“Nous avons été radiés par Staline du FFS” Les maires, qui ont été exclus du parti pour avoir participé à la rencontre entre les présidents d'APC et le chef de l'Etat, le 27 juillet 2008 à Alger, ont eu des mots particulièrement durs à l'encontre du premier secrétaire du FFS. Hier, à l'occasion d'une conférence de presse qu'ils ont animée à Draâ Ben-Khedda (Tizi Ouzou), les P/APC de Tadmaït, Timizart, Yattafen, Iboudrarène, Tirmitine et des élus FFS de l'APC de Draâ Ben Khedda, en l'absence des maires d'Akbil et Aït Toudert, ont restitué les choses dans leur contexte. Ils ont raconté la genèse de l'affaire dans le détail. Mais les conférenciers ne se sont pas empêchés de s'interroger sur ce qu'ils appellent “l'acharnement de Karim Tabbou contre les maires”. “Pourquoi ?” s'interrogent-ils d'emblée. Accusés par M. Tabbou d'être des “applaudisseurs” de Bouteflika, les cinq édiles municipaux rejettent l'accusation qui n'a aucun fondement, puisque la réunion, selon eux, s'était limitée à une simple cérémonie de clôture du cycle de formation des maires. “Je regrette que le FFS soit arrivé à cette régression morale, je ne me retrouve plus dans ce parti devenu stalinien”, affirme le P/APC de Timizart, un ancien militant de 1963. “Je me suis rendu à la rencontre des maires, je n'ai trahi ni Aït Ahmed ni le FFS”, dira-t-il. L'orateur accuse carrément Tabbou d'être “un allié objectif” du pouvoir. Revenant sur la genèse de l'affaire, son collègue de Tadmaït, qui parle d'une décision unilatérale, tient d'abord à dénoncer les pratiques d'un parti autoritaire. “Sous Tabbou, le FFS n'est qu'un parti populiste”, considère l'intervenant, qui accuse Tabbou de “liquidateur du FFS”. “Il est là pour liquider le parti”, déclare le maire. À Tadmaït, fief important du parti de Hocine Aït Ahmed, c'est tout le collectif militant qui a démissionné collectivement par solidarité avec le maire et ses élus. Si les militants ont rompu le lien organique, ils n'en assument pas moins l'héritage et les valeurs qui fondent le FFS. Visiblement remonté contre le premier secrétaire national du FFS, le président de l'APC d'Iboudrarène n'a pas mâché ses mots pour descendre en flammes celui qu'il qualifie de “Staline du FFS”. Pour répondre à l'accusation d'“applaudisseurs” de Bouteflika, le conférencier répond par cette sèche mise au point : “Ceux qui rôdent dans les cabinets noirs n'ont rien à voir avec le FFS authentique.” “Nous sommes le FFS authentique !”, tonne-t-il. Ce dernier accuse Tabbou d'avoir installé un cabinet noir au siège du parti. Et au maire radié, qui regrette la marginalisation des Djeddaï, Zenati et autres cadres du parti, de lancer un défi au premier secrétaire national du FFS : “Qu'il vienne installer une section à Iboudrarène.” “Je suis radié par des arrivistes”, dénonce pour sa part le président de l'APC de Tirmitine. Les contestataires ne comptent pas en rester là. Pour eux qui ont le soutien de leurs sections respectives, cette dynamique s'inscrit désormais dans la durée. Des contacts sont d'ores et déjà noués avec des ex-cadres du FFS pour apporter “la riposte appropriée à cet arbitraire”. Les huit maires, qui avaient participé à la rencontre entre les P/APC et le président Bouteflika, ont été sanctionnés par la direction du parti. Les sanctions vont de la radiation pure et simple à trois ans d'inéligibilité. Le président de l'APC de l'ex-Mirabeau a préféré, lui, démissionner et rejoindre avec armes et bagages le comité de campagne électoral de Bouteflika en avril dernier. Les P/APC, partis en guerre contre la direction de leur parti, promettent d'autres rebondissements à l'avenir sur cette affaire qui ne cesse de défrayer la chronique politique locale.
