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LA NATURE DANS LA MYSTIQUE D'UN PEINTRE
Ali Ali-Khodja
Publié dans Liberté le 21 - 02 - 2010

L'œuvre d'un artiste est déterminée par son histoire qui le poursuit quoi qu'il fasse.
Descendant de l'avant-dernier bey d'Alger, Ali Ali-Khodja est pour ainsi dire marqué par la culture de ses ancêtres ottomans, tout comme l'étaient ses oncles maternels Omar et Mohamed Racim, eux aussi Algériens d'origine turque. Ali Ali-Khodja est né le 13 janvier 1923 à Alger et a fait des études à l'Ecole nationale des beaux-arts d'Alger (ENBA), section arts musulmans, chez son oncle Mohamed Racim à partir de 1939. Il a enseigné aux Beaux-Arts d'Alger et organisé plusieurs expositions en Algérie et à l'étranger. Après une longue pratique de la miniature et l'enluminure, il abandonne progressivement ces techniques de l'art islamique pour se consacrer à la peinture au milieu des années 1960 : il est d'abord un semi-figuratif et peint, dans une figuration très libre, des écoliers, des animaux, des coqs, des chevaux…
Dès ses débuts, sa peinture s'est intéressée à la couleur et considérait les objets et les choses comme des masses s'harmonisant les unes avec les autres. En témoignent, par exemple, les tableaux datant de cette époque et intitulés “Sortie de classes” et “les Musiciens”. Jusqu'à la fin des années 1970, Ali Ali-Khodja travaillait un peu à la manière impressionniste. “La Harde”, qui représente un troupeau de chevaux sauvages au galop, illustre cette période où le thème n'est qu'un prétexte pour fêter la couleur.
Puis, il y eut la période des palais mauresques entourés de verdure, une thématique empruntée à Mohamed Racim et qui est tout aussi imaginaire, car voilà bien des lustres que ces demeures richissimes ont disparu du paysage algérois. Au milieu des années 1980, la peinture d'Ali Ali-Khodja devient abstraite, se contentant d'abord d'une recherche d'équilibres et d'harmonies chromatiques et formelles. Progressivement, elle trouvera son sujet et son sens.
Mais, d'emblée, elle s'apparente à une esthétique orientale fondée sur la recherche du raffinement et le plaisir des yeux. Ces œuvres abstraites aux couleurs chatoyantes incrustées d'or et d'argent rappellent l'Orient et ses envoûtements comme ils évoquent la lumière et l'ordre naturel où le soleil, symbole de la Lumière, tient une place essentielle dans l'imaginaire oriental.
Nous sommes d'emblée entre les Casbah nostalgiques et la nature chargée de symboles.
À partir de 1996, Ali Ali-Khodja s'oriente vers les paysages abstraits : ces sujets renvoient plutôt à l'idée que la culture orientale se fait de la nature, une nature qui est plus suggérée que représentée. Mais les titres donnés par l'artiste sont un peu déroutants, car ils renvoient rarement au “sujet” traité : “Idée flamboyante”, “Effluve du passé”, “Magma de la conscience”, “Au-delà de la pensée”… Ali-Khodja ne cherche ni la représentation de la réalité ni à poser des questions philosophiques ou métaphysiques : ses buts premiers sont la délectation et le plaisir esthétique.
La nature est un sujet qui est entré en peinture il y a cinq siècles, mais c'est au XXe siècle qu'apparaît le paysage abstrait avec des peintres comme Willem de Kooning, Hans Hofmann, Manessier, Singier, Za Wou Ki, Prassinos et beaucoup d'autres, dont Khadda, pour citer un Algérien.
Les paysages abstraits d'Ali-Khodja s'inscrivent dans cette perspective, mais s'ils ne possèdent ni le côté expressionniste d'un Willem de Kooning ni ce côté lyrique de Khadda, c'est d'abord parce qu'au fond, leur auteur appartient à une culture profondément orientale qui cherche le recueillement et le ravissement plutôt que l'expression.
Les éléments, les feuilles, les fleurs, les arbres, les reliefs ou les collines ne sont donc pas clairement représentés, mais nous les devinons à la lumière qui cerne des contours, des formes, des arrondis empruntés à la nature.
Ali-Khodja tient plusieurs de ses procédés de l'impressionnisme sans viser à saisir le paysage dans sa substance ou dans son essence. Artiste intimiste, il s'intéresse à la couleur et à ses accords et modulations. À cela s'ajoute son penchant pour la préciosité, une caractéristique de la peinture religieuse et de la miniature, un genre apparenté à une culture et à un raffinement de prédilection.
Ali-Khodja ne cherche pas en la nature sa dimension palpable et intimidante, mais ses éléments constants et éternels : voilà pourquoi il nous semble peindre le monde comme s'il était une abstraction où la donnée essentielle est la lumière et non pas les choses concrètes dont il se compose. Ses préoccupations plastiques et esthétiques sont articulées sur une fusion des principes de l'impressionnisme et de l'art abstrait et ceux qui régissent les arts musulmans de la miniature et de l'enluminure.
Philosophiquement, l'artiste fait donc le lien entre deux esthétiques et les réunit en dépit de leurs différences : l'art occidental est profane alors que l'art musulman est fondamentalement religieux et à caractère eschatologique. La peinture d'Ali-Khodja s'apparente à cette vision où la Nature, émanation divine, est une féerie où tout est symbiose et harmonies. En Orient, les arts ont toujours eu pour fonction de louer et de magnifier Dieu à travers la Nature qu'il a créée. Aux yeux de l'artiste oriental, tout ce qui a été créé par Dieu est beau et source de jouissance pour l'homme.
Voilà pourquoi la miniature — qui a surtout traité des sujets profanes — et l'enluminure ont toujours une connotation religieuse.
C'est dans la Nature que se mesure la Puissance divine. Partant de ces principes empruntés à la théologie islamique, les miniaturistes témoignent de la Grandeur et de la Mansuétude du Créateur en peignant la Nature. Et rappelons qu'Ali-Khodja avait été miniaturiste pendant plus de trente ans, soit depuis 1933, année de son inscription comme élève dans les ateliers d'Omar et de Mohamed Racim, jusqu'à la fin des années 1960, lorsqu'il se mit progressivement à la peinture de chevalet.
Le paysage comme
un ornement
Chez Ali-Khodja, le thème véritable n'est donc pas la nature, celle que perçoit le paysan ou le profane, mais la Nature avec un grand N, une nature dépouillée de tous ses côtés sombres et conçue comme un fabuleux spectacle fait pour la jouissance des yeux.
Cette vision sublimée de la nature est aussi due au fait qu'Ali-Khodja est un peintre citadin qui a été bercé par les lumières et les jeux d'ombres sur le zellidj et sur les murs et les escaliers de La Casbah où la nature véritable est pratiquement absente.
Voilà pourquoi ses paysages abstraits n'ont rien à voir avec ceux de Khadda, par exemple. Voilà également pourquoi les ocres, les roux, les noirs, les gris, les jaunes même qui font la terre et sa poussière, le soleil et ses épées brûlantes, le sable et son sel, l'air acide des hivers rudes et le sirocco des étés brûlants sont absents de cette peinture où la nature s'est métamorphosée en un spectacle précieux et divertissant où s'harmonisent des formes agréables ordonnées comme des livres ou des objets précieux dans une bibliothèque.
Ali-Khodja ne représente pas les côtés sombres de la nature : il privilégie des éléments adaptés aux besoin de l'homme, une nature domestiquée, pas celle ingrate comme une terre rocailleuse de chardons et de bardanes. Il a opté pour une terre hospitalière et généreuse, pas celle hostile et menaçante.
Dans sa peinture, on ne sent pas la présence des corbeaux ni des chacals, des vipères, des scorpions ou des criquets. On n'y sent pas la menace de la sécheresse ni celle de l'oued en crue, ni celle du froid qui tue les bêtes ou les endémies qui les déciment. En retirant de ses peintures les menaces du monde réel et ses contingences, Ali-Khodja traduit à la fois une vision et une mystique, celles d'un artiste profondément croyant et sensible. Il a fallu à l'artiste une grande dose d'imagination pour la traiter ainsi presque comme un ornement.
Mais, derrière cela, il y a aussi une grande connaissance des structures et de l'Ordre qui nous entourent. Cette perception intime traduit l'émerveillement éternel de l'Homme face à la Nature.
La peinture d'Ali-Khodja dépasse donc de loin la vision orientale : elle dit la relation au cosmos de l'Homme en tout temps et en tout lieu. Le peintre n'avait pas besoin de s'installer au milieu des chardons, des moustiques et des fourmis pour rendre compte de la nature qu'il a préféré montrer sans ronces ni épines. À travers un écrin de fleurs et de chlorophylle, il a pu dire l'essentiel de la Nature, ce monde si complexe et impossible à appréhender dans son intégralité.
Ali-Khodja s'est contenté de saisir les choses microscopiques qui lui ont permis de dire l'univers dans sa totalité.
A. E. T.


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