C´est du moins l´impression qui se dégage des déclarations insolites de responsables israéliens qui critiquent la disponibilité du président américain, Barack Obama, à rapprocher, sinon réconcilier, les Etats-Unis avec le monde musulman après les équivoques et malentendus vécus sous la présidence de George W.Bush. Comme quoi, Israël reste sur une conception peu amène de la paix laquelle ne serait viable que sous la pression et l´intimidation par la force. Ainsi, avoir des rapports normaux avec le monde musulman serait dangereux pour l´existence d´Israël. Un concept à tout le moins absurde des relations entre les Etats et les religions, qui voudrait que la coexistence ne peut se concevoir que sous l´angle de la domination. De fait, Israël - petit îlot dans l´océan musulman - ambitionne de faire de la zone arabo- musulmane son espace d´influence et de sécurité. Plus explicitement, mettre un milliard et demi de musulmans sous le joug d´un petit Etat de six millions d´âmes. Ce que déclaraient en leur temps les Begin, Golda Meir et autre Dayan qui prétendaient que l´aire de sécurité d´Israël allait du Pakistan au Maroc. En d´autres termes, Israël refuse son environnement arabo-musulman à moins que celui-ci ne lui soit soumis et se plie au diktat d´un Etat militariste, le seul détenant, de surcroît, l´arme nucléaire. Depuis que l´Etat hébreu à été imposé par le Conseil de sécurité de l´ONU à la communauté arabe - lors du partage de la Palestine historique en 1947 - Israël n´a fait aucun effort pour se concilier son nouveau voisinage arabe. Bien au contraire, privilégiant la force, Israël a voulu s´imposer aux Arabes, ce qui explique la durée inusitée du conflit israélo-arabe qui perdure depuis plus de 60 ans. Les déclarations du ministre israélien des Transports, Israël Katz, proche et porte-parole officieux du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui s´inquiétait hier de l´ouverture vers le monde musulman initiée par le président Obama, en disent long sur la notion de paix que professe l´Etat hébreu. Katz déclarait hier, à la veille de l´arrivée d´Obama en Arabie Saoudite, que «le président américain a le droit de tenter de se réconcilier avec le monde musulman, faire concurrence à Al Qaîda ou l´Iran, pour conquérir son coeur. Pour notre part, nous devons vérifier que cela ne portera pas atteinte à nos intérêts communs». Donc, Israël s´érige en gendarme du monde arabo-musulman et censeur des Américains pour peu que ceux-ci prennent (enfin) en compte leurs intérêts bien compris. Israël semble ainsi cultiver la haine plutôt que de chercher la paix avec ses voisins arabes, en voulant s´imposer à eux par le bâton afin de les maintenir dans un rôle de sujétion, l´Etat hébreu reprenant à son compte la doctrine du «Big Stick» (gros bâton) menée par le président Theodore Roosevelt au début du XXe siècle qui visait à faire assumer aux Etats-Unis une place de police internationale. Israël veut ainsi assumer à son niveau le rôle de «police» du monde musulman, jusqu´à prétendre lui interdire la recherche scientifique, tournant le dos à la paix et faisant le choix de la guerre. Pourtant, Obama offre une opportunité irremplaçable à Israël de se joindre à l´effort de paix qui ne peut se concevoir au moment où l´Etat hébreu poursuit la judaïsation de Jérusalem-Est et l´extension des colonies juives en Cisjordanie occupée. Israël a refusé, en 2002, la main tendue de la Ligue arabe pour une solution équitable du dossier israélo-palestinien. L´inquiétude d´Israël quant à une «réconciliation» entre le monde musulman et les Etats-Unis semble tout à fait à contresens de l´histoire et montre qu´Israël n´est pas prêt à la paix et n´a jamais fait l´effort d´être un jour en mesure de la vivre avec son voisinage arabe. Cela suppose que les Palestiniens auront été rétablis dans leurs droits par la création de leur Etat aux côtés de l´Etat hébreu. Mais la paix fait toujours peur à Israël.