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Les résonances de la crise de légitimité
LES PROMESSES DU PASSE
Publié dans Liberté le 20 - 04 - 2010

La célébration annuelle de Tafsut imazighène le 20 Avril depuis maintenant 30 ans est devenue un rituel à la fois mémoriel et festif, démontrant l'ancrage et la vitalité de la revendication.
Cheminant théoriquement et conceptuellement de concert, démocratisation et amazighité, nées dans les limbes de la contestation de l'autoritarisme, ont obtenu des acquis, qui, par leur traitement, demeurent fragiles. Cependant, les espérances soulevées par cet événement fondateur — contestation populaire et pacifique — sont toujours d'actualité.
Les années d'après-indépendance ont été marquées par la construction de l'Etat autoritaire qui, derrière le socialisme et le parti unique, reposaient en réalité sur une idéologie ethno-culturelle — l'arabo-islamisme — et la puissante Sécurité militaire, gardienne du régime et toute dévouée à Houari Boumediene.
Dans les années soixante-dix, le système paraissait immuable du fait de l'exil (Hocine Aït Ahmed, Mohamed Boudiaf), de l'assassinat (Mohamed Khider et Belkacem Krim), voire de l'emprisonnement sans jugement de l'ex-président de la République (Ahmed Ben Bella), soit plus de la moitié des neufs chefs historiques du Fln de 1954. Il régnait une chape de plomb sur la pratique politique en dehors de l'officiel qui, lui, était réduit à accompagner l'Etat paternalo-autoritaire en phase de construction, vivant du prestige de la guerre de libération nationale — un viatique international avec assurance tous risques — et de la promotion sociale à bon compte eu égard aux besoins criants en cadres. La richesse nationale basée sur la rente pétrolière garantissait ce type de projet. Un système crypto-soviétique est en place, fonctionnant sur le dyptique national-étatiste. Toute opposition est assimilée à une entreprise étrangère visant à détruire l'unité de la nation ou de l'Etat. Pour autant, la société n'est pas complètement anesthésiée. Des poches de résistance dans le monde ouvrier — grève de la Rsta en 1976 —, en Kabylie, qui n'a pas digéré la prise du pouvoir par l'armée des frontières, et l'émergence discrète mais réelle et protestataire des islamistes à la faveur d'une arabisation accélérée sans vrai contenu pédagogique.
Les formations traditionnelles sont muselées malgré elles et, de surcroît, divisées (Ffs : Front des forces socialistes ; Prs, Parti de la révolution socialiste), tandis que ces deux dernières sont fondamentalement en opposition stratégique avec le Pags (Parti d'avant-garde socialiste, ex-Parti communiste algérien) qui a choisi l'entrisme depuis son ralliement, en 1967, au nouveau régime issu du coup d'Etat de 1965. C'était le seul parti toléré sans être légal.
Devant le recul des évènements liés à la crise de l'été 1962 et de la défaite des différentes oppositions contre la structuration de la dictature, le culte de la personnalité a fini par instaurer le régime de l'oubli et de l'amnésie.
Les conditions de l'émergence d'une revendication
C'est dans ce contexte qu'a émergé la revendication amazighe, s'élevant à la fois contre l'exclusivisme politico-idéologique, le déni identitaire et l'aliénation psychoculturelle qui, par ses deux aspects, reformulait avec une légitimité d'ordre national une version fantasmée de nos origines. Un livre officiel présentant l'Algérie à la fin des années soixante nommait nos ancêtres “les premiers Algériens”, jamais Berbères ou Imazighènes. En 1969, lors du festival panafricain, où le continent s'était donné rendez-vous à Alger pour célébrer la libération des peuples négro-africains, la cantatrice kabyle, Taos Amrouche, pourtant consacrée internationalement, est interdite de chant dans son propre pays. C'est dire la profondeur de la crise identitaire, dont le trouble est alimenté par le monolithisme politique, idéologique et historique. La réalité historique, culturelle et identitaire algérienne est occultée. Le riche passé de notre pays, accumulé à partir de nombre d'altérités sur le substrat amazigh, est réduit à la dimension arabe et islamique, héritage de l'association des Ulémas.
Dans l'ombre, se prépare une génération éprise de son patrimoine culturel et armée d'un référentiel historique puisé dans sa mémoire et son environnement immédiat. Elle va entrer publiquement en scène lors de l'interdiction faite à Mouloud Mammeri de donner — mi-mars 1980 — à l'université de Tizi Ouzou une conférence sur son nouvel ouvrage “Les poèmes kabyles anciens”. On en rigolerait presque aujourd'hui, mais cela est très illustratif de l'état d'esprit de l'époque fait d'intolérance, de certitude, de crispation et de peur.
Le fait amazigh est interdit de cité dans sa propre cité
À l'intérieur de l'université, une alliance entre deux tendances — l'une issue du renouvellement générationnelle du Ffs ; l'autre, de la nébuleuse gaucho-marxiste — va nouer une alliance de fait contre le monopole partisan sur la base de la nécessaire conquête des libertés démocratiques et des droits culturels et linguistiques. La revendication identitaire est couplée à la question des droits de l'homme. L'expérience contestataire en Europe centrale et orientale a fait des émules en Algérie. Une pensée antitotalitaire prend racine au milieu du glacis de la pensée unique. Bien que divergentes sur plusieurs points, les deux tendances à l'œuvre vont pouvoir mener le combat ensemble contre l'ostracisme culturel et le monopole politique.
D'autres points de convergence, notamment l'égalité des droits entre l'homme et la femme et la sécularisation de l'espace politique, vont cimenter davantage une expérience heureuse en termes de mobilisation — marche à Alger le 7 avril, grève générale à Tizi Ouzou le 20 du même mois — et riche en promesses. Le bouillonnement pour le progrès, la modernité et la liberté est dans toutes les têtes. Malgré la répression, l'utopie est en marche. Rien ne sera désormais plus comme avant. Le réflexe de peur si présent durant deux décennies est vaincu.
Avril 80 annonce dans son sillage octobre 88
De l'autre côté de la barrière, après le décès de Boumediene — fin 1978 —, une brèche s'était ouverte. Le monolithe se fissurait sous nos yeux et, ses certitudes, ébranlées.
En son sein et sans que cela n'apparaisse clairement, les forces conservatrices vont reprendre du poil de la bête, préfigurant le code de la famille de 1984.
Acquis et défis
À force d'insistance et d'accumulation de luttes, la question amazighe a finalement obtenu la reconnaissance constitutionnelle et institutionnelle. Le débat ne soulève plus les passions et les incompréhensions d'antant. Au niveau de ce registre, la controverse s'est apaisée. Sur l'autre versant, les notions de démocratie et de droits de l'homme sont admises par tous, quand bien même ces valeurs sont dévoyées et galvaudées dans la pratique.
Il n'en demeure pas moins que les ruses et les obstacles dressés pour un enseignement au niveau national et de qualité sont légion. Quant au travail de fond et aux normes pédagogiques qualifiées sur la personnalité nationale, l'histoire du pays et l'identité algérienne, il n'est pas encore fait à l'école et dans les grands espaces de socialisation. Le défi à relever est la fin de la haine de soi en assumant l'entièreté de son histoire et de son être, et ce, dans l'ouverture à l'universel. Le combat entre l'ouverture et la fermeture est un chantier perpétuel. Il est d'une grande intensité aujourd'hui en Algérie. Aussi les promesses du passé ont le goût de leur jeunesse.
T. M.
Député de Béjaïa


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