Un des piliers du fameux groupe d'Oujda aux côtés de Boumediene, Bouteflika et bien d'autres, Chérif Belkacem a été un des hommes politiques phares des années 70. L'éminence grise du groupe. L'évincement des ténors du GPRA comme Benkhedda, Krim Belkacem et Mohamed Boudiaf de la course au pouvoir en été 62, lui avait ouvert grandes les portes du sommet de l'Etat. En septembre 1963, il s'est vu confier le ministère de l'Orientation nationale avant d'hériter en 1964 de celui de l'Education nationale. Ayant pris une part active au coup d'Etat qui a mis fin le 19 juin 1965 au règne de Ben Bella, il fait son entrée au conseil de la Révolution pour ne le quitter qu'en 1975. De par ses qualités d'organisateur, il s'est vu confier la lourde mission de ramener le FLN dans le giron de l'armée. En 1970, il était nommé ministre des Finances par Boumediene. Après un détour par le conseil national économique et social (Cnes), il rejoint le secrétariat exécutif du FLN, parti unique à l'époque, avant d'entrer en disgrâce à partir de 1975. Il s'exila alors en France pour ne regagner le pays qu'à la faveur des événements d'octobre 1988. C'est en 1994 qu'il sort de sa retraite. Mandaté de convaincre son ancien ami Abdelaziz Bouteflika d'accepter la présidence de la République, il échoue dans sa mission. En 1999, il se porte candidat à la présidentielle avant de se retirer de la course avant même la tenue des élections. Depuis, il est entré dans l'opposition systématique à Abdelaziz Bouteflika qu'il ne porte pas dans cœur. “Je suis celui qui le connait le mieux”, disait-il de lui. Mais son opposition se résume à quelques écrits qu'il publiait, de temps à autre, dans la presse nationale. Il s'est éteint à Paris, le 23 juin 2009 des suites d'une longue maladie. Né au Maroc le 10 juillet 1930 d'un père originaire de Oum El-Bouaghi et d'une mère marocaine (Fès), Chérif Belkacem a poursuivi ses études à Dar El Beïda avant de rejoindre en 1956 les rangs de l'ALN. Commandant de la zone de Tlemcen (Wilaya V historique) jusqu'à la fin de 1959, “Si Djamel'' regagna ensuite l'état-major de l'ALN en tant que responsable du PC/Ouest. De solides affinités s'étaient alors créées avec des hommes comme Boumediene, Kaïd Ahmed, Medghri et Bouteflika qui créeront le groupe d'Oujda. Doté d'un grand humour, Chérif Belkacem “Si Djamal” pour les intimes n'en est pas moins un organisateur hors pair. Ses talents, il les a mis au service d'une tâche sacrée : l'édification d'un Etat algérien moderne.
