RESUMé : Pour la première fois depuis longtemps, Eva passe un bon moment en compagnie de Norredine qui a su la faire rire. Un moment de complicité qui lui rappelle ceux partagés avec son défunt mari. Elle culpabilise. Comment peut-elle se le permettre alors qu'il n'est plus là ? 24iéme partie -Je vois bien que tu penses encore à lui, murmure Norredine, très perspicace. Il n'y a rien de mal dans ce que tu fais ! - Pour toi… Je ne comprends pas… - Je ne suis pas de ton avis, insiste-t-il. Tu peux rire et être heureuse sans être mal. Tu ne le trahis pas… Tu continues à vivre ! - Je sais. Mais je l'aime encore, répond Eva. Il me manque ! - Personne ne te demande de l'oublier ou de ne plus chérir son souvenir, dit-il, très sérieux. Je ne cherche pas à le remplacer. Lui a sa place dans ton cœur, et toi, tu en as une dans le mien ! Eva rougit. - Je veux te voir sourire plus souvent. Entendre ton rire, poursuit-il. Comprends-moi ! Elle sourit à travers ses larmes. Elle comprend, elle l'a compris dès leur première rencontre. Pourquoi faut-il que cela lui arrive maintenant ? - Il faut que j'y aille, dit-elle, subitement mal. - Non, n'aie pas peur, je ne veux pas te brusquer, murmure-t-il. On a tout le temps. - On verra ! - Tout sera comme tu veux ! J'attendrais le temps qu'il faut. Quand tu seras prête, je serais là pour toi ! Elle sait qu'il est sincère. Elle en est bouleversée. Elle se sent étouffée, proie à des sentiments contradictoires. Elle est partagée entre le sentiment de trahir son défunt mari et celui d'une possible relation amicale avec Norredine. Elle a encore envie de rester un peu. Mais elle cède à l'envie de prendre la fuite. Elle ne supporte pas son regard. Si ce n'est pas un tour de son imagination, c'est de l'amour. Est-ce possible ? Ils ne se connaissent presque pas. - Adieu ! - Au revoir ! Eva part sans se retourner. Même ainsi, elle sent son regard la transpercer. Elle retourne à l'agence dans un état second. - Quelque chose ne va pas ? demande Aïssa. - Tout va bien. Des clients ? - Oui, on a conclu deux bonnes affaires ! On a vendu deux appartements. Ils passeront demain, précise-t-il. Vous serez là, n'est-ce pas ? - Comment ? - Pour régler les derniers détails ! - Non, je pars à Alger, décide-t-elle sur un coup de tête, éprouvant l'impératif besoin de s'éloigner de Béjaïa et de Norredine. Je serai absente quelques jours. - Mais si l'on a besoin de vous ? - Je laisse mon bureau ouvert. Servez-vous de ce dont vous aurez besoin, répond-elle. Et ne cherchez pas à me joindre ! - Bien madame ! Bon séjour ! Eva le remercie et après avoir rangé ses affaires, elle rentre chez elle. La tentation de prendre la route maintenant est si forte qu'elle ouvre sa garde-robe et en sort quelques ensembles qu'elle jette dans une valise. Elle ferme les volets. Elle ferme les robinets d'arrêt du gaz et de l'eau. Avant de partir, elle appelle Zohra et lui demande de garder la maison en son absence. Elle prend la route, sans prévenir sa famille qu'elle arrive dans la soirée. Si tout se passe bien… A. K. (à suivre)