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Qu'est-ce que la réforme financière ?
Publié dans Liberté le 07 - 06 - 2009

Répondre correctement à cette question, c'est avoir trouvé la solution au problème que connaît notre système bancaire et financier. À notre humble avis, la réforme financière n'est pas une action ponctuelle, mais un effort constant visant à hisser le système bancaire et financier algérien au niveau international en le dotant des capacités humaines et techniques pour soutenir la concurrence. Pour ce faire, les actions suivantes sont essentielles : l'acquisition de compétences humaines de niveau international, la mise en place et la maîtrise de systèmes d'information performants, la mise en œuvre d'un système de gouvernance favorisant la transparence et la séparation des rôles de détenteur de capital de celui de gestionnaire.
1) L'acquisition de compétences humaines de niveau international est la colonne vertébrale de tout l'édifice.
Le système éducatif algérien est aujourd'hui inadapté aux besoins de l'industrie et ne fait que reproduire les carences du système existant car l'encadrement est constitué en grande partie d'opérationnels du secteur. Cet encadrement n'est nullement à blâmer car il n'a jamais rien connu d'autre. Il n'y a jamais eu de traditions bancaires en Algérie, telles que la banque de détail ou la banque d'affaires, et encore moins de marché de capitaux. Les innovations qui ont eu lieu dans le monde de la banque et de la finance à travers le monde au cours des dix dernières années sont supérieures au nombre des innovations que le monde a connues depuis la révolution industrielle, et ce, tout simplement parce que les innovations dans le monde de la finance ne sont pas protégées par des brevets et peuvent être imitées immédiatement. Le défi est immense. De plus, il ne faut pas perdre de vue que les vis-à-vis étrangers de nos banquiers sont généralement les meilleurs éléments recrutés des grandes écoles, comme Insead, HEC, Essec, Sup. de Co, Dauphine, Polytechnique, la London school of economics ou Gill, pour ne citer que celles-là. Il faut un changement radical de notre perception de la formation. De nos jours, certains responsables considèrent encore la formation comme un coût, alors que c'est l'investissement le plus rentable que l'on puisse faire pour peu que l'on crée les conditions favorables d'un épanouissement des personnes formées pour parer aux déperditions. Tant que l'on n'aura pas créé des business schools en grand nombre avec un encadrement de niveau international, on continuera à tourner en rond. Le savoir est aujourd'hui un bien que l'on peut acquérir sur le marché. Il suffit d'y mettre le prix. En attendant la formation de cadres locaux en grand nombre dans ces business schools, il faudra recourir au recrutement de cadres chevronnés à l'extérieur du pays, qu'ils soient Algériens ou étrangers. C'est comme cela que des pays comme les Emirats se sont développés. Le secret, c'est la rémunération. Le problème sera simplement résolu le jour où l'on rémunérera la performance. Le jour où l'on cessera de rémunérer un cadre local par rapport à un étranger, un homme par rapport à une femme, mais la performance et la compétence, comme partout ailleurs. Une rémunération constituée d'une partie fixe et d'une bonne partie variable, basée sur le résultat. Les quelques cadres qui nous restent dans les secteurs aériens (pilotes), des hydrocarbures (ingénieurs de forage, de GNL), les informaticiens, etc., sont tous en train de partir. On se résignera bientôt à les remplacer par des étrangers à qui on servira des salaires bien plus élevés que ceux qu'on ne donne pas aujourd'hui à nos cadres compétents.
De quel type de cadres a-t-on besoin dans le secteur bancaire et financier pour accompagner la réforme financière ? Il s'agit de cadres formés en ingénierie financière capables de constituer des équipes en mesure de concevoir et de mettre en marché des produits bancaires et financiers adaptés aux besoins très variés d'une clientèle diversifiée. Des cadres capables de mener des analyses tant qualitatives que quantitatives en vue d'évaluer et de mitiger les différentes catégories de risques, financier, de crédit, de change, de marché, opérationnel, etc. Des cadres capables de structurer des opérations complexes de project finance de type Bot, Boot et concession impliquant des contrats de feedstock et des contrats take or pay ou take and pay, des opérations de fiducie, escrow account, des accords inter-prêteurs de dette senior, mezzanine, subordonnée, etc., les prises de sécurité appropriées, ainsi que la panoplie de cautions nécessaires. Il faudra des spécialistes en systèmes d'information capables de concevoir des solutions adaptées aux innovations et autres produits financiers. Dans l'environnement bancaire et financier, il faudra également former et donner l'opportunité à des courtiers d'exercer leur métier, des journalistes financiers pour analyser et diffuser l'information financière sur les titres obligataires, boursiers, hypothécaires, les bilans des entreprises et des banques. Il faudra aussi des conseillers financiers pour assister les particuliers à faire des placements et à gérer leurs portefeuilles d'actifs.
2) La mise en place et la maîtrise de systèmes d'information performants
De nos jours, la matière grise et le software sont deux ingrédients essentiels du progrès et de l'innovation. La conjugaison de l'intelligence humaine et de l'intelligence artificielle est aujourd'hui la source de création de valeur. La vitesse de traitement de l'information est un outil davantage concurrentiel.
Il faut que nos banques s'équipent aussi bien de hardware que de software afin de disposer des outils leur permettant d'obtenir des informations en temps réel. Ceci est essentiel pour une prise de décision rapide et éduquée. Aujourd'hui, des informations comptables simples ne peuvent être disponibles que plusieurs mois après la clôture d'un exercice, alors que l'information doit être disponible à chaque mois. Des systèmes d'information performants doivent mettre à la disposition des dirigeants des outils d'aide à la décision, tels les tableaux de bord et autres rapports d'analyse. Des systèmes d'information qui doivent être mis au service des stratégies génériques de coûts, ou de prix, soit pour réduire les coûts, soit pour livrer des services de haute qualité qui commandent des prix supérieurs à ceux de la concurrence.
Cela suppose un re-engineering du métier de la banque en Algérie. Les banques ont été structurées en vue de servir des sociétés d'Etat et de mettre en œuvre une stratégie de développement économique dont l'Etat est l'acteur principal. Aujourd'hui, avec l'ouverture de l'économie, la venue d'acteurs économiques privés nationaux et étrangers et, surtout, du grand public, la donne est différente. La satisfaction du client devient l'objectif majeur avec celui de faire des profits. Ce dernier élément n'a jamais été une préoccupation prioritaire, ni du banquier ni du propriétaire. La construction de franchises basées sur la mise en place de la banque de détail avec toute la panoplie de services bancaires à la clientèle doit être un axe majeur de la réforme financière. L'introduction de services bancaires à distance grâce à Internet est aujourd'hui une nécessité, de même que la généralisation des distributeurs automatiques de billets Le re-engineering doit donc amener avec lui un changement profond de mentalité et un sang neuf.
3) La mise en œuvre d'un système de gouvernance favorisant la transparence et la séparation des rôles de détenteur de capital de celui de gestionnaire.
La gouvernance est définie comme étant un système d'organisation des pouvoirs et processus de décision et de contrôle dont le fonctionnement harmonieux et la transparence conditionnent la réussite et la pérennité d'une organisation. C'est au niveau du conseil d'administration que s'exerce le gouvernement d'une entreprise. En plus d'être gouvernée, une entreprise doit être aussi managée. Pour éviter tout conflit d'intérêt, il faut séparer la fonction de manager de celle d'administrateur, c'est-à-dire la fonction de président de celle de directeur général. Le directeur général dit rendre compte de sa gestion à un conseil d'administration. Or, ce conseil d'administration est présidé par lui-même. Par conséquent, le président- directeur général se trouve être juge et partie. La loi monnaie et crédit a prévu cette séparation. On constate que cette disposition est appliquée par les banques privées mais pas par les banques publiques. Pour une bonne gouvernance et donc plus d'efficacité dans le fonctionnement de nos banques, il faut introduire la culture de l'efficience et de l'efficacité. L'efficience fait référence au processus de prise de décision qui est du ressort du conseil d'administration. Celui-ci ne doit pas forcément être composé de bureaucrates représentant le propriétaire, mais des professionnels parmi les gestionnaires et les experts les plus compétents. Il s'agit de rompre avec les pratiques du passé qui font que les décisions sont prises de façon intuitive et non en fonction d'un processus d'examen d'options que l'on confronte les unes aux autres en se basant sur des critères de choix, tant quantitatifs que qualitatifs. Il s'agit de choisir l'option la plus optimale ou, à défaut, l'option la plus satisfaisante, comme dirait Herbert Simon. En définitive, l'efficience revient à choisir la bonne chose, prendre la bonne décision.
S'agissant de l'efficacité qui relève du rôle du manager, il s'agit tout simplement de faire bien la bonne chose. Faire bien la bonne chose nécessite beaucoup de rigueur. Cela veut dire optimiser le temps et créer beaucoup de valeurs avec peu de ressources. L'idéal pour nos banques serait d'avoir un directoire composé de l'actuel chef de la direction qui aura à ses côtés un expert expatrié avec une très grande expérience internationale de la banque et un jeune cadre algérien talentueux. Ce dernier prendra la relève à la fin de la mission de l'expert qui aura été recruté sur la base d'un contrat de performance. Le même schéma devra être appliqué dans les principales divisions de la banque.
Pour que les choses fonctionnent correctement, il faut que le conseil d'administration s'occupe de l'efficience, c'est-à-dire concentrer tous ses efforts pour faire les bons choix et prendre les décisions les plus éduquées et laisser le management s'occuper de l'efficacité. Le conseil d'administration doit être un bon décideur et un bon contrôleur.
En ce qui concerne la relation banque-entreprise, et à titre d'exemple, le bon choix a été fait avec l'amorce de la migration du financement des entreprises du budget vers le marché. Les années 2004, 2005 et 2006 ont vu de grandes entreprises, comme Air Algérie, Sonelgaz, Sonatrach, l'ENTP, l'Enafor, Algérie Télécom, Cevital, ALC, etc., se faire financer sur le marché obligataire algérien. Ces entreprises ont emprunté à des coûts intéressants sur le marché des capitaux. Il faudrait que ceci se reflète dans une meilleure capacité de gestion de l'entreprise et un meilleur service à la clientèle, sachant que ces entreprises devront se tourner vers le public pour emprunter davantage. Elles doivent donc soigner leur image de marque. En d'autres termes, elles doivent introduire la culture de l'efficience et de l'efficacité pour être performantes.
Les emprunts sur le marché ont contribué à limiter l'endettement extérieur et à en diminuer l'encours. Ces emprunts ont mis les entreprises à l'abri du risque de change et des primes de risque pays fort onéreuses.
Pour emprunter sur le marché obligataire, les entreprises sont tenues à des obligations de publication de comptes, de maîtrise des coûts et de l'organisation qui sont impératives. Outre la transparence de leurs comptes, elles y gagnent une incitation à mieux investir et à mieux produire pour honorer leurs engagements financiers. Sachant qu'elles doivent revenir sur le marché, elles doivent veiller à une visibilité croissante de leur situation financière et, en conséquence, une amélioration continue de leur gestion Les institutions financières qui participent aux émissions accèdent donc à une information économique de qualité sur les entreprises, celles-ci, sous la conduite d'un conseiller financier indépendant rompu aux pratiques internationales, ayant dû produire une information détaillée sur leurs activités, leur situation financière et leurs performances. Ces entreprises doivent être transparentes et doivent, pour asseoir leur crédibilité financière, s'organiser pour produire des états financiers et les faire approuver par des auditeurs financiers de renommée internationale de façon diligente. Des garanties suffisantes, ainsi que des clauses restrictives sont mises en place pour protéger les épargnants. Le tout sous la supervision d'un régulateur qu'est la Cosob. Pour toutes ces raisons, la protection et le renforcement du marché obligataire doivent être un impératif de la politique financière en Algérie.
La bonne gouvernance est un exercice difficile, qui nécessite beaucoup de rigueur et de discipline, mais il est payant. Voici ci-après les principaux éléments d'une bonne gouvernance :
- la mise en place d'une stratégie corporative par le conseil d'administration que le management devra traduire dans un plan d'affaire;
- la mise en place de procédures et de techniques d'allocation économique du capital et de mesures de la rentabilité ;
- la mise en place de procédures et de techniques de gestion des risques ;
- la mise en place d'outils de mesure, de prévision et de simulation, de tests de vulnérabilité et de sensibilité ;
- des codes de déontologie portant sur les relations avec la clientèle, les obligations incombant aux administrateurs, aux dirigeants et au perso.
L. S.
(*) directeur géneral strategica finance,spécialiste en finance


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