La décision de répondre clairement à Ahmed Ouyahia est “trop importante car elle engage l'avenir, non seulement du mouvement citoyen, mais encore celui de toute la région de Kabylie et de tout le pays en général”, ont estimé les délégués. Avant l'invitation du Chef du gouvernement Ahmed Ouyahia au dialogue, le conclave ordinaire de l'Interwilayas était prévu pour les 26 et 27 juin dans la wilaya de Béjaïa, une semaine après celui, ordinaire aussi, de la CADC à Aïn El-Hammam. Les déclarations de Ouyahia ont changé le cours des évènements. En effet, des conclaves extraordinaires se sont déroulés dans chaque wilaya partie prenante du mouvement citoyen afin d'étudier les propositions du Chef du gouvernement, autour desquelles chaque délégué s'est accordé à dire qu'elles n'étaient pas à ignorer, la CADC a estimé qu'il fallait y réfléchir mûrement et prendre le temps de répondre, le temps de se concerter avec la base citoyenne. C'est pour cela que le 5 juin dernier, les délégués de la CADC, réunis en conclave extraordinaire, ont pris acte de l'invitation du Chef du gouvernement, en constatant, ce jour-là, le maintien des détenus du mouvement citoyen comme “otages dans les geôles du pouvoir”, ce qui dénotait une contradiction avec cette tentative d'apaisement dans la région de Kabylie, meurtrie depuis 26 mois déjà. La décision de répondre clairement à Ahmed Ouyahia est “trop importante car elle engage l'avenir, non seulement du mouvement citoyen, mais encore celui de toute la région de Kabylie et de tout le pays en général”, ont estimé les délégués. La décision la plus sage et la plus sûre était donc de retourner à la base citoyenne, la consulter et se concerter avec elle, car elle seule est apte et a le droit de prendre une position qu'annoncerait ensuite l'instance suprême du mouvement citoyen qui est l'Interwilayas. C'est pour cette raison que la CADC a voulu demander le report du conclave auparavant prévu les 12 et 13 juin à Amizour. La coordination de cette localité, en concertation avec les différentes présidences tournantes, membres de l'Interwilayas, a accepté de renvoyer le conclave extraordinaire aux 19 et 20 juin prochains. Ceci en prévoyant le 11 juin, deuxième anniversaire de l'élaboration de la plate-forme d'El-Kseur, une rencontre symbolique à El-Kseur entre tous les délégués de l'Interwilayas, après un meeting populaire auquel ont pris part les détenus du mouvement citoyen libérés la veille et l'avant-veille dans les wilayas de Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa. Lors de cette rencontre symbolique, les délégués de la wilaya de Sétif qui avaient pris part au conclave d'El-Kseur ont émis leur souhait de reporter encore le conclave de l'Interwilayas dont la date avait été fixée pour les 19 et 20 juin, car la coordination de la wilaya de Sétif préparait déjà, pour le 20 juin, à Guenzet, la commémoration du deuxième anniversaire de l'assassinat du jeune Yakoub Lyès, chose qui leur a été accordée par les autres membres de l'Interwilayas, qui ont jugé que les commémorations des martyrs du Printemps noir passent avant tout. Pendant tout ce temps-là, les délégués de la CADC de Tizi Ouzou ont commencé, d'ores et déjà, la concertation avec leur base afin d'arrêter une réponse à l'invitation du Chef du gouvernement. C'est le cas du village Tarihant du arch de Ouaguenoun qui a organisé, hier, un meeting populaire qui devait être suivi d'une conférence-débat autour de cette nouvelle donne, et du arch d'Ath Jennad qui s'est réuni, hier, pendant plusieurs heures afin de débattre l'invitation d'Ahmed Ouyahia. D'autres localités organisent des réunions, des rencontres avec les citoyens et des assemblées générales dans les villages pour réfléchir sur l'avenir du mouvement citoyen en fonction de la nouvelle donne. K. S.
