Le secteur de la pêche dans la wilaya de Aïn Témouchent traverse une période cruciale qui continue d'influer aussi bien sur l'économie locale que nationale, alors que la sardine est devenue, par la force du temps, un luxe dans l'assiette du consommateur. La production de poisson bleu au niveau des deux ports, Béni-Saf et Bouzedjar, est réduite à sa plus simple expression. La dernière visite de Smaïn Mimoun, ministre de la Pêche, effectuée dans la wilaya de Aïn Témouchent, n'a pas permis aux parties concernées, en particulier les marins pêcheurs, d'étaler les sempiternels problèmes dans lesquels ils se débattent et ce, même si le chef du département ministériel a tenté de donner les grandes lignes du schéma directeur de son secteur, dont la seconde phase qui s'étale jusqu'en 2010 avec l'organisation des deuxièmes assises nationales sur la pêche qui seront consacrées au réajustement sectoriel. Selon M. Smaïn Mimoun, la phase de confirmation économique se fera à partir de l'année 2015. Mais le prix de la sardine a atteint des proportions alarmantes de telle sorte que cet aliment de base demeure hors de portée des petites bourses et dont les raisons restent un secret ésotérique ; seuls les initiés en savent quelque chose. Nous avons tenté de cerner les difficultés qui entravent le bon fonctionnement des deux infrastructures portuaires de la wilaya et dont les conséquences socio-économiques se répercutent sur les budgets de la wilaya et des communes de rattachement, mais aussi sur le revenu des marins pêcheurs. Selon M. Djillali, vice-président de la Chambre de pêche et d'aquaculture, “les raisons sont multiples. Si l'Etat ne prend pas en charge ce secteur, tout le monde fuira les ports. Jusqu'à l'heure actuelle, ce sont presque 200 marins, dont les patrons de pêche et les mécaniciens qui ont fui le secteur. Nous demandons donc l'intervention de l'Etat, en particulier le ministre de la Solidarité, à la faveur de la convention qui a été signée entre les deux ministères concernés, ceux de la Pêche et de la Solidarité”. À ce sujet, notre interlocuteur précisera que de nombreuses familles de pêcheurs se trouvent dans le dénuement le plus total. Au sujet de la pénurie de la sardine qu'on ne voit que rarement sur les étals des poissonniers à des prix dépassant tout entendement et ce, contrairement aux années précédentes, notre interlocuteur précisera que ce phénomène dure depuis le mois de septembre de l'année 2007. L'insuffisance du poisson et due surtout à un arrêt biologique provoqué par la pêche en période interdite, mais aussi par le bruit des moteurs hyperpuissants. Selon M. Habib Benmeddah, président de l'association Cité d'Or, les petits métiers sont face à un risque permanent qui hante leur avenir. En effet, en plus de la disparition de la moitié des palangriers en raison du phénomène des harragas, l'absence de formation se fait de plus en plus ressentir alors que les prix du matériel de pêche demeurent inabordables. “Dans l'année, les sardiniers n'activent que pendant trois mois et l'on a tendance à assister, incapables, à la disparition des petits métiers.” Dans le même sillage, M. Djillali évoquera le phénomène de la pêche à l'explosif qui est devenue monnaie courante, mais aussi le va-et-vient incessant des bateaux à grande puissance à longueur de journée. Deux autres raisons qui font fuir le poisson. “Ainsi, contrairement au passé, où les bateaux de pêche ne prennent le large que pendant la nuit, ceux-ci sont en perpétuels mouvements durant la journée. Ce qui influera négativement sur le comportement du poisson.” Les marins pêcheurs évoqueront un autre problème qui influe négativement sur leur métier mais aussi le plan social. Selon nos deux interlocuteurs, en ce qui concerne les cotisations des assurances sociales pour les gens de mer et ce, en dépit de l'existence d'une mesure d'unification des caisses avec l'ouverture d'un guichet destiné à la gestion des dossiers des marins pêcheurs, obligation est faite pour les armateurs de les déclarer auprès des agences Cnas du lieu de leur résidence, c'est-à-dire où est immatriculé le bateau. Ce qui constituera un véritable parcours du combattant pour le marin pêcheur qui réside ailleurs pour encaisser ses frais médicaux. Le vice-président de la Chambre de pêche abordera une autre préoccupation qui perturbe la bonne marche du secteur au niveau du port de Bouzedjar. Selon M. Djillali, malgré l'existence au niveau de ce port d'une administration des gardes côtes qui fait fonction de police maritime, l'embarquement (enrôlement) ou le débarquement des marins pêcheurs par les armateurs se fait au niveau du port de Béni-Saf et ce, pour une raison banale d'absence de cachet. “Afin d'éviter le déplacement des armateurs jusqu'au port de Béni-Saf, nous demandons une décentralisation de l'administration.” M. Mankouri, premier responsable de la Chambre de pêche de la wilaya, a fait état d'un grand nombre d'incommodités au niveau des deux infrastructures portuaires, dont “des bouches d'incendie qui ne fonctionnent plus au port de Béni-Saf alors qu'elles n'existent même pas au niveau du port de Bouzedjar, tandis que les bollards ont été tout simplement rasés. L'élévateur appartenant à l'EGPP, qui lui permet de faire des rentrées financières importantes grâce à la location du terrain réservé aux bateaux et à leur élévation, est gagné par l'usure”. M. LARADJ