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La Kabylie enterre la décennie de l'insécurité
Un plan sécuritaire spécial est déployé pour accompagner son développement
Publié dans Liberté le 09 - 01 - 2010

La situation demeure kafkaïenne. Le départ des 14 brigades de la Gendarmerie nationale et le retard accusé pour installer 57 autres unités territoriales, en sus de l'absence des sûretés urbaines dans la majorité des communes et des BMPJ, ont créé un climat d'insécurité angoissant qui n'a épargné personne. Un plan se dessine. Des objectifs sont tracés.
Forte de 1 500 villages, de 67 communes et de 1 200 000 habitants, la wilaya de Tizi Ouzou n'a jamais vécu une décennie d'insécurité comme celle que les autorités locales commencent à évaluer pour sortir les populations souffrantes de la spirale de la violence. Et pour remédier à cette situation, les autorités locales et les services de sécurité annoncent un vaste plan de redéploiement des unités de la Gendarmerie nationale, de Brigades mobiles de la police judiciaire (BMPJ) et de sûretés urbaines et de proximité. Le wali de Tizi Ouzou, le président de l'APW, les P/APC, le représentant du patronat, le commandant du groupement de la gendarmerie et le chef de la Sûreté de wilaya, les commerçants et les citoyens sont unanimes : en l'absence de sécurité dans la région, il n'y aura aucune perspective d'investissement.
Mieux, ils estiment qu'il est temps de tourner une page noire et d'aller de l'avant pour reconsidérer le cadre de vie du citoyen en passant par la réhabilitation, à tous les niveaux, de l'autorité de l'Etat, d'une part, et le rétablissement de la confiance entre gouverneurs et gouvernés, d'autre part, et ce, à travers l'encadrement des élus locaux. Jeudi dernier, ces acteurs sont, tour à tour, intervenus dans un magazine consacré par la Radio nationale Chaîne III à l'insécurité en Kabylie, afin d'apporter un éclairage sur les attentes et les priorités des populations de cette région, sinistrée depuis les douloureux évènements de 2001. Le wali de Tizi Ouzou, Hocine Mazouzi, estime que le rapt d'un citoyen à Iflissen, à Tigzirt, le 31 octobre 2009, et sa libération par la mobilisation de 31 villages, “constituent un déclic. C'est un acte de bravoure ! Nous finirons par mettre fin à cette insécurité à moyen terme. En 2006, la situation échappait au contrôle de tout le monde. Il y avait autant de banditisme, notamment après le départ des 14 brigades de la Gendarmerie nationale. En 2009, la situation s'est sensiblement améliorée et les résultats sont palpables sur le terrain. Le programme prévu de 2010 à fin 2011 nous permettra d'assurer une couverture sécuritaire à un taux de 100% alors que nous ne sommes qu'à 80% actuellement”.
57 brigades de gendarmerie et 34 BMPJ avant fin 2011
De l'avis du commandant de la Gendarmerie nationale de Tizi Ouzou, Salim Azzouz, les gendarmes sont redéployés dans toutes les zones enclavées et isolées de la Kabylie. En plus de la lutte implacable contre le terrorisme, les unités du GGN ont répondu favorablement à l'appel des populations menacées par les malfrats afin d'installer ces brigades territoriales. “Le crime existe partout. Il n'est circonscrit ni dans le temps ni dans l'espace”, dira-t-il. M. Azzouz a révélé que ses services ont mis hors d'état de nuire trois grands réseaux de bandits, spécialisés notamment dans les braquages, les faux barrages et le racket. Le patron de la CSW de Tizi Ouzou, Mohamed Serrir, révélera de son côté que ses unités ont démantelé plusieurs réseaux qui semaient la terreur dans la région. “Ces individus se faisaient passer pour des terroristes pour kidnapper ou agresser les citoyens, et les délester de leurs biens”, explique encore M. Serrir. Celui-ci annoncera que sur les 28 daïras que compte cette wilaya, 19 sont dotées de Sûretés.
À la fin 2010, toutes les daïras seront pourvues de structures sécuritaires. Sept, en chantier, seront bientôt opérationnelles. Aussi, a-t-il indiqué, un plan spécial sera consacré aux BMPJ, dont 9 sont opérationnelles.
À moyen terme, toutes les daïras verront l'installation de BMPJ et toutes les communes, sans exclusivité, seront pourvues de Sûretés urbaines et de proximité pour arriver à un taux de couverture de 100% en 2011.
M. Serrir révélera que durant le mois de Ramadhan dernier, 5 affaires ont été élucidées, dont 3 ont abouti à l'arrestation des mis en cause en flagrant délit. Il y avait même une affaire de rapt déguisé d'une jeune fille par deux émigrés expulsés de France. Comme quoi, dans la confusion, les malfrats et autres associations de malfaiteurs sévissent en toute impunité. Cela fera dire au premier magistrat de la wilaya, M. Mazouzi, que “la région ne connaîtra pas de développement sans sécurité même si la situation s'est sensiblement améliorée. Nous avons lancé beaucoup de projets, d'autres sont déjà en chantier. Mais le développement et la sécurité vont ensemble et cette sécurité est, désormais, l'affaire de tous. Pas uniquement des pouvoirs publics”.
Déployer un plan Marshall, sécuriser les élus et les investisseurs
Le P/APW de Tizi Ouzou, M. Ikharbane, enchaînera dans le même sens non sans mettre en exergue la nécessité de mettre en confiance le citoyen et lui assurer une sécurité afin qu'il participe à cette dynamique collective. “Le cas d'Iflissen relève d'une prise en charge du citoyen de sa préoccupation. Il faut aller vers un plan Marshall ! Tout est à refaire dans notre wilaya. Il faudra une mise à niveau avant de parler de développement. Contrairement à d'autres wilayas qui sont engagées directement dans le développement, Tizi Ouzou nécessite cette mise à niveau et nous sommes présents sur le terrain pour accomplir notre mission. Nous sommes élus pour ça !" M. Ikharbane dira encore que la taille des entreprises est loin d'être suffisante par rapport à celle des projets engagés. Disposés à aider la wilaya dans sa démarche, les élus locaux exigent une protection, somme toute, légitime.
C'est le cas du P/APC de Azzazga, Mohand Arhab, qui a été violemment agressé à deux reprises par des individus pourtant identifiés mais qui n'ont pas été inquiétés. Cet élu, qui voulait ouvrir un marché de proximité, lequel marché rapporterait 500 millions par an à la commune, a vu son projet capoter par une bande armée de manches de pioche qui a passé à tabac des commerçants. À ses yeux, l'élu doit accomplir son devoir en bénéficiant de la protection et de l'encadrement de l'Etat. “Une ou deux personnes peuvent s'opposer aux projets et c'est la panne”, explique-t-il, comme pour caricaturer la situation kafkaïenne qui sévit dans certaines localités de la Kabylie.
La clochardisation de la rue, la multiplication des lieux de débauche et de prédilection, la drogue, la délinquance, le squat des logements et des trottoirs, le kidnapping, le racket, le vol, le trafic de véhicules sur les axes non sécurisés… constituent un cocktail explosif qui expose les populations de Kabylie, chaque jour, à une insécurité qui prend de plus en plus de proportions alarmantes. Le plan de déploiement sécuritaire engagé, les investisseurs de la région comptent, eux aussi, dire leur mot.
Et le patronat
Trop, c'est trop ! Le représentant du patronat, Slimane Medjkouh, résumera la situation en quelques phrases-clés : “Le risque persiste toujours dans la région. Les opérateurs installés dans la région continuent à travailler, mais dès qu'une opportunité se présente, ils vont ailleurs. Il est temps de réhabiliter l'investissement en installant justement les chefs d'entreprise et leurs biens dans des zones sécurisées. Il y a également le phénomène du désinvestissement physique, car les personnes ont vraiment peur du rapt.”
En revanche, le chef de daïra de Tigzirt affiche un optimisme mesuré car, selon lui, “il n'y a pas eu d'effet négatif. Il y a des contrats signés, les gens travaillent sans aucun problème. On ne ressent pas la peur, encore moins une situation de blocage à Tigzirt”. L'abcès crevé, la Kabylie veut renouer avec la sérénité, mettre un terme à la terreur et au vide qui ont longtemps sévi au détriment de ses populations sombrées dans la violence, le chômage et le désespoir. Près de dix ans après les évènements de 2001, les acteurs de la région s'accordent à passer à un autre cap : le développement.


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