Liamine Zeroual a dit toute sa “considération” aux nombreux citoyens qui se sont succédé ces derniers jours chez lui à Batna, pour le persuader à reprendre du service. “To much noise about nothing” (beaucoup de bruit pour rien). Cette célèbre formule de Hamlet résume un peu le buzz orchestré, ces dernières semaines, autour de la candidature de Liamine Zeroual à l'élection présidentielle 2009. L'affaire, voire la galéjade, a pris, ces dernières semaines, de telles proportions qu'il s'est cru devoir, mardi passé, d'arrêter les frais en expliquant qu'après avoir quitté en 1999 le pouvoir par la grande porte, il ne pouvait raisonnablement y revenir juste pour servir de faire-valoir à son successeur. Il connaît bien le système et ses mœurs machiavéliques. Dans son communiqué dans lequel il jette, au passage, de grosses pierres dans le jardin du locataire actuel d'El-Mouradia, notamment sur la question de l'alternance et de l'ouverture du champ politique, Liamine Zeroual a dit toute sa “considérations” aux nombreux citoyens qui se sont succédé ces derniers jours chez lui à Batna, pour le persuader à reprendre du service. Parmi ces citoyens, il y en a certainement qui sont de bonne foi en pensant que l'homme, sollicité dans son patriotisme viscéral, accepterait “l'appel du peuple”. D'autres, sans doute animés de calculs intéressés et qui voient en Algérie la question du pouvoir en termes de régions, voulaient le voir revenir pour faire rebasculer le curseur de la décision politique à l'Est. Et d'autres encore, qui ne sont pas forcément ses amis, juste dans le but de l'amener à entrer en compétion pour apporter son charisme à une compétition sur laquelle pèsent plusieurs hypothèques. À tous, Zeroual a dit poliment “niet Popov”. Il va de soi que la sortie de l'ancien Président, alors que d'aucuns tablaient sur son silence jusqu'au bout pour donner de l'intérêt à l'élection, ne manquerait pas d'impacter négativement sur le rendez-vous d'avril. Des observateurs avisés de la scène politique, pour qui “la carte Zeroual” n'a été, au demeurant, qu'un doux leurre, estiment qu'avec son communiqué de mardi passé, il a définitivement “plombé” cette échéance en la privant de son poids, du capital de sympathie dont il jouit au sein de l'opinion algérienne, ô combien sensible et reconnaissante à l'égard d'hommes qui n'ont pas le vertige du pouvoir. Un coin sera encore enfoncé dans la présidentielle 2009 avec la décision attendue du RCD, dont le Conseil national va trancher aujourd'hui la question de la participation. Et vraisemblablement, c'est le “non” qui l'emportera. C'est du moins la déduction qu'il y a lieu de faire, à la fois sur la base d'indiscrétions “fuitées” par des proches du parti et surtout par la réaction réservée par la direction de cette formation au sujet des observateurs internationaux. Et incontestablement, l'absence de Saïd Sadi, qui est la caution démocratique dans le jeu politique algérien, en plus de la respectabilité dont il jouit en tant que personnage politique, va encore peser sur l'intérêt, tout autant politique que populaire de cette élection. Qui de Mouloud Hamrouche que certains milieux s'entêtent à présenter comme “la surprise de dernière minute”, que le système va sortir de son chapeau ? En attendant de voir cette éventualité, force est de constater que l'ancien chef de gouvernement “réformateur” reste muet comme une tombe. Et chez lui à Hydra, de l'avis de ceux qui s'y rendent régulièrement pour “prendre un café”, rien n'indique que “Si Mouloud” est en phase d'échauffement préliminaire avant de descendre dans l'arène. Et quel crédit accorder aussi à la piste Djaballah ? En dépit de tous ses déboires et ses démêlés politico-judiciaires avec ses anciens compagnons de Nahda et du MRN, il garde tout de même une influence “résiduelle” auprès de certains segments de la mouvance islamistes. Djaballah peut bien monnayer cette base en obtenant des garanties pour son avenir politique de la part des autorités qui, de leur côté, ne verraient que d'un bon œil son implication dans le jeu électoral. Il peut donc drainer du monde dans les bureaux de vote et se repositionner après sur la scène politique. Deux interrogations autour de deux hommes pour assumer le rôle de lièvres face au président Bouteflika dont la candidature est annoncée par Bounedjma de la Cnec pour la mi-février et pour donner surtout un tant soit peu de consistance à l'élection présidentielle qui risque d'être orpheline de compétiteurs. Les vrais, s'entend. Car pour les sept qui ont retiré leur candidature, mis à part Louisa Hanoune et son “soutien critique” nouvelle version au système, c'est bel et bien du vaudeville à l'algérienne. Omar Ouali
