Le président fondateur de l'association Mémoire active bônoise, M. Bernard Haddad, accompagné d'une délégation a effectué en fin de semaine dernière une tournée de cinq jours qui l'a mené dans les wilayas de Guelma, Souk-Ahras et Annaba, à travers lesquelles il a pu s'enquérir sur l'état des cimetières chrétiens et juifs de ces trois agglomérations. Cette visite, qui était programmée depuis le mois de février 2008, date de la fin des travaux de réfection entrepris sous l'impulsion du Consulat général de France au niveau du cimetière juif de Annaba, notamment, a permis à la délégation de Mémoire active bônoise de constater de visu les résultats de l'opération de réhabilitation des nécropoles et de s'entretenir avec les autorités et les élus locaux desdites wilayas. Visiblement ému par la chaleur de l'accueil qui a été réservé à la délégation par les édiles locaux et les représentants de l'administration de chacune des wilayas citées, le président de l'association française s'est dit globalement satisfait de l'avancement des travaux. “À Guelma, où nous nous sommes rendus en premier, le cimetière chrétien est parfaitement conservé et nous nous en réjouissons. Quant au cimetière juif, visité précédemment au cours du mois de mai 2008, il a été constaté qu'une opération de nettoyage a été en effet engagée. Les autorités locales nous ont assuré de leur volonté de poursuivre cette action, jusqu'à restauration, à la charge des autorités consulaires françaises, des sépultures dégradées. Il reste entendu que le nouveau mur d'enceinte de ce cimetière reste à la charge de la commune, en respect des accords bilatéraux ratifiés en mars 2003 par messieurs les présidents, Jacques Chirac et Abdelaziz Bouteflika, dans ce cadre précis”, devait déclarer M. Bernard Haddad, qui indiquera à propos du financement des travaux de réhabilitation et de restauration des nécropoles datant de l'époque coloniale, que le ministère des Affaires étrangères français a effectivement dégagé une enveloppe budgétaire conséquente mais que cet argent ne saurait à lui seul suffire pour redonner leur dignité aux centaines de milliers de tombes existantes. De notre côté, rappelons que lors de sa visite à Alger, en 2003, Jacques Chirac avait annoncé la signature d'un accord franco-algérien prévoyant le lancement d'un vaste plan de réhabilitation des grandes nécropoles urbaines ainsi que le regroupement de 62 cimetières difficilement récupérables dans des ossuaires. Selon les informations en notre possession, 38 cimetières ont déjà été réunis. Le coût de ladite opération de restauration, qui a été estimé à 1,4 million d'euros, est pris en charge par le ministère français des Affaires étrangères tandis que les autorités locales algériennes doivent s'occuper de l'aspect entretien des nécropoles réhabilitées. “Les cimetières chrétien et juif visités à Souk-Ahras sont en parfait état de conservation. Les seules dégradations constatées sont dues à l'œuvre des intempéries et du temps qui passe. Nous nous félicitons de ce constat positif et je tiens personnellement à remercier les autorités locales et régionales qui ont fait part de leur intention de veiller tout particulièrement à ce que ces deux lieux de mémoire soient conservés et préservés, ceci, en continuant à prendre en charge, comme cela a été fait jusqu'à présent, les frais d'entretien et de gardiennage des deux cimetières”, a ajouté le président de Mémoire active bônoise, tout en relevant que le mur d'enceinte dudit cimetière nécessiterait une réfection partielle, voire même d'être conforté par un nouveau mur de mitoyenneté, qui sécuriserait encore plus le site contre les glissements de terrain, la nécropole étant assise sur une déclivité. À l'issue de sa visite dans les cimetières juif et chrétien d'Annaba, ville dont il est lui-même natif, le président de l'association, se montrera également satisfait de la disponibilité des élus locaux qui ont apporté une contribution appréciable à son action. Il demande toutefois qu'un effort supplémentaire soit consenti par la commune en procédant à un désherbage des sites. “C'est là un début de concrétisation de l'un des premiers objectifs que s'est assigné Mémoire active bônoise, à savoir la restauration et un plan durable de préservation, comprenant le gardiennage et l'entretien de ces lieux de mémoire que sont les cimetières français afin que nos morts puissent reposer en paix”, dira M. Haddad avant d'expliquer que l'association qu'il préside plaide pour le rapprochement des peuples. “Nous ne sommes pas une association politique, la preuve étant que Mémoire active bônoise regroupe en son sein des amis algériens de confession musulmane. Cette association n'a d'autre ambition que de construire et entretenir un pont d'amitié entre juifs et chrétiens français natifs d'Algérie et Algériens indépendants, qui non seulement ne nous refusent pas leur aide mais travaillent de concert avec les autorités françaises pour restaurer ce qui reste de notre mémoire.” A. Allia
