Les deux candidats à la succession de Nahnah partagent le parti islamiste. Verdict — fort probablement — demain. La bataille pour la prise de pouvoir au sein du Mouvement de la société pour la paix (MSP) va se schématiser par un duel. Un duel devant opposer d'abord deux hommes, Bouguerra Soltani et Abderrahmane Saïdi, ensuite deux groupes et, enfin, deux visions stratégiques, deux lignes politiques qui ont tout l'air de diverger. Les deux candidats à la succession de Mahfoud Nahnah ont affirmé, hier, au premier jour d'un congrès mi-extraordinaire mi-ordinaire, leur volonté de briguer le poste de président du MSP. Et chacun a pris le soin de préciser qu'il se présentait à la demande de “quelques frères”, “perpétuant ainsi une vieille tradition chez nous ; car les militants du mouvement, responsables ou pas, ne prennent jamais le pari déshonorant de se présenter de leur propre chef mais toujours à la demande de leurs pairs”, précise Abdelkader Bengrina, ancien ministre du Tourisme et de l'Artisanat. Bouguerra Soltani, plus connu sous le nom de “Boudjera”, et Abderrahmane Saïdi vont donc s'affronter. Ils vont le faire une première fois à l'intérieur du conseil consultatif et une deuxième fois devant les 1 200 congressistes. Dans les statuts du MSP, il revient, en effet, au conseil de trancher les candidatures ou, dans le cas d'une seule, de l'avaliser ou de la rejeter. Les groupes respectifs qui soutiennent l'un et l'autre des deux candidats vont donc réunir leurs forces et leurs voix pour élire les “bons” éléments au conseil. Le congrès pourrait porter le nombre de cette instance jusqu'à deux cents membres. La lutte sera acharnée, ardue. Parce qu'après constitution du conseil, Soltani et Saïdi confirmeront leur intention de se présenter. Leurs candidatures, issues de deux volontés différentes, seront définitivement scellées par le congrès. À moins que l'un d'eux se retire avant d'y arriver, ce qui n'est pas tout à exclure. Reste que Bouguerra Soltani est furieux. Il en veut au bureau exécutif d'avoir soutenu publiquement la candidature de son rival “alors que les règlements internes ne l'autorisent pas”. “Le bureau n'avait, sous aucun prétexte, à demander, encore moins à soutenir Saïdi. Cependant, ne vous attendez pas à une guerre de succession parce qu'elle n'aura pas lieu. Nous choisirons le meilleur d'entre les candidats, pour le bien du mouvement”, affirme l'ancien ministre du Travail. Le porte-parole du MSP, Abdelmadjid Menasra, tente de tempérer : “Le bureau a exprimé une position qui ne l'engage pas en tant que structure, sinon cela serait effectivement grave. D'ailleurs, rien n'empêche d'autres militants de se présenter, le congrès sera souverain.” Abderrazak Mokri, qui a retiré sa candidature à la dernière minute, tente, lui aussi, de cacher le désarroi. “Je me suis retiré, laissant la voie à mes frères dans le seul souci de préserver notre cohésion”, indique-t-il. Mokri et Mohamed Megharia, jusque-là président par intérim, ont en fait décidé de faire front derrière Soltani. Ils ont commencé leur travail de coulisses afin de déstabiliser Abderrahmane Saïdi, donné favori par un député assez coté sur le plan interne. Mohamed Megharia, dans son discours inaugural, a vertement critiqué le mandat de M. Abdelaziz Bouteflika. Il a parlé de “soutien” au chef de l'Etat au passé, estimant qu'“il ignore la réalité de la crise et qu'il n'accompagne pas ses paroles par des actes”. “Certains responsables croient pouvoir affronter le danger et protéger le pays à travers la politique de la fuite en avant et de la tergiversation (…)”, a-t-il déclaré. Megharia a reproché au président d'avoir “transformé le régime républicain, basé sur le respect de la volonté du peuple et son unité en un régime qui (…) fait fi des institutions constitutionnelles élues et dépasse leurs prérogatives, y compris quand il s'agit de questions graves et décisives …” En revanche, il pense que le mouvement citoyen a posé, dans le fond, la question du pouvoir. L. B. Des invités de marque Benflis, Hamrouche, Hanoune... Plusieurs personnalités étaient présentes, hier, à l'ouverture du IIIe congrès du MSP. On comptait notamment Karim Younès, président de l'APN, Ali Benflis, secrétaire général du FLN, Mouloud Hamrouche, ancien Chef de gouvernement, le général Attaïlia, Boubekeur Benbouzid, ministre — RND — de l'Education, Louisa Hanoune, porte-parole du PT, Abdelmadjid Sidi Saïd, secrétaire général de l'UGTA, et quelques ambassadeurs. L. B.
