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“Le nombre des morts se chiffre par milliers annuellement”
Dr Soltane, Président de la Société algérienne d'oncologie thoracique, à Liberté
Publié dans Liberté le 01 - 06 - 2009

Le tabac, commercialisé librement et licitement dans tous les pays du globe, tue plus de 5 millions de personnes par an dans le monde. Il est plus meurtrier que les guerres et le sida. L'Algérie n'échappe pas au cataclysme. 2 000 à 2 500 personnes décèdent de maladies liées au tabagisme, notamment les cancers broncho-pulmonaires. “Le hiatus est énorme entre les lois et règlements que l'Algérie s'est donnés et la réalité du tabagisme à la porte de nos écoles…”, souligne le Dr Ameur Soltane, président de la Société algérienne d'oncologie thoracique et chirurgien thoracique au centre Pierre et Marie Curie.
Liberté : Bien que les campagnes de sensibilisation soient multiples, récurrentes et, la plupart du temps, efficaces, le phénomène ne semble pas diminuer. Y a-t-il réellement une différence entre petits et grands fumeurs ?
Dr Ameur Soltane : Tout d'abord, il faut préciser un certain nombre de points qui me paraissent essentiels à la compréhension du problème : le tabagisme n'est pas un phénomène spontané. C'est, premièrement, un phénomène social car un enfant qui naît ne va pas spontanément courir derrière sa première cigarette de manière innée, c'est son environnement qui la lui offre. Deuxièmement, c'est la seule drogue qui, malgré le fait qu'elle tue un consommateur sur deux, est librement commercialisée. Troisièmement, c'est une industrie extraordinairement florissante qui génère des bénéfices colossaux et dont les stratégies de marketing s'étendent à toute la planète.
Il est évident que la manipulation d'aussi grandes sommes associée à la commercialisation d'une drogue ne peut qu'être source de maux sociaux, tels que contrebande, contrefaçon, corruption… Vous pensez donc bien que, face à autant de moyens matériels mis en place de manière légale et, parfois, voire souvent de manière illégale par l'industrie du tabac, le combat ne peut se borner à n'être que sensibilisation sur les méfaits du tabac sur la santé. Il faut socialement dénormaliser le fait de fumer. Pour cela, il faut s'engager dans un combat au quotidien qui mobilise autant de moyens que ceux déployés par l'industrie du tabac. L'Algérie, en ratifiant la Convention cadre de lutte antitabac de l'OMS en 2006, a fait un grand pas dans cette direction. Le danger n'est pas dans le fait qu'il y ait des grands et petits fumeurs, mais dans le fait que les requins qui vivent du tabac déploient des trésors de ruse pour amener nos jeunes à leur première cigarette et les enfoncer dans le tabagisme, car ces industriels de la mort ne peuvent vivre et prospérer qu'en remplaçant les décès liés au tabac par de jeunes recrues qui sont à la fois une cible plus facile et pourront être des clients qui s'installeront dans la durée. Il est donc évident que ce combat est un combat incessant et qu'une journée de sensibilisation de temps en temps ne peut suffire.
D'où la nécessité d'encourager les associations de la société civile, notamment en leur fournissant des cadres réglementaires et des sources de financement à même de préserver leur autonomie d'action vis-à-vis des firmes commerciales dont le rôle n'est pas d'organiser la lutte antitabac en Algérie, mais d'écouler leurs médicaments lorsque ces derniers ont fait leurs preuves.
Depuis un certain nombre d'années, chaque 31 mai, l'OMS organise une journée mondiale contre le tabac autour d'un thème unique pour sensibiliser sur le fait que le tabagisme est un phénomène mondial et que les stratégies qui doivent être adoptées pour lutter contre le tabac se doivent d'être mises en place à la même échelle que ce qu'elles sont censées combattre. Cette année, le terme choisi est le packagisme avec les avertissements sanitaires que l'on retrouve sur les paquets.
Quelles sont donc les conséquences du tabagisme sur la santé ? Et quels sont les effets les plus dramatiques ?
Le tabac est considéré comme la cause de décès évitable la plus importante au monde.
Quelle est l'incidence des maladies, notamment des cancers, induite par le tabagisme en Algérie ?
Il y a quatre ans, l'Algérie a recensé 17 000 morts liés à la consommation du tabac. Mais, jusqu'à présent, nous n'avons pas de décompte précis. Tout ce que je peux dire c'est que le nombre des morts se chiffre par milliers annuellement.
Pour ne parler que des cancers broncho-pulmonaires, qui sont les cancers qui tuent le plus chez l'homme en Algérie, l'on constate que le nombre de nouveaux cas par an est en train d'augmenter de manière effarante et que ce qui est plus grave encore c'est que cette courbe de croissance qui suit de deux ou trois décennies celle des fumeurs devrait exploser dans les prochaines années, si l'on ne met pas en place des politiques de lutte contre le tabac efficace et efficiente, le sevrage tabagique incontournable chez certains patients ayant un coût financier loin d'être négligeable. Il est, bien entendu, que seule la puissance publique — et cela, il faudra le répéter autant de fois qu'il le faudra — est à même de mettre en place ces politiques de lutte contre le tabac et contre le cancer.
Comment se fait la prise en charge médicale ?
La prise en charge médicale est encore embryonnaire en Algérie. Pour cela, il faut juste compter le nombre de consultations d'aide au sevrage qui existe réellement au niveau du pays et expertiser la qualité et la diversité des services rendus à la population. Raison pour laquelle nous sommes convaincus que seuls la sensibilisation des médecins généralistes à ce problème, la généralisation du conseil minimal et le contrôle d'éventuels enseignements qui seront fournis dans ce domaine pour éviter qu'ils ne soient que des actions de marketing de produits utiles contre le tabagisme et uniquement cela pourront dans un premier temps apporter un plus certain à la lutte contre le tabac. Cependant, actuellement, il existe une prise de conscience qui tend à se généraliser, tant au niveau de la corporation médicale qu'au niveau des populations, sur le fait que la lutte contre le tabagisme doit impliquer toutes les couches de la population.
Vous avez assisté à la réunion des parties de la Convention cadre de lutte antitabac (CCLAT) qui s'est tenue en novembre. Comment opère cette structure? Apporte-t-elle un changement dans les habitudes des fumeurs par ses campagnes ?
La conférence des parties à laquelle j'ai assisté en tant qu'observateur de la société civile sponsorisée par une ONG internationale est un organe de négociation entre les Etats qui ont signé la Convention cadre de lutte antitabac, qui est un traité international (le premier de ce type), se proposant de réglementer à l'échelle mondiale les problèmes liés tant à l'offre qu'à la demande des produits du tabac. Les négociations y sont âpres, chaque pays ayant ratifié le traité y participant pour défendre ses intérêts et faire avancer les problématiques liées à un problème de santé mondial, à savoir le tabagisme. Ainsi, pour l'exemple, l'on a assisté en plénière à des prises de position extrêmement discutables d'un pays ayant ratifié la CCLAT et en étant un des grands bailleurs de fonds, du seul fait qu'il avait de gros intérêts financiers dans la fabrication de machines distributrices de paquets de cigarettes.
Lorsque l'organe de négociation de la CCLAT aboutit, après des années de travail, à l'élaboration d'un protocole, la mise en œuvre de ce dernier a un caractère contraignant pour toutes les parties. Actuellement, il n'existe qu'un protocole qui soit proche de sa finalisation, c'est celui consacré au “commerce illicite, la contrefaçon et la contrebande”, dont la prochaine session de négociations est prévue dans quelques semaines. À notre sens, vu la volonté de combattre le tabagisme affichée par l'Algérie, notre pays gagnerait probablement beaucoup à s'y faire représenter par d'authentiques experts au fait de ce genre d'activité. Certes, le tabagisme aboutit à la destruction de la santé de nombreux citoyens, mais cela n'en fait pas pour autant un problème uniquement médical car il est un phénomène sociétal. La lutte pour dénormaliser ce phénomène est un combat au quotidien nécessitant l'intervention sur le terrain d'un grand nombre d'acteurs, en particulier ceux qui sont responsables de l'éducation de nos enfants et du contrôle de sa commercialisation.
Les décisions sont arrêtées de manière consensuelle et lorsqu'un protocole est mis au point, il s'applique alors de fait à tous les pays signataires, en particulier l'Algérie qui, depuis 2006, a, je le rappelle, ratifié ce traité. Et ce n'est pas parce que notre présence est symbolique dans cette négociation que ce qui en sortira ne s'appliquera pas à notre pays. Toute proportion gardée, c'est un peu ce qui se serait passé à l'OMC qui se répéterait.
Quel programme de lutte contre le tabagisme préconise-t-on pour l'avenir ?
Pour le moment, pour ce qui est de mon sentiment, il n'existe pas de programme de lutte contre le tabac en Algérie. Du moins, il n'existe pas, à ma connaissance, de programme de lutte contre le tabac dans les moyens utilisés, les échéanciers, les objectifs sanitaires quantifiables et évaluables. Un plan de lutte contre le tabac ne peut se concevoir que s'il est réalisé de manière consensuelle avec, notamment, l'ensemble des associations de la société civile. De même, je rappellerai que dans tout plan de lutte contre le cancer, les mesures antitabac occupent une place majeure dans la mesure où il est la principale cause de morts évitables par cancer.
Le hiatus est énorme entre les lois et règlements que l'Algérie s'est donnés et la réalité du tabagisme à la porte de nos écoles… Les associations de la société civile se doivent de relever le défi de l'application. Pour rappel, l'Algérie est le seul Etat de la région à avoir ratifié la CCLAT.
S. H.


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