Alors que le projet devait augurer d'un changement moderne de la ville de Constantine, la délocalisation des habitants du quartier Bardo a, dans son sillage, entraîné mort et désolation. Depuis le début de l'opération entamée en janvier dernier, la délocalisation des habitants du quartier Bardo, situé en plein cœur de la ville de Constantine a provoqué plus de mal que de bien. Si pour les autorités locales, la démarche est louable, les habitants du quartier, eux, continuent de qualifier l'acte “d'injuste et inique”. Pis, alors que le projet devait augurer d'un changement moderne de la ville des Ponts, la délocalisation des habitants du quartier Bardo a entraîné, dans son sillage, mort et désolation. Cinq morts, depuis le début de l'opération. La dernière en date, fut celle de Ali Taoui, âgé de 83 ans, communément connu sous le nom de Ami Ali, le cordonnier. Considéré par les autorités locales comme un indu demandeur de logement, Ami Ali élisait domicile, depuis quelques mois, sous une tente, avant que le froid n'ait raison de lui. Selon des sources au fait de l'affaire, sa famille déposera plainte contre le wali de Constantine, si toutefois, aucune déposition n'est prise à l'égard des quelques malheureux qui vivent encore sous des tentes, sur l'un des sites rasés. Ami Ali n'est pas la seule victime. Les ouvriers chargés de la démolition du Bardo n'ont, en effet, pas été épargnés. Travaillant pour le compte d'une entreprise chargée de la démolition des bâtisses situées au lieudit Aïn Asker, deux ouvriers, âgés de 27 et 30 ans ont trouvé la mort, suite à la chute d'un bloc de pierre. Par ailleurs, deux habitants sont décédés des suites de blessures provoquées par des chutes de débris de pierres, alors que d'autres ont été grièvement blessés. Les services de l'ordre ont, également, eu leur part de malchance. Certains ont été grièvement blessés, lors de violents heurts, en août dernier, avec des contestataires qui avaient pour seul mot d'ordre “refuser de quitter les lieux”. Mais les autorités locales, à leur tête, le wali de Constantine, campent toujours sur leur décision et affichent une seule ambition. Raser tout le site pour y construire un centre commercial….quitte à provoquer une énième victime. Il est à rappeler que l'opération de délogement de la dernière tranche du quartier, sera effectuée à la fin du mois. Cette dernière qui entre dans le cadre de la modernisation de la ville de Constantine, concernera 250 familles environ, qui rejoindront leurs nouveaux logements, situés à la nouvelle ville Ali Mendjeli, selon les déclarations de Abdelmalek Boudiaf, premier responsable de la wilaya. Il va sans dire qu'un dispositif sécuritaire important sera mis en place, en prévision de cette ultime opération, afin de contenir tout débordement de la part de certains habitants qui continuent, à ce jour, de contester la liste des bénéficiaires. La nature des logements attribués, des F2 au profit de familles propriétaires de terrains pour certains et de maisons, pour d'autres est également l'objet d'une controverse qui ne dit pas tout. Lynda Nacer