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Viande, fruits et légumes inabordables
LE RAMADHAN SOUS LE DIKTAT DES INTERMEDIAIRES
Publié dans Liberté le 21 - 08 - 2009

C'est devenue une habitude — une très mauvaise —, à la veille de chaque mois de Ramadhan, c'est la fièvre acheteuse qui s'empare des Algériens au point de leur faire perdre le sens de la raison. Au grand bonheur des commerçants, légaux, illégaux et occasionnels, c'est la période où l'on se fait le maximum de bénéfices.
La fin de la semaine a été particulièrement marquée par un rush indescriptible sur tout ce
qui s'achète. Les marchés, les supérettes, les abattoirs et les petits commerces ont été pris d'assaut par les familles qui se sont engagées dans une folle course contre la montre.
Dans les marchés du centre d'Alger, l'ambiance n'a pas dérogé à la règle. Au marché de Réda-Houhou (ex-Clauzel), l'ambiance est plutôt détendue au rayon des fruits et légumes. Et pour cause, les prix affichés ne diffèrent guère de ceux que l'on retrouve un peu partout à travers les marchés de la capitale : la pomme de terre entre 40 et 55 dinars, la courgette entre 60 et 80 dinars, la tomate entre 40 et 60 dinars, les carottes entre 40 et 55 dinars, les oignons entre 35 et 45 dinars. Les citrons continuent à tenir la dragée haute. Même si leur prix est descendu de 400 à 200 dinars, ils restent excessivement chers. Evidemment, les citrons verts sont moins chers (150 dinars). Selon Omar, un commerçant qui tient une table à l'entrée du marché “c'est la faute aux femmes qui utilisent beaucoup le zeste de citron dans la préparation des gâteaux. C'est pourquoi le citron est introuvable et si cher”.
L'ambiance change lorsqu'on aborde le rayon réservé aux viandes. Là, les mines sont carrément abattues. Il suffit de voir les prix affichés pour s'en rendre compte. Les prix de la viande ovine ne descendent pas au-dessous de 900 dinars, ceux de la viande bovine dépassent les 700 dinars. Même la viande congelée est proposée à plus de 500 dinars. Idem pour les escalopes de dinde, qui dépassent les 500 dinars.
Nous retrouverons la même ambiance et les mêmes prix au Marché Ferhat-Boussaâd (ex- Meissonnier), ainsi qu'au marché de la place du 1er-Mai. Les clients achètent pourtant de tout. Certains font des remarques, comme cette femme qui se fait tancer par un commerçant au marché de Ferhat-Boussaâd, parce qu'elle trouvait que ses tomates étaient pourries et que leur prix ne justifiait pas leur qualité. “J'ai le droit de m'exprimer. Vous voulez nous obliger à acheter n'importe quoi, à n'importe quel prix !”, lance-t-elle dépitée.
Une autre fera le tour du marché de la place du 1er-Mai à la recherche de dattes de bonne qualité. Les prix varient entre 250 et 350 dinars, mais la qualité semble être sa principale préoccupation. Elle demande à un jeune commerçant si ses dattes n'étaient pas congelées. Ce dernier, tout sourire, lui fait remarquer que les dattes de saison ne seront sur les étals qu'à partir du mois d'octobre.
Ce qui est frappant, au marché du 1er-Mai, c'est le nombre impressionnant de mendiants qui squattent les entrées et même les escaliers qui mènent vers le parking. Une jeune femme est abordée par une mendiante qui lui demande de lui acheter un kilo de courgettes. La jeune femme lui répond “venez, je vous l'achète”. La mendiante hésite, avant de lui lancer “non, je préfère que vous me donniez l'argent. J'achèterai plus tard”. La jeune femme décide de continuer son chemin. Une vieille mendiante, qui aborde les clients avec une voix qui ferait fendre les cœurs les plus insensibles, est abonnée, toute l'année, à sa petite parcelle de trottoir, nous raconte un commerçant. Nous l'abordons pour lui demander pourquoi elle ne bénéficierait pas du “couffin de Ramadhan”. Elle rétorque que ce dernier est “réservé aux pistonnés”. Pour le commerçant, qui assistait à la scène “c'est une grande comédienne. Qu'est-ce qu'elle va faire avec le couffin du Ramadhan ? Elle gagne, ici, au moins 5 000 dinars par jour. Les véritables pauvres, il faut venir le soir, ou à l'aube pour les voir fouiller dans nos poubelles, ou encore ces vieux et ces vieilles qui nous abordent, la voix basse, pour qu'on leur donne deux ou trois pommes de terre”.
Nous laissons les professionnels de la mendicité à leurs activités journalières et prenons le chemin des abattoirs, pour essayer de comparer les prix des viandes. Le boulevard des Fusillés, malgré les aménagements effectués, est complètement saturé par les interminables chaînes de voitures se dirigeant vers les abattoirs. À l'intérieur, les prix affichés ne descendent pas au-dessus de 720 dinars le kilo. Et pourtant, les nouveaux riches imposent le tempo. Beaucoup achètent carrément des carcasses entières de moutons, alors qu'une bonne partie des clients achètent une moitié de mouton. Les moins nantis se contentent d'un gigot, d'une épaule et de quelques abats. Un père de famille, venu “acheter deux ou trois kilos” n'en croit pas ses yeux “c'est pas croyable ! ils vont manger tout ça en une semaine ou pendant tout le mois ?”. Un maquignon, rencontré sur les lieux, avait toutes les peines du monde à nous répondre : “Vous, les journalistes, vous nous accusez tout le temps. Allez voir les prix affichés par les revendeurs de bétail dans les marchés de Djelfa et vous saurez que nous subissons, comme les citoyens, le diktat des intermédiaires”.
Même son de cloche chez les mandataires du marché de gros des fruits et légumes de Boufarik. “Les gens croient que nous achetons directement chez le fellah. C'est faux. Cette marchandise que vous voyez, passe au moins par cinq et parfois par dix intermédiaires avant d'atterrir au marché de gros. Plus le produit est demandé et plus les intermédiaires font dans la spéculation”, raconte un mandataire. Et la solution ? “il faut faire comme les Américains, monter des centrales d'achat gérées par l'Etat ou des mandataires désignés par l'Etat, pour couper l'herbe à tous les intermédiaires entre les fellahs et les consommateurs”.
Il n'avait pas tout à fait tort notre mandataire. Et pour vérifier ses dires, nous ferons une virée dans certaines grandes surfaces submergées par le rush des familles. Ici, les prix sont moins élevés que chez les commerçants détaillants. Il est vrai que des entreprises ont décidé de refaire le geste en ce mois de Ramadhan, en baissant les prix des produits de large consommation, c'est le cas pour l'huile de table et l'eau minérale. Mais ce n'est pas le cas pour tout le monde. Un gérant d'une supérette nous explique que c'est le réseau de distribution et d'intermédiaires qui influe grandement sur les prix. “Le petit commerçant du coin n'a pas les moyens d'aller chercher ses produits à l'usine ou chez le dépositaire, donc il les achète en troisième ou cinquième main chez ces grossistes qui ne disposent même pas de papiers pour exercer. Donc, les prix et surtout la qualité s'en ressentent”. Il en veut pour preuve l'eau minérale dont certains producteurs ont décidé de réduire le prix pendant ce mois : “Regardez, je dispose de bouteilles de 2 litres, au prix de celles de 1,5 litre, c'est-à-dire à 115 dinars le fardeau. Si vous allez chez le commerçant du détail, vous trouverez les anciennes bouteilles de 1,5 litre, au prix de 125 dinars le fardeau”. Il en est de même pour les prix de la tomate concentrée, du lait, des fromages et autres produits de large consommation.
Entre les rayons des supérettes et les étals des marchés, les familles algéroises se précipitent pour faire le plein, sachant pertinemment, que dans une semaine les prix vont baisser et que les mêmes produits seront disponibles en abondance.
A. B.


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