Une année après la saisie de 5 tonnes de drogue sur un Zodiac au large de la plage de Sbiaâte, l'ombre des principaux barons algériens de la drogue, de souche marocaine, plane sur Aïn Témouchent. Mais, il y a aussi une nouvelle donne : l'exportation frauduleuse des déchets non ferreux vers Oujda et Nador. Aïn Ouezzane Mohamed, en rapport à Ouezzane, une localité marocaine, alias “Pokémon”, âgé seulement de 25 ans, est passé par-là. Ce baron algérien du trafic de drogue, mais de souche marocaine, est toujours en fuite dans le pays voisin. Son acolyte, un autre baron qui répond aux mêmes caractéristiques d'identité, en l'occurrence Abderrahmane 122, est, lui aussi, recherché par les services de sécurité pour trafic de drogue. Les deux criminels aux bras longs bénéficient de largesses au Nador. Blanchiment d'argent, trafic d'influence, trafic de véhicules de luxe et d'immobilier, prostitution et proxénétisme, drogue… ces narcotrafiquants notoires auraient pu défrayer la chronique n'était l'opération des gendarmes au large de cap de Targa et cap Malha où ils ont intercepté près de 5 tonnes de résine de cannabis acheminées par des Africains depuis le Rif marocain à bord d'un semi-rigide de marque Go Fast, des zodiac de luxe, qui avaient alors échoué à cause du mauvais temps et qui avaient causé le décès d'immigrés clandestins. Le développement de cette affaire saillante aboutira, vers fin 2009, à la saisie de 1,5 tonne de kif traité. Pour ainsi dire, les gendarmes ont saisi, depuis janvier à fin mars 2010, 232 kg de la même substance et arrêté 9 personnes dans 16 investigations menées à travers le territoire témouchentois. Les Marocains n'osent plus prendre le risque de passer par ces caps, encore moins de prendre le large du Pacifique pour acheminer la drogue vers Almeria et Ajaccio via Béni Saf. Devant l'échec subi en 2009, ils se rabattent sur le Sahel, explique le commandant du groupement de Gendarmerie de Aïn Témouchent qui admet que cette région constitue un transit majeur et non une base d'activité. Y compris pour les contrebandiers, ils s'approvisionnent depuis Maghnia et Oran avant d'emprunter les voies de communication. Pour revenir au trafic de drogue, il faut savoir que l'Algérie détient toutes les technologies pour développer l'empreinte chimique des drogues. Cela permet à l'Etat algérien non seulement de remonter aux réseaux aux multiples ramifications internationales et d'identifier la qualité des drogues saisies, mais aussi d'interpeller le pays producteur sur le plan international, une fois la preuve établie sur la base de la reconnaissance des champs de culture de cannabis et de la provenance de la marchandise. En ce sens, apprend-on, les trois affaires saillantes élucidées à Amria et à Aïn Témouchent auront permis aux gendarmes de traiter en 2009 également, 183 cas et ayant abouti à l'arrestation de plusieurs dealers de drogue et la récupération de 29 véhicules ayant servi à acheminer la marchandise estimée à près de 5 milliards. Cette lutte contre le trafic de drogue, mais aussi contre tous les autres crimes a valu à cette région le qualificatif de “ville calme”, comme le montre la carte nationale du crime organisé. En revanche, les vagues des caps de Targa et Malha ne vomissent plus ces tonnes de kif destinées à l'Europe ou encore aux pays du Moyen-Orient. Pour preuve, les neufs affaires constatées sur le littoral, large de 80 km, ont donné lieu à la récupération de 183 kg de cette substance. La palette de cuivre bradée à 100 euros à Oujda et à Nador Les données statistiques du groupement de Gendarmerie de Aïn Témouchent montrent clairement que le trafic des métaux non ferreux prend une ampleur sans précédent. De 4 quintaux en 2009, on est passé à 3,5 tonnes de cuivre saisies en trois mois seulement par les gendarmes sur les axes routiers d'Oran et de Tlemcen. Sur les six cas de figure traités, il a été établi que même le cuivre volé à Aïn Témouchent est d'abord acheminé vers Oran avant qu'il ne soit transporté et/ou transbordé vers Maghnia où les principaux relais prêtent “aide et assistance” aux réseaux de Oujda pour l'exporter vers l'Est marocain. La carte d'acheminement évolue en fonction de l'“offre” et de la “demande”, c'est-à-dire de la moisson des trafiquants algériens qui subtilisent ces métaux aux entreprises nationales, comme Algérie Télécom, Sonelgaz, la SNTF et autres sociétés qui accusent des manques à gagner immenses. La valeur marchande évaluée à plus de 2 milliards, les gendarmes ont réussi à récupérer également 13 moyens de locomotion, dont 3 camions et 1 bus. L'extension de compétence leur a permis aussi de démanteler des filières basées dans la capitale de l'Oranie et d'arrêter plusieurs individus impliqués dans ce trafic. Lors de l'opération, à laquelle nous avons assisté, pas moins de 7 quintaux de cuivre et 2,5 quintaux de plomb ont été saisis, vendredi vers 2h du matin, à bord de deux véhicules de marque Renault 25 et Renault Laguna. L'un des chauffeurs a même foncé sur le barrage. Les pneus éclatés par les herses, le chauffeur ne s'arrêtera pas. Poursuivi par les gendarmes, il réussira à prendre la fuite pédestrement à la faveur de la nuit dans les vergers d'Amria. Idem pour le second transporteur de plomb. Cette matière, telle qu'elle est conçue est destinée aux pêcheurs. Elle est également exploitée par des individus dangereux à la fabrication d'explosifs. Et si la palette d'un quintal de métaux ferreux était cédée entre 200 et 300 euros, celle des métaux non ferreux est bradée à 100 euros seulement alors que son prix réel dans la bourse environne les 500 et 600 euros. La loi de finances complémentaire (LFC-2009) ayant interdit l'exportation de ces déchets, les trafiquants tentent de s'organiser en réseaux liés aux bases du crime transfrontalier et transnational. La filière des “4X4”, de Coca et les rapaces de Béni-Saf Sur le sentier de Aïn Témouchent, les voleurs de véhicules semaient la terreur. Dans un passé récent, de paisibles automobilistes ont payé les frais de leur bonne foi pour prendre des auto-stoppeurs de Béni-Saf ou de Amria. L'une des victimes a même été retrouvée déchiquetée sur l'axe routier reliant Aïn Témouchent à Oran. Méconnaissables, les enquêteurs ont usé de tous les moyens pour non seulement l'identifier, mais surtout appréhender les auteurs de cet acte abject après extension de compétence. Quelques jours auparavant, c'était un fœtus qui était jeté sur la chaussée par ses “parents”. Là aussi, les investigations entreprises par les gendarmes ont fini par débusquer les personnes. Une enquête qui a pris du temps, mais qui a fini par faire éclater la vérité. Mais il y a aussi les rapaces de Béni-Saf. Sur les lieux, un accident de circulation. Il était 22h30. Alors que le ciel se gâtait, un véhicule utilitaire, une double cabine, dérape sur la chaussée glissante sur cet axe mal éclairé. Vraisemblablement seul à bord de la voiture, le conducteur quitte les lieux à la recherche de secours. Au même moment, deux individus qui circulaient à bord d'une Renault Super 5 s'arrêtent. Non pas pour assister une personne en danger, mais pour voler les accessoires de la voiture. Par pur hasard, c'était notre passage, nous nous arrêtons pour prêter aide et assistance aux victimes, surtout que l'une d'elle était sous le siège de la voiture renversée. Les gendarmes commencent la constatation et découvrent que les deux hommes ne sont pas en fait des victimes mais des rapaces qui ont marqué une halte pour ramasser les objets se trouvant dans le véhicule. Ils seront immédiatement interpellés. En outre, la dernière enquête menée par les gendarmes a abouti au démantèlement d'un important réseau de “désosseurs” de voitures dans le sinistre quartier de Coca à Oran. Ici, toute voiture “réceptionnée” sort en pièces détachées. L'identification d'un agresseur a permis aux gendarmes de remonter à une association de malfaiteurs imprégnée dans le trafic de véhicules. Durant ces trois derniers mois, 3 cas ont été élucidés, notamment le réseau de trafic de motos grosses cylindrées. Mais, il y avait également le réseau appelé des “4X4” aux multiples ramifications et qui remontent jusqu'à Oran et Tamanrasset. En ce sens, nous dit-on, pas moins de 6 véhicules tout-terrain ont été récupérés, en sus de 3 camions lors de l'interception d'une voiture de marque Golf immatriculée 00-27. Et depuis, plus aucun 4X4 n'a fait l'objet de vol sur les axes routiers et autoroutiers. Un taux infinitésimal de corrélation entre les phénomènes Le commandant de groupement passera en revue tous les autres aspects de la criminalité. Des affaires ont été enregistrées en matière de trafic de fausse monnaie, la contrebande, l'escroquerie et le charlatanisme. En témoigne l'utilisation de faux billets dans la contrebande ou encore les graves arnaques, dont ont été victimes des citoyens témouchentois, perpétrées par des Africains qui se présentaient sur la toile Web comme étant des parents à des ministres ou encore des ambassadeurs. À ce sujet, nous révèle-t-on, plusieurs affaires ont été élucidées, notamment celles liées à l'escroquerie et à la sorcellerie “à la marocaine”. Parmi elles, deux affaires qui ont conduit à l'arrestation de deux femmes impliquées dans ces pratiques malsaines. Comme d'ailleurs ces Africains qui se cachent derrière de fausses identités mais qui ne tarderont pas à être débusqués par le système Afis. Et là, la corrélation est établie entre les deux crimes et délits, à savoir l'immigration clandestine, l'usurpation d'identité et l'escroquerie. À l'instar de toutes les régions d'Algérie, Aïn Témouchent recèle une population délinquante diversifiée. Pas moins de 46 femmes, 9 étudiants et 17 mineurs sont mis en cause dans des crimes et des délits sur un total de 558 personnes arrêtées. L'identification de 2 858 individus a abouti à l'arrestation de 46 personnes recherchées par les services de sécurité ou en vertu d'un mandat de justice.
