans aucun autre pays du monde, car il sélectionne et présente des oeuvres et des produits faits main qui appartiennent non seulement à différents langages artistiques, mais aussi à d'autres expressions de la vie, du symbolique au vêtement de tous les jours», explique Achille Bonito Oliva, le critique d'art. Parmi ces oeuvres, on peut distinguer ces toiles de peinture abstraite, déclinées en rouge et jaune de Carla Accardi dont la technique est basée sur les recherches optiques, celle de Franco Angeli qui dénonce dans sa peinture la guerre du Viêtnam par des tracés de couleurs hachées réalisées sans doute au couteau. Adepte du nouvel art qui tend à la rénovation du langage plastique, Antonio Corpora fait partie - à l'image de nos Esebaghine - du «groupe des huit». Il a participé à plusieurs biennales de Venise et obtient en 1952 le prix de la jeune peinture italienne. Mimmo Germana né en 44 et décédé en 92, est présent quant à lui par son tableau d'une grande intensité émotive. Un paysage naturel pris dans une tempête de vent. Dans Champ de pain, Mario Schifano privilégie le geste et la matière dont il enduit ses nombreuses oeuvres de grand format. Le chaos de Gibellina est traduit en gris dans une des oeuvres de Toti Scialoja, artiste mais aussi critique d'art et rédacteur artistique de Mercurio sans oublier qu'il est aussi dessinateur de scènes et costumes pour de nombreux spectacles de ballets et de musique en Italie et en Amérique. Côté installation, l'exposition en compte plusieurs, notamment ce protrait de Mario Schelfano, une fonte en bronze, réalisée par Krzysztof Bednarki, cette maquette de la place «Cretto» de Gibellina. Une oeuvre réalisée après le tremblement de terre de 1968. Elle est aujourd'hui considérée comme l'une des plus importantes et émouvantes oeuvres de «land Art» en Europe. Comme d'autres artistes qui consacreront plusieurs de leurs sculptures pour Gibellina. L'on peut noter également Pietro Consagra dans un modèle d'architecture de «la ville frontalière», Enzo Cucchi dont le travail artistique est consacré à l'instrumentation picturale et l'analyse originale et sincère de l'homme et de la nature comme on peut le constater à travers ce modèle d'appareil scénique pour les «obsèques de la lune». La sculpture moderne est aussi mise en exergue dans les oeuvres de formes géométriques variées de Fausto Melotti. Cette exposition de l'art contemporain italien a été enrichi d'un fonds bibliothécaire provenant de la bibliothèque centrale de la région de Sicile de Palerme. De rares volumes d' arabistique, témoignage des profonds liens culturels qui unissent la Sicile aux terres du Maghreb, notamment dont la présence islamique dans l'île en 827. Le visiteur pourra ainsi apprécier ce «dialogue entre les générations et les cultures, basé sur les signes, les matériels, les iconographies et les identités», affirme le sénateur Ludovico Corrao. L'exposition s'étalera jusqu'au 2 décembre 2002.
