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Azwaw Hadj Hamou : “J'ai fait le mort de peur d'être achevé…”
Des témoins racontent
Publié dans Liberté le 05 - 10 - 2008

A lui seul, il incarne sans doute toute l'étendue du drame des évènements d'Octobre dont nous célébrons le 20e anniversaire. Et, probablement, les désillusions qui les ont accompagnés. À 41 ans, Azwaw Hadj Hamou, issu d'une famille révolutionnaire, père de trois enfants, aujourd'hui travailleur chez les cheminots, n'est pas près d'oublier cette fatidique journée du 10 octobre 1988, lorsqu'il a été criblé d'une dizaine de balles à hauteur de la DGSN. Amputé du bras gauche, portant toujours des cicatrices des éclats de balles sur son bras droit et au nez, Azwaw garde toute sa lucidité malgré les traumatismes endurés. Témoin privilégié des évènements pour avoir été au cœur de la tourmente, il nous raconte cette période où sa vie a basculé et où l'Algérie a été ébranlée dans ses fausses certitudes post-Indépendance.
“Fin de matinée du 5 Octobre, moi j'étais à Réghaïa. Les gens parlaient déjà de la situation difficile du pays et la tension était déjà dans l'air. Ce jour-là, je suis resté à la maison et je n'ai pas bougé. Deux jours après, soit samedi, je décide de descendre sur Alger. Je n'ai pas le souvenir avec précision, mais je crois que c'était ce jour où j'ai vu pour la première fois un char stationné en plein cœur d'Alger, précisément à la place baptisée aujourd'hui la “place de la Liberté de la presse”, sur l'avenue Hassiba-Ben-Bouali. Les militaires étaient souriants. J'avais à l'époque 21 ans, mais je commençais à prendre conscience déjà des enjeux et des difficultés quotidiennes. Je me rappelle aussi quand ils ont attaqué le ministère de la Jeunesse et des Sports, sis à la place du 1er-Mai, dont le rez-de-chaussée était un monoprix. Un climat de psychose y régnait. Des rumeurs sur des morts par balle ainsi que l'arrestation de militants Pagsistes (Parti de l'avant-garde socialiste, ancêtre du MDS) alimentaient les discussions des initiés. C'est alors que je décide de repartir à Réghaïa en compagnie de mon père. Sur le chemin du retour, hormis quelques barricades, aucun service d'ordre n'était à signaler. Deux jours plus tard, je redescends sur Alger, chez mon père, qui tenait un restaurant à la rue Hassiba, en contrebas du marché Clauzel, non loin de la place Maurétania. Après trois jours de fermeture, nous avions décidé de rouvrir. Vers dix heures, je reçois un appel de ma sœur qui habitait Belcourt. “Des gens, pour la plupart barbus, veulent faire une marche”, me prévient-elle. Rapidement, j'accours vers mon oncle qui avait également un restaurant non loin de l'hôpital Mustapha pour l'informer et lui dire de baisser les rideaux. À mon retour, mon père, résolu à travailler, me demande d'aller chercher du pain. La plupart des boulangeries du coin étant fermées, je décide alors d'aller vers Bab El-Oued. Sur le chemin, je rencontre une amie qui m'accompagne. Arrivés à hauteur de la place des Martyrs, nous croisons les marcheurs venus de Belcourt. Nous continuons notre chemin, lorsque arrivés à hauteur de la DGSN, des coups de sommation retentissent. Ils ne dissuadent pas pour autant les marcheurs. Et, brusquement, des coups de feu tirés on ne sait d'où sèment la panique. Les militaires postés devant l'immeuble de la DGSN commencent à tirer sans discernement. Touché par neuf balles, affalé à même le sol, près du lycée émir-Abdelkader (ex-Bugeaud), j'avais du sang partout. Des corps gisaient à côté de moi et la fille était morte entre mes bras sans que je m'en rende compte. J'ai fait le mort pendant quelques instants de peur d'être achevé. Et malgré les douleurs qui m'étreignaient, le bras gauche qui pendait, j'ai pris mon courage à deux mains et j'ai marché quelques mètres en sens inverse. Le premier homme que je croise enlève sa chemise et tente de me placer un garrot sur mon bras dans l'espoir de stopper le sang qui continuait à couler. Arrivé près de la mosquée Betchine, à la place des Martyrs, un barbu me prend à l'infirmerie de la société de rénovation de La Casbah pour me prodiguer les premiers soins. De là, quelqu'un, dont je ne me souviens pas très bien, me prend dans sa fourgonnette vers l'hôpital Mustapha. J'y resterai trois mois. Je n'oublierai jamais la solidarité du service médical de l'hôpital. Ce n'est que le lendemain que mon père sera informé grâce à une femme de nationalité française qui y travaillait. Depuis, il souffre du diabète…”
Malgré cette dure épreuve, Azwaw n'obtiendra pas le statut pour lequel l'association des victimes d'Octobre, créée quelques mois après les évènements, s'est battue. “Bitat (président de l'Assemblée alors) nous a reçus le 1er anniversaire des évènements ; il nous a promis de satisfaire toutes nos doléances mais, malheureusement, il démissionnera après…” “On avait l'espoir en Boudiaf, il est mort après…” Que retient-il de ces vingt ans ? Un seul mot revient dans la bouche de cet homme qui ne semble pas être gâté par le sort : la désillusion. “Il faut que Chadli, Hamrouche et Betchine parlent pour connaître la vérité sur ces évènements. Au début, il y avait un grand espoir pour la démocratisation du pays, mais aujourd'hui, tous les acquis ont été remis en cause. Et rien de plus édifiant que l'emprisonnement de Benchicou, un homme auquel il voue un grand respect et auquel il a tenu à rendre un hommage à travers ces colonnes.” Azwaw, qui perçoit une pension de près de 18 000 da le trimestre et qui n'a commencé à travailler qu'il y a quelques années seulement, dispose d'un statut… “d'accidenté de travail”.
K. K.


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