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Lettre ouverte aux écrivains égyptiens et égyptianisés
Souffles…
Publié dans Liberté le 26 - 11 - 2009

La langue, en elle-même, n'est pas, et ne pourra pas être, un procédé fiable pour distinguer l'ami de l'ennemi.
En analysant ce qui se passe sur le plan politico-médiatique, après le match Algérie-Egypte, nous tenons à réitérer cette idée, philosophiquement réfléchie, du poète Adonis. Une idée qui a provoqué énormément de débats et versé beaucoup d'encre entre les intellectuels arabes : “Intellectuellement et civilisationnellement, les Arabes sont en voie d'extinction.”
Ainsi, Adonis a crié sa blessure, la nôtre. Ainsi, le poète, par son courage, a vomi sa douleur et son épreuve.
En 1997, quand j'ai publié mon premier roman Sommeil du mimosa, écrit en langue française, certains “amis” écrivains et journalistes arabophones, plutôt arabophiles, algériens, m'ont taxé d'écrivain “vendu à la francophonie” (voire à francophilie). J'ai été à leurs yeux le nouveau traître de la langue arabe.
Aujourd'hui, ce sont eux-mêmes, ces arabophiles, qui hurlent à tue-tête, dénonçant cette pseudo-élite égyptienne qui n'a pas tardé à se dévoiler. Quand j'ai écrit dans mon livre La culture du sang : fatwas, femmes, tabous et pouvoirs, publié en 2003, ce qui suit :
“Au nom de la fraternité arabe, dès la première rentrée scolaire dans l'histoire de l'Algérie indépendante, le régime de Nasser, en Egypte, incommodé par le parti des Frères musulmans (parti islamiste fondé par Hassan al-Banna en 1927), vient "au secours" de l'Algérie nouvelle, répondant à la demande d'aide formulée par le système algérien. Ainsi, le régime nassérien envoie quelques milliers (entre sept et dix mille activistes) de ses fanatiques pour "combler" le vide dans les écoles algériennes désertées par les enseignants français et européens fuyant les massacres commis par l'OAS.
Le nassérisme respirait. En se débarrassant de ces quelques milliers d'intégristes, tous envoyés vers l'Algérie indépendante. Quant au nouveau pouvoir algérien, il a pu réaliser sa "grande victoire", "le défi nationaliste", en assurant aux enfants de l'Algérie indépendante la première rentrée scolaire sans les Français. Quant au parti des Frères musulmans (FM), profitant de cette situation, il a pu remettre en ordre son appareil partisan accablé et noyauté par la sécurité nassérienne et, en même temps, tissa ses premières relations politiques avec le Maghreb. Profitant de l'analphabétisme, du climat de haine historique résultant de l'époque amère coloniale et de la violente guerre de libération contre la France coloniale, le parti des Frères musulmans a pu facilement structurer ses premières bases arrière fanatiques en Algérie indépendante. La stratégie idéologique utilisée par le parti égyptien des Frères musulmans était, avant tout, d'occuper la nouvelle école algérienne. Au nom de l'arabisation, d'une part, et au nom de la guerre contre l'Occident athée, d'autre part, les Frères musulmans se chargèrent de l'islamisation et de la coranisation de l'école algérienne. Ce fut le commencement d'une longue histoire de médiocrité pédagogique et de démolition de toute sorte de créativité ou de pensée libre dans le système éducatif algérien.” (Fin de citation)…
Quand j'ai écrit cela, j'ai été taxé d'ennemi du “panarabisme” et de la religion par ces mêmes voix arabophiles.
Aujourd'hui, avec tout ce que nous avons vécu, tout ce que nous avons vu, de formes de barbarie, de venimosité, venant de la part des médias égyptiens, nous nous demandons : que signifie donc ce mot noble : “la fraternité” ? Que signifie donc le concept : “panarabisme” ? Que signifie donc cette structure fantoche et mensongère appelée : “la Ligue arabe” ?
Quelles sont les frontières qui séparent un ennemi soupçonné d'un frère
supposé ?
Est-ce que la langue commune ou imposée est capable de nous engendrer des frères ? Est-ce qu'une langue partagée est-elle habile d'effacer les hostilités ?Certes, et il faut le dire, l'Egypte littéraire, comme toutes les autres littératures du monde, a donné de grands écrivains que nous avons lus avec plaisir et admiration, je ne cite, ici, que quelques-uns : Naguib Mahfoudh (mort en 2006), Djamel al- Ghitany, Allaa el-Swany, Nawal Saadawy, Youssef Idriss, Sonallah Ibrahim…
Aujourd'hui, en méditant sur tout ce qui se passe : brûler le drapeau algérien, insulter les symboles et les martyrs de la Révolution algérienne, je me demande pourquoi ces écrivains demeurent-ils muets face à ce mal, à ce désastre intellectuel ?Si les écrivains algériens connaissent et lisent les écrits égyptiens, ces derniers, par leur autosatisfaction, par leur égoïsme culturel, par leur chauvinisme intellectuel, ne se donnent pas la peine de lire les autres écrivains du monde arabe. Ils n'ont jamais lu nos grands écrivains, à l'image d'Assia Djebar, Mohamed Dib, Kateb Yacine, Rachid Boudjedra, Mohamed Arkoun, Yasmina Khadra, Malek Chebel ou Zhor Wanici….
Par ce chauvinisme intellectuel, l'Egypte culturelle n'est plus considérée comme “le centre” de la culture et la littérature arabes. Aujourd'hui, ce centre s'est fragmenté, s'est multiplié. Nous constatons une nouvelle recomposition de la géographie littéraire et culturelle dans ce monde arabe et arabisé. Nous assistons à la naissance d'un centre à Dubaï, d'un autre à Damas et d'un troisième au Maghreb.
L'Egypte culturelle a vieilli. Elle vit son avenir dans son passé. La culture égyptienne contemporaine est agonisante.
Il est temps, après avoir écouté ces voix égyptiennes égarées et sans crédibilité intellectuelle demandant de boycotter “l'Algérie culturelle”, de revoir, de réviser le sens de quelques concepts qui ne sont plus convaincus dans notre vécu, entre autres : la fraternité, l'hospitalité, le panarabisme… Des concepts qui sont devenus usés et infructueux dans notre réalité politico-culturelle.
En examinant ce qui se dit à haute voix dans les médias par l'élite politique égyptienne en crise, on se demande combien est longue la liste d'ennemis qui se cachent dans la peau de la langue commune et prient, malheureusement, le même Dieu. Et combien sont nombreux les amis et les frères qui ne partagent pas avec nous, ni la langue ni Dieu.Avec amertume poétique, face à ce qui se passe, nous n'avons que la voix du poète Adonis à prêter pour
crier : “Intellectuellement et civilisationnellement, les Arabes sont en voie d'extinction.”
A. Z.
[email protected]


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