Le Chef du gouvernement semble conscient des enjeux dont il est question. Paupérisation croissante, chômage, contestation sociale, grèves...sont autant d'indicateurs inquiétants qui témoignent d'une situation, voire d'une crise multidimensionnelle aiguë. L'Algérie, qui se trouve en pleine mutation économique, politique et sociale, est confrontée à des problèmes multiples qui freinent sensiblement son développement. Dans son rapport semestriel, le Cnes ne manque pas de souligner «ce paradoxe d'une économie baignant dans une embellie financière sans précédent et souffrant encore des retombées d'une récession lourde, en l'absence de choix stratégiques consensuels». L'importance des liquidités disponibles grâce aux sacrifices des Algériens (cadres, travailleurs, et autres), ne sont perceptibles ni sur le plan économique, ni sur le plan social. Le faible niveau des crédits accordés à l'économie et le taux de paupérisation alarmant devraient, selon les membres du Cnes, alarmer les pouvoirs publics. Ces écarts, voire ces iniquités dans la répartition des richesses nationales à qui de droit (le peuple, sans distinction aucune) risquent de mener le pays vers des dérives dangereuses et incontrôlables. Pour pallier cette situation et désamorcer une implosion sociale qui s'avère imminente, le Cnes invite les pouvoirs publics à «s'interroger sur l'efficacité des dispositifs de correction de cette répartition et de réduction des inégalités et des mesures destinées à garantir, à chaque citoyen, un accès équitable au service public». Conscient de cet état de fait et de ce déséquilibre marquant, le Chef du gouvernement, M.Ali Benflis qui a inauguré les travaux de la 21e session plénière du Conseil (au Palais des nations) n'a pas manqué d'inviter, à son tour, toutes les forces, actives existant sur la scène politique, économique et sociale à consacrer le concept de «pacte social». Une proposition faite par le Cnes depuis plusieurs années (depuis 1998 au moins). Ce pacte devra permettre, selon M.Benflis, de trouver les équilibres nécessaires entre les acquis obtenus et tous les sacrifices qui ont été faits. Le but étant d'établir une certaine justice et un minimum d'équité. Evidemment, la chose n'est pas aussi simple, car il faudrait qu'il y ait une forte volonté de la part de toute la sphère politique et décisionnelle pour rétablir l'ordre des choses. Pour sa part le Chef du gouvernement semble conscient des enjeux dont il est question. Sans une stabilité interne, jamais le pays ne pourra sortir de sa crise. C'est pour cette raison d'ailleurs que le Premier ministre insistera longuement sur le dialogue avec toutes les parties sans exclusion aucune. Son message est assurément valable aussi bien sur le plan économique que politique. En attendant que cet appel trouve une oreille attentive, les tensions sociales continuent de monter, alors que le pouvoir d'achat est en chute libre. Un constat qui a été relevé amèrement par l'ensemble des intervenants (les représentants de l'Ugta, le patronat, et autres) qui rappellent à chaque fois la bonne situation financière du pays. L'argent du peuple doit revenir au peuple, ne cesse-t-on de répéter. Encore faut-il que cette voix sourde tombe dans une oreille attentive...