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“La trithérapie est appliquée en Algérie, mais n'est pas offerte à tout le monde”
Le Pr Kamel Sanhadji, chercheur en immunologie, à “Liberté”
Publié dans Liberté le 01 - 12 - 2009

Découvert presque fortuitement, par des spécialistes américains en 1981, le HIV a tué, depuis, plus de 25 millions de personnes dans le monde. L'Onusida enregistre, quasiment chaque année, plus de 2 millions de nouvelles infections au virus, qui possède de grandes capacités de mutation et résiste jusqu'alors à toutes les thérapies mises au point. Les progrès de la médecine permettent, néanmoins, de donner un sursis plus long (jusqu'à 20 ans) aux personnes vivant avec le HIV. Beaucoup d'espoirs sont fondés sur la thérapie génique. Le Pr Kamel Sanhadji, éminent chercheur en immunologie, nous fait le point sur le sida, dont le monde célèbre aujourd'hui la journée internationale.
Liberté : Où en est la recherche sur la thérapie génique, présentée comme la seule possibilité d'éradication du virus HIV ?
Kamel Sanhadji : La thérapie génique devient incontournable dans la mesure où elle présente des possibilités d'éradiquer le virus. D'autant qu'on ne peut plus se contenter des traitements, dont on connaît les limites.
D'ailleurs, on a démarré avec la monothérapie, puis la bithérapie, puis encore la trithérapie et nous en sommes actuellement à la multithérapie, eu égards aux capacités de mutation et d'esquive du virus. Le temps qu'il s'habitue à un médicament, il trouve la parade et il l'annihile. Il y a une quinzaine d'années, le virus a commencé à muter et à devenir résistant à la trithérapie, qui assurait une survie de 10 à 15 ans aux personnes affectées par le HIV. On est passé à la quadrithérapie et on fait gagner au malade un sursis de vingt ans, car la propagation virale est freinée. Mais il est toujours infecté par le VIH et, de ce fait, demeure contagieux. Il fallait alors penser à un autre moyen de combattre la maladie. Il y a des recherches sur un vaccin contre le virus HIV. Mais à chaque fois qu'on trouve un vaccin, il souffre de la même réponse de la part du virus, c'est-à-dire il y développe une résistance. C'est ce qui justifie la mise en place de la thérapie génique. Elle consiste à piéger le virus, plus précisément à le leurrer. La physionomie du virus HIV lui permet de se fixer sur les récepteurs (CD4) d'une partie de ces cellules sanguines qu'on appelle les lymphcytes T (agents du système immunitaire chargés de défendre l'organisme de toute intrusion virale ou microbienne, ndlr). Dans les laboratoires de génie génétique, on fabrique les récepteurs sans cellules derrière.
On injecte le gène dans des cellules humaines et il va se multiplier. Le virus va sauter dessus et il sera complètement couvert par les fausses cellules du système immunitaire. Au bout de six heures, il meurt naturellement. Cette thérapie a été testée sur l'animal, à savoir la souris. Elle a donné des résultats extraordinaires puisqu'elle évite l'infection d'une nouvelle série et le virus, ensuite, meurt. Nous menons des tests pour connaître les éventuels effets secondaires afin de pouvoir passer aux essais cliniques sur l'homme, car le comité d'éthique le demande. On s'est fixé une échéance de cinq ans pour faire aboutir la thérapie. D'ici là, si un médicament miracle est découvert, ça sera mieux, car cela induira des coûts moins élevés.
Qui seront volontaires pour les premiers essais de la thérapie génique sur l'homme ?
Elle sera adressée, dans un premier temps, aux personnes infectées par le virus HIV, pour lesquelles la multithérapie n'est plus efficace, c'est-à-dire qui n'ont pas d'autres recours contre le virus.
La thérapie interviendra-t-elle avant la phase d'infection ?
La thérapie vise à diminuer considérablement la charge virale. Il n'en demeure pas moins que même si la personne est traitée, mais n'a pas complètement expurgé le virus, elle reste contagieuse. C'est le cas pour les rapports sexuels non protégés ou les femmes enceintes. Dans tous les cas, nous avons intérêt à avoir des visées prophylactiques.
Vous avez évoqué le cas de femmes séropositives enceintes. Il semblerait que le risque de transmettre le virus au fœtus est de l'ordre de 20%...
Effectivement, sur cinq femmes enceintes non traitées, une seule accouchera d'un bébé séropositif. C'est pour cela que les femmes gardent de plus en plus leur grossesse. D'autant qu'avec la trithérapie, on est arrivé à 1% de cas de contamination de mère à enfant.
La naissance est évidemment programmée par césarienne, car c'est pendant les contractures de l'utérus que le bébé est contaminé. Il faut juste ensuite éviter l'allaitement. En Afrique subsaharienne, où prévaut une grande précarité, on autorise les femmes séropositives à allaiter leurs bébés. On prend le risque d'avoir dix nourrissons malades que de les perdre tous par malnutrition.
Que diriez vous sur la prévalence du sida en Algérie ?
Il faut savoir que toutes les personnes vivant avec le HIV, en Algérie, ne sont pas recensées. Si l'on prend la proportion la plus basse, entre 0,1% et 0,5% de la population serait infectée. Disons qu'il y a 30 000 Algériens qui vivent avec ce virus. Les chiffres officiels sont encore plus bas. L'infection est sous-diagnostiquée. Beaucoup de personnes découvrent leur séropositivité lors d'un accident ou lors d'une exploration pour une autre maladie. Il faudrait qu'il y ait une culture de dépistage comme dans les pays européens. D'autant que l'examen est libre, gratuit et anonyme. Mais la maladie reste encore taboue parce que le sida est associée — dans l'entendement général, ndlr — au sexe…
Quelles sont les conditions de prise en charge en Algérie ?
La trithérapie est appliquée, mais elle n'est pas offerte à tout le monde. C'est cela le problème.
C'est-à-dire ?
Les personnes qui présentent les critères médicaux n'ont pas toutes accès — et elles sont nombreuses — à la trithérapie, à cause de restrictions budgétaires. Ces médicaments coûtent cher, et les budgets dégagés par le ministère de la Santé ne permettent pas d'importer les médicaments en quantités suffisantes.
Le traitement coûte, tout de même, entre 10 000 et 15 000 euros par an et par patient. Les pays du Nord ont leur part de responsabilité dans les prix prohibitifs qu'il faudrait payer pour acquérir le traitement. Ces pays-là justifient ces prix élevés par l'investissement engagé dans la recherche pour découvrir la molécule.
L'anomalie réside dans le fait que ces laboratoires pharmaceutique augmentent les prix au-delà de ce que la recherche a consommé. La molécule est brevetée pour une période de dix à quinze ans, puis la production du générique est autorisée. Les laboratoire cherchent donc à fructifier l'investissement avant l'expiration de ce délai. L'Inde, l'Afrique du Sud et le Brésil ont transgressé la loi et fabriqué ces multithérapies.
Vous savez combien ça coûte ? 300 euros par an et par patient. C'est rien du tout. Les laboratoires ont saisi la justice internationale, qui a fermé les yeux vu l'enjeu et le massacre que le sida engendre.
On a préféré laisser les gens se soigner. Ce n'est pas légal ni éthique, mais c'est juste. Devant cette situation de fait accompli, les laboratoires ont fini par vendre leurs médicaments à des prix plus intéressants. Et puis les gouvernements s'impliquent de plus en plus pour intégrer le sida dans leurs politiques, pour qu'il y ait meilleur accès au traitement. Ils mettent en place des systèmes de partenariat avec les laboratoires pharmaceutiques, pour la production de la molécule localement. Ce qui assurera une plus grande disponibilité du médicament. On pourra alors traiter tout le monde, comme devrait être le cas pour l'Algérie.
Si toutes les personnes affectées par le HIV ne sont pas mises automatiquement sous multithérapie, en Algérie, que traite-t-on alors ?
On traite ce qu'on appelle les effets secondaires, comme les infections opportunistes et les cancers. On s'attaque aux conséquences du mal et non pas au mal lui-même.
On peut dire que le sida est une maladie largement connue de nos jours. Pourquoi demeure-t-elle ravageuse malgré toutes les campagnes de sensibilisation sur la prévention ?
On a réussi à faire prendre conscience sur les dégâts et sur l'impératif d'agir le plus vite possible. Grâce à la communication sur le sida, la maladie se répand moins vite, même si elle continue à faire des ravages, notamment chez la génération post-sida. Le sida est connu depuis 1981. La trithérapie est appliquée depuis 1992. Les jeunes croient que le sida se guérit par les multithérapies.
Donc, ils ne prennent pas systématiquement les précaution de prévention. Malheureusement, chez les jeunes, le virus reprend une certaine tendance à la propagation.
Un dernier mot de professeur en immunologie…
L'intense effort consenti sur le HIV, qu'il y a eu une nouvelle stratégie de recherche sur les virus mutants, comme celui responsable de la grippe aviaire, ou le H1N1. C'est grâce aux recherches sur le HIV que les laboratoires ont abouti rapidement au vaccin contre la grippe A/H1N1.
S. H.


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