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Ce que les Anglais connaissent de l'Algérie
Histoire, politique, économie et culture
Publié dans Liberté le 17 - 12 - 2009

L'entrave linguistique, l'absence d'attaches historiques, la mainmise de la culture francophone, le terrorisme, l'ensemble des clichés qui déforment l'image de la communauté algérienne au Royaume-Uni et l'emprise de relations d'affaires détournent l'attention du public britannique de l'Algérie et font obstacle à la construction de relations solides et constantes entre les deux pays. Explication.
“Nigeria ?!” L'Anglais moyen a toujours cette mine un peu penaude de quelqu'un qui a mal entendu quand un Algérien dit d'où il vient. Dans la langue de Shakespeare, les noms des deux pays se prononcent pratiquement de la même manière. Et comme les Britanniques connaissent mieux le Nigeria, une ancienne conquête coloniale, ils s'embrouillent souvent. Quelquefois, il faut préciser que l'Algérie se trouve au bord de la Méditerranée, entre le Maroc et la Tunisie, pour que les profanes puissent la localiser sur une carte géographique.
À ce stade, ils découvrent surpris qu'elle est proche, bien plus proche que le Nigeria et la quasi-totalité des Etats du Commonwealth. Sans doute, l'Algérie est méconnue par les sujets de Sa Gracieuse Majesté parce qu'il n'y a aucune trace d'elle dans leur mémoire collective. Elle ne fait pas partie des anciennes colonies britanniques, mais françaises. À l'opposé de l'Hexagone par exemple, le plat national au Royaume-Uni n'est pas le couscous, mais chicken tikka (un ragoût de poulet au curry). Dans ce pays, les Hindous représentent la communauté étrangère la plus importante, tandis que les Algériens font partie des groupes d'immigrés récents, minoritaires et non anglophones.
Fondus dans le magma multiethnique, ils restent inaudibles, sinon complètement invisibles. À distance égale du Royaume-Uni et sans avoir plus d'émigrés en terre victorienne, la Tunisie et le Maroc bénéficient toutefois d'une plus grande notoriété. Ces deux pays respirent un parfum d'évasion et d'exotisme que les tour-opérateurs vendent à bon prix à des clients qui n'ont pas toujours les moyens d'aller se dorer au soleil sur la Riviera française, aux Maldives ou aux Caraïbes. Dans leurs voyages à Hammamet ou à Marrakech, les touristes anglais s'abreuvent d'images, de senteurs et d'atmosphères, qu'ils essayent de restituer une fois chez eux, faisant par exemple de la cuisine marocaine une spécialité culinaire en vogue. Les références à l'Algérie sont beaucoup plus rares. Dans les librairies Waterstone's, plus grande chaîne livresque au Royaume-Uni, les étagères rivalisent de guides de voyages, mais un seul est dédié à notre pays. Il est l'œuvre de Jonathan Oakes, un enseignant d'Anglais, envoûté par les splendeurs du Tassili, d'El-Djemila et de bien d'autres sites qui ont inspiré sa prose. La première édition de l'ouvrage date du printemps 2008.
En 2008, 15 000 visas ont été octroyés aux Britanniques
Quelques mois plus tard, Lonely Planet, un guide de voyage australien très réputé au Royaume-Uni, classait notre pays avec le Vietnam et le Kirghizstan et la Géorgie, dans le top-ten des destinations idéales pour les passionnés de randonnées. Le nombre des vadrouilleurs qui ont chaussé leurs godasses pour escalader le Hoggar a-t-il grimpé depuis ? Selon les services diplomatiques algériens à Londres, environ 15 000 visas, toutes catégories confondues, ont été octroyés à des ressortissants britanniques en 2008. La même année, 300 000 Britanniques sont partis en vacances en Tunisie et 100 000 de plus au Maroc.
Revenu émerveillé d'un voyage gastronomique qu'il a effectué à Alger récemment, AA. Jill, critique culinaire du Sunday Times, a restitué l'image d'une ville captivante et qui vaut le détour. La qualifiant d'une des plus belles cités de la Méditerranée, il a vanté sa baie, son architecture et sa cuisine. Ses sens encore en éveil ont gardé le goût des sardines grillées, des truffes du désert et du couscous kabyle qu'il a dégustés.
Dans ses oreilles subsistent les clameurs des pêcheurs, des joueurs de dominos dans les cafés et de la foule grouillant dans les rues d'une ville, “où les gens, écrit-t-il, réapprennent à vivre après avoir enduré la violence terroriste”.
Aujourd'hui encore, le terrorisme est cet épouvantail qui fait fuir les touristes britanniques. Il suffit aux amateurs d'aventure de consulter le contenu du Conseil aux voyageurs (Travel Advice) pour changer d'avis. C'est simple, le Foreign Office classe l'Algérie parmi les destinations les plus dangereuses dans le monde.
Dans une dernière mise à jour, réalisée le 3 novembre dernier, il déconseille vivement à ses ressortissants de se rendre en Algérie et leur recommande d'effectuer leurs déplacements dans ce pays par avion. Pour dissuader les plus téméraires, un listing des attentats terroristes, contre les étrangers notamment, est mis en exergue dans le Travel Advice. Gloria, volontaire dans un magasin de charité, se souvient des circuits en moto qu'elle faisait avec des amis en Algérie dans les années 1970. “C'était fantastique”, s'exclame-t-elle, le regard encore ébloui par les dunes de sable qui escortaient sa traversée dans le désert. Selon Gloria, même pour les Britanniques qui la connaissent pour l'avoir visitée dans le passé, l'Algérie est devenue hostile. Elle aussi parle de terrorisme. Par courtoisie, elle demande si les choses vont mieux. Dans les médias britanniques, les écrits flatteurs et colorés comme celui de AA. Jill sont une goutte dans l'océan. D'ordinaire, l'Algérie est à la une quand un attentat terroriste d'envergure la frappe. Intra-muros, les émigrés algériens sont rarement présentés sous leur meilleur profil. Dans la presse, ils ont souvent le visage d'un terroriste, d'un demandeur d'asile, d'un sans-papiers ou d'un délinquant. En 2008, un raid policier dans le quartier algérien de Londres a projeté dans l'opinion publique l'image d'une communauté qui ressemble plus à une bande de voyous. Du côté des autorités, il a fallu que des attaques terroristes aient lieu à Londres, en 2005, pour qu'elles s'intéressent à la communauté algérienne en la ciblant par une enquête. Conduite avec l'objectif de cerner et de régler les difficultés d'insertion de nos compatriotes, cette expertise réalisée tout récemment recèle une motivation plus secrète, consistant à soustraire les Algériens du Royaume-Uni au courant islamiste qui entretient la violence dans leur pays d'origine. Aux yeux des responsables britanniques, l'Algérie continue d'être une source de menace terroriste pour l'Europe et pour leur propre territoire. Mais cela ne les empêche pas de vouloir faire des affaires avec elle. Affectée par une récession endémique, la Grande-Bretagne considère l'Algérie comme un marché très attractif. “Le Maghreb est négligé dans la politique extérieure du Royaume-Uni. Nous devons lui accorder une plus grande attention”, préconise Baroness Simons, membre de la Chambre des Communes et ancien ministre d'Etat aux Affaires étrangères. Selon Lady Olga Maitland, présidente du conseil d'affaires algéro-britannique, la situation sécuritaire en Algérie ne devrait en aucun cas freiner les businessmen de son pays.
Le gaz algérien contribue à hauteur de 10% au bien-être britannique
En janvier prochain, Graham Hand, ancien ambassadeur britannique et président de British Expertise — un cabinet de consulting dans le domaine des affaires — devrait accompagner des investisseurs à Alger dans une mission de prospection. Des firmes britanniques sont déjà installées en Algérie, dont
British Petroleum, l'une des plus anciennes.
Même si les consommateurs anglais ne le savent pas, le gaz algérien contribue à hauteur de 10% à faire marcher leurs appareils de chauffage et leurs cuisinières. “L'Algérie est importante pour nous”, observe Baroness Simons en évoquant la sécurité énergétique que notre pays procure au sien. Pour d'anciens diplomates britanniques cependant, le gaz, les contrats d'armement et la coopération antiterroriste sont loin d'être des piliers solides sur lesquels un partenariat durable pourrait être bâti.
Pour certains d'entre eux, la France qui veut garder l'Algérie dans sa zone d'influence empêche les Britanniques de “fraterniser” avec elle. “L'Algérie est perçue comme une chasse gardée française. Il lui appartient de se débarrasser de cette image”, commente le docteur Hugh Roberts, enseignant universitaire, spécialiste de l'Afrique du Nord.
D'un autre côté, l'académicien reproche
à son propre pays de ne pas avoir
montré une plus grande disponibilité à changer les choses, en restant focalisé dans sa politique “arabe” sur les pays du Moyen-Orient.
Dans les universités britanniques, très peu d'études sont consacrées au Maghreb et plus particulièrement à l'Algérie. Un ouvrage de référence Savage War of Peace (une Guerre sauvage de pacification), de Sir Alistair Hornes, met à nu la barbarie des procédés avec lesquels la France coloniale voulait empêcher les Algériens
d'accéder à leur indépendance. Plus récemment, des universitaires comme Hugh Roberts, Georges Joffe ou Martin Evans ont mené des recherches sur l'Algérie de l'après-1962, en examinant ses ratés et ses aspirations.
Enseignant à l'université de Portsmouth, le Dr Evans a découvert l'Algérie il y a près de 30 ans, au cours d'un voyage qui l'a mené jusqu'au Sahara. Il a débarqué avec ses copains au port d'Alger, le jour où les coéquipiers de Madjer ont battu l'Allemagne en Coupe du monde de football. Depuis, il écrit sur ce pays qui le fascine. Tout aussi séduite, Sophie pose un regard très indulgent sur Constantine, sa ville d'adoption où elle réside depuis deux ans avec son mari algérien et leurs deux enfants.
Revenue à Londres pour des vacances, l'expatriée raconte comment elle a
appris à vivre avec des pénuries d'eau, sous des températures quelquefois étouffantes en été et le mal du pays. Sauf que sa belle-famille, ses voisins et ses nouveaux amis l'ont aidée à surmonter tout cela, grâce à un accueil chaleureux et une profonde générosité. Sa belle-mère l'a initiée à l'art culinaire local. Sophie affectionne particulièrement les makrouts fourrés de dattes.
De la Deglet Nour bien algérienne. Pas les variétés contrefaites que ses compatriotes trouvent sur les étagères de leurs supermarchés, sous le label tunisien ou saoudien.


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