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La démocratie occidentale : déclin ou renouveau ?
Publié dans Liberté le 03 - 02 - 2009

À une époque où “l'hyperpuissance” américaine veut exporter la démocratie par la force, il paraît nécessaire de faire le bilan de ce régime politique, qui paraît être en crise, en Occident.
La chute du mur de Berlin en 1989 a, en Occident, marqué le triomphe de la démocratie, mais aussi le début de ses ennuis. Ainsi, pour le philosophe Francis Fukuyama, auteur en 1980 de la Fin de l'histoire, la chute du mur de Berlin constitue le point ultime de l'évolution idéologique de l'humanité et l'universalisation de la démocratie libérale occidentale comme forme de gouvernement humain. En théorie, la démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple. La démocratie représentative est fondée sur le suffrage universel qui désigne des représentants du peuple.
Mais la démocratie occidentale est-elle une réalité ou une fiction ? Pour le sociologue Durkheim, “la démocratie est la forme politique par laquelle la société arrive à la plus pure conscience d'elle-même”. Par contre, pour l'anarchiste Bakounine, en apparence, par le vote, c'est le peuple qui gouverne, et donc “le suffrage universel n'est qu'un leurre”. Pour Karl Popper, le fameux épistémologiste, dans la Société ouverte et ses ennemis (1945), le grand mérite de la démocratie est de permettre la rotation des gouvernants sans effusion de sang.
La démocratie occidentale ne se porte pas bien
Sa légitimité n'est pas remise en cause, mais des failles importantes sont pointées. De l'intérieur, elle est minée par l'impuissance politique, le manque de confiance des citoyens vis-à-vis de la classe dirigeante, la montée des extrêmes et l'abstentionnisme chronique.
S'agit-il d'une crise de croissance, d'un mal profond qui touche les fondamentaux de la démocratie, ou au contraire d'un approfondissement de ce régime ? Va-t-on assister à une nouvelle gouvernance de la démocratie ? Le capitalisme n'est-il pas contre la démocratie ?
Crise de croissance
Pour Marcel Gauchet, enseignant à l'Ecole des hautes études sociales et cofondateur de la revue Le Débat, dans L'avènement de la démocratie, (2008), il prétend que “le fait que la démocratie n'a plus d'ennemis déclarés ne l'empêche pas d'être travaillée par une adversité intime, qui s'ignore pour telle, mais qui n'en est pas moins tout aussi redoutable dans ses effets”. Il parle “d'autodestruction douce”.
La démocratie souffre de l'approfondissement du libéralisme, qui s'exprime par un individualisme de masse. Désormais, la souveraineté de l'individu a supplanté la souveraineté du peuple. Déjà, dans le Désenchantement du monde (1985), notion reprise du sociologue allemand Max Weber, Marcel Gauchet a montré combien ce qui a fondé la démocratie moderne (Etat, garanties des libertés) se retourne contre elle : l'Etat et la collectivité sont devenus des monstres honnis, au nom de la singularité et de l'autonomie des individus. La démocratie n'est plus que la protection des droits individuels de chacun.
Un mal profond qui touche les fondamentaux de la démocratie
Pour Pierre Manent, disciple de Raymond Aron, dans Enquête sur la démocratie (2007), derrière la victoire de la démocratie, “se dissimule un mal profond qui touche, au-delà du fonctionnement des régimes au sens strict, la définition même de ce qu'on attend d'une démocratie. L'étrangeté de la configuration actuelle est que la démocratie souffre de la consécration même des principes qui la fondent”, à savoir la représentation du peuple souverain par des représentants élus au suffrage universel et la notion de l'intérêt général.
Approfondissement de la démocratie
Notre démocratie représentative souffre d'impuissance. Une démocratie dite d'opinion est née. Ce constat est partagé par plusieurs auteurs.
Pierre Rosanvallon, historien et professeur au Collège de France, dans la Contre-démocratie (2006), parle non d'un déclin mais d'une mutation de la démocratie, qui s'articule autour d'un principe de défiance. Ainsi, la démocratie ne se limite pas à sa dimension électorale.
Dans la Légitimité démocratique, il parle d'un phénomène de “décentrement des démocraties”, apparu depuis les années 1980, car les électeurs ne se contentent plus d'être de simples citoyens.
Il ne suffit plus d'être élu pour avoir la confiance des citoyens. Un pouvoir est considéré démocratique que s'il est soumis à des épreuves de contrôle, de validation, à la fois concurrente et complémentaire de l'expression majoritaire. Une démocratie de la défiance s'est mise en place via les sondages, via la presse. L'opinion entend se substituer à la représentation élue. Certains parlent de la tyrannie de l'opinion.
Jacques Julliard, historien et essayiste, affirme que la démocratie d'opinion est devenue “la reine du monde”. Selon lui, “on est passé d'une démocratie ponctuelle s'exprimant à l'occasion du vote à une démocratie permanente dont les principaux moteurs sont les médias, Internet et les sondages”.
Régis Debray, philosophe, médiologue, quant à lui parle de la “Vidéo sphère”, dans l'Obscénité démocratique. Pour celui-ci, la démocratie sombre dans l'obscénité, quand elle devient le règne de l'instant, de l'immédiat et de l'émotion.
On parle de “doxocratie”, système fondé sur l'intervention permanente de l'opinion dans les affaires publiques.
Ainsi, “la démocratie représentative n'a plus le monopole de l'expression démocratique”.
En effet, l'expression des parlementaires, censés représenter le peuple, lors du vote des lois, par exemple, n'est plus l'unique manifestation de la démocratie. La démocratie, de plus en plus, existe en sus des parlements. Désormais, le peuple a d'autres voix, d'autres possibilités pour faire connaître son avis, son point de vue et donc de manifester son assentiment ou pas à la politique menée par les dirigeants élus (ou pas).
Une nouvelle gouvernance de la démocratie
Pour Guy Hermet, professeur à science-po, auteur de l'Hiver de la démocratie ou le Nouveau régime (2008) et de Exporter la démocratie ? (2008), on va voir apparaître un mélange d'une intervention directe du peuple, au niveau local, et d'une sorte de gouvernance pour les affaires globales. Pour ces dernières, qui se situent au niveau national, régional, international, le mécanisme de l'élection paraît peu adapté. Ces gouvernants seront des experts, des politiques, des moralistes cooptés ou s'imposant d'eux-mêmes par leur notoriété ou leur réputation.
Ce qui est recherché, ce sont des décisions efficaces rationnelles, mais ceci ne ressemble en rien à la démocratie car ces gens ne sont mandatés par personne. Les élites ont ainsi un rôle nouveau à jouer. Elles ne seront plus des dirigeantes exclusives de la société. Les élites devront devenir l'institutrice du peuple.
Pour Guy Hermet, la grande époque de la démocratie est révolue et on est entré dans un nouveau régime, “l'ère de la gouvernance”.
Je ne partage pas cet avis car le peuple ne se laissera pas dessaisir de la possibilité de choisir, par l'élection, ces dirigeants, au motif que le monde devient plus complexe. Devant l'inefficacité relative de la démocratie représentative, le seul moyen qu'a le peuple souverain de décider de son avenir, c'est justement d'élire ses dirigeants. Un pays dirigé par un expert, un technicien, non responsable devant le peuple, a de grandes chances de se transformer en réalité en dictature au seul motif que seul le technicien connaît la vérité, et donc ce qui est bon pour le peuple. Je ne parlerai donc pas de “l'hiver” de la démocratie mais de sa mort pure et simple.
Le capitalisme est contre la démocratie
Pour Robert Reich, ancien ministre du Travail du président Clinton, et auteur de Supercapitalisme, le choc entre le système économique émergent et la démocratie (2008), le capitalisme peut être considéré comme l'un des principaux obstacles au fonctionnement de la démocratie contemporaine. En effet, il y a eu une entreprise de préemption de la démocratie, par les entreprises qui empêchent les citoyens de se faire entendre. Il parle d'une “OPA du monde de l'entreprise sur celui de la politique”.
Robert Reich pense que toutes les nations capitalistes vont dans la même direction et que les Etats-Unis ont pris de l'avance sur la route du “supercapitalisme”.
Dans un environnement concurrentiel, vis-à-vis des clients et des investisseurs, les entreprises ont perdu leur pouvoir de fixer leurs prix. Dans une course à la maximisation du profit, elles tentent d'écrire la loi en leur faveur, pour se protéger le plus possible, en recourant à des lobbyistes.
La solution consiste à limiter l'afflux d'argent privé dans le monde politique.
Le théorème churchillien peut s'appliquer à la démocratie : “Le plus détestable des systèmes… à l'exception de tous les autres !”
La démocratie occidentale est effectivement en crise. Mais la démocratie qui se porte mal, c'est uniquement la démocratie représentative. Le peuple n'a effectivement plus confiance en ses représentants et en ses gouvernants car ces derniers ont, entre autres, perdu le sens de l'intérêt général. Ce manque de confiance des citoyens vis-à-vis de la classe dirigeante se traduit essentiellement par la montée de l'abstentionnisme chronique. Mais, une nouvelle démocratie est apparue, la démocratie participative. Le peuple peut désormais se manifester directement sans passer par l'intermédiaire de ses représentants élus, comme au temps de la démocratie athénienne et des décisions prises par le peuple dans l'agora. Mais, cette forme de démocratie a des limites et comme la langue d'Esope, elle peut être la meilleure ou la pire des choses. La pire, si cette démocratie n'est que le fruit du règne de l'instant, de l'immédiat et de l'émotion.
En réalité, l'avenir de la démocratie, et son défi pour ne pas disparaître, c'est la coopération, la cohabitation organisée entre la démocratie parlementaire, qui a montré ses limites, et la démocratie participative.
Un avis parmi d'autres…
Le thème de la démocratie est d'actualité en Algérie. Dans le journal Le Monde daté du 14 novembre 2008, le président algérien a en effet récusé un “modèle unique de démocratie” et défendu un droit à une application spécifique de la démocratie en Algérie. Tout en faisant part de sa foi “immuable” en ce régime, il considère qu'elle ne saurait “constituer un modèle universel unique pour toutes les nations, un modèle à observer et à appliquer de façon systématique en tout lieu et en tout temps”.
Bien entendu, il n'y a pas de modèle unique et chaque pays est un cas particulier. Mais on ne peut pas dire que la démocratie se soit déjà installée en Algérie. Au contraire, à part la presse qui y jouit d'une grande liberté que l'on ne trouve nulle part dans le monde, il est regrettable d'y constater, entre autres, l'institution de la violence comme mode de régulation du politique, une corruption généralisée, la place de l'armée et de la police dans l'organisation du pouvoir, la caporalisation des organisations de masse et la faible participation de la société civile au processus de gestion du pays.
M. F.
(*) Professeur de géopolitique, fiscalité et droit à Euromed Management (France) et à l'Ecole supérieure algérienne des affaires (ESAA).


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