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Amara Lakhous : “Cette récompense est une réconciliation entre les générations”
L'écrivain a reçu hier le prix des libraires 2008 pour Choc des civilisations
Publié dans Liberté le 05 - 11 - 2008

Dans cet entretien, Amara Lakhous revient sur cette aventure et dit les thèmes phare de sa littérature.
Liberté : Tout d'abord, un mot sur le prix des Libraires 2008, que vous venez de recevoir…
Amara Lakhous : J'ai reçu jusqu'à maintenant deux prix très importants en Italie, et je peux dire que ce prix des Libraires a un charme particulier parce qu'il est partagé. J'ai reçu le prix en présence de ma mère, ma sœur et quelques amis ; donc, il y a ce partage que, malheureusement, je n'ai pas eu dans les expériences et les prix précédents. Ensuite, ce prix des Libraires me touche particulièrement, car je considère que les libraires font un travail très généreux puisqu'ils représentent un pont entre les écrivains et les lecteurs. Un écrivain sans lecteur est un écrivain qui n'a pas de légitimité ; on écrit parce qu'on est lu. Donc, ce n'est pas un prix institutionnel, c'est un prix de connaisseur et il s'inscrit dans la continuité car il a déjà été donné à des écrivains très importants, entre autres Waciny Laredj, Maïssa Bey, Rachid Boudjedra, etc. Et, c'est quelque part une réconciliation entre les générations.
Votre roman, Choc des civilisations pour un ascenseur Piazza Vittorio, publié aux éditions Barzakh, s'articule autour de 11 versions de la vérité, autour de la disparition de son héros, Amadeo. L'harmonie dans laquelle semblait baigner Amadeo, avant sa disparition, n'est-elle pas due au renoncement de la mémoire ?
Vous avez touché le thème le plus important du roman. Même dans mon premier roman, la mémoire était très présente. En fait, toutes les psychologies travaillent sur la mémoire, et elle est à double tranchant. Si nous avons la capacité et les instruments pour élaborer cette mémoire, donc s'il n'y a pas cette peur et cette fragilité profonde, alors nous sommes gagnants. Mais lorsqu'elle est fragile, la mémoire devient un obstacle, et l'Algérie n'a malheureusement pas la capacité d'élaborer son passé. Je me rappelle, par exemple, la polémique qui a entouré des déclarations de l'ancien président Ahmed Ben Bella, concernant la grande figure de la Révolution algérienne Abane Ramdane. C'est un exemple très clair sur cette fragilité algérienne. Si l'on n'a pas la capacité de travailler sur la mémoire, on n'a pas la possibilité de travailler avec la mémoire récente. Avec le discours sur la concorde civile, on a essayé de passer à la page suivante sans lire la page précédente ou celle qu'on a sous les yeux. Malheureusement, l'Algérie a ce problème de la mémoire. Moi, je suis Algérien et je suis obsédé par le problème de la mémoire : travailler sur la mémoire sans avoir peur et avec courage. Amadeo est conscient de ce problème de la mémoire qui devient un présent, et comme nous tous, il a besoin d'un peu de force et de temps pour la guérir, car la mémoire est une blessure.
L'intrigue, au sens classique du terme, est souvent rétrogradée au second plan. Le roman traite de l'homme dans un environnement autre que le sien et dans un contexte multilingue…
Oui, c'est vrai et c'était un défi pour moi. Lorsque j'étais étudiant en philosophie, j'étais vraiment frappé par le mythe de la caverne de Platon.
Le philosophe grec raconte qu'il y a des prisonniers enchaînés, et à un moment donné, l'un d'entre eux se libère et sort. Il se rend compte que la vérité est dehors et lorsqu'il retourne voir ses compagnons… avec la vérité, ils refusent de sortir. En fait, la culture de l'autre est un risque qu'on ne veut pas toujours prendre.
Moi, j'ai toujours considéré le rapport avec l'autre comme une grande richesse : linguistique, culturelle, religieuse… Plus encore, j'ai baigné dans le pluralisme et je me suis toujours trouvé à mon aise.
N'y a-t-il là pas une tentative de justification du conflit civilisationnel, cité dans le titre, par une réappropriation de l'identité ?
C'est une interprétation. Ce qui m'intéresse dans la rencontre des cultures — pour ne pas parler de choc des civilisations —, c'est la valeur de la diversité. La diversité ou l'autre, c'est un peu comme un miroir.
Et nous avons chaque jour besoin de nous voir dans un miroir pour nous améliorer, pour nous confronter à nous-mêmes. Les “hurlements”, c'est un peu le miroir de la narration : il y a le personnage qui raconte sa vérité et il y a ce reflet qui dit quelque chose de nouveau. Pour moi, le rapport avec l'autre, ce n'est pas un rapport conflictuel, mais un rapport de richesse et de contribution.
S. K.
Bio express
Né en 1970, Amara Lakhous a eu une première vie littéraire en Algérie, à l'aube des années 2000, avec deux romans en arabe : les Punaises et le Pirate (1999) et Comment téter de la louve (2003). Installé depuis 1995 en Italie, il réécrit en 2006 son deuxième roman en italien qui change de titre et devient un best-seller, avant d'être traduit en français. Epilogue de cette épopée livresque : le prix Aslia 2008 vient de lui être remis à Alger.


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