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Des rescapés de l'ALN témoignent
Batailles de Sidi Ali Bounab et de Tachtiouine (1959)
Publié dans Liberté le 05 - 07 - 2010

Trois moudjahids rescapés de ces héroïques combats armés, notamment Ali Yadadène dit “Si Ali Ihaddaden”, Ramdane Sana, un des blessés de ces batailles, actuellement président de l'Association nationale des invalides de guerre, Ouali Aït-Ahmed dit “Si Ouali”, ancien officier de l'ALN et membre du Conseil national de l'organisation des moudjahidine (ONM), sont revenus sur ces inoubliables épopées.
Circonstances ayant provoqué le choc historique du 6 janvier 1959
L'année 1958 s'achevait sur la conférence de presse du général de Gaule offrant “la paix des braves”. Sur le terrain, le général Challe qui endossa la responsabilité de la défense à la place de Salan, s'inspira des épopées antérieures qui consistaient à frapper fort comme le fit jadis le maréchal Randon, l'homme le plus galonné de France, contre l'héroïne Lala Fatma n'Soumer. Mais comme les temps ont changé, cette stratégie n'eut aucune emprise sur les hommes d'une autre génération, déterminés et rompus à toutes les techniques de combat. Présentant un regroupement important de hauts responsables de la révolution, les forces ennemies déployèrent tout un réseau d'écoute alimenté par des recoupements de renseignements glanés à travers leurs sources diverses. Convaincues de la présence du colonel Amirouche et de sa garde rapprochée, elles mirent sur place un état-major de guerre, donnant à l'opération le nom de code “Kabylie 16” et déployèrent un arsenal impressionnant. L'écho d'Alger daté du 9 janvier 1959 donnait un aperçu des forces en présence dans la bataille du 6 janvier 1959 : le 6e RIMA du colonel Ducasse, le bataillon de Bouira du colonel Pavillon, le 7e Hussard, le 22e BCA, 3 bataillons du 9e RIMA, 1 bataillon mixte de Draâ El Mizan, le 1er et 4e R. A., le 72e bataillon du 159e R. I. alpine, 1 bataillon du 7e BCA, 1 bataillon du 121e R. I., 1 bataillon du 20e GAP, 4 détachements du 93e RAM, 1 commando avec équipes spécialisées des grottes. En aviation, des Pipers du GAD 27, des T6 du PCA, de la 27e DM du GATAC d'Alger, 6 bananes et des hélicoptères divers, 40 000 hommes environ sous le commandement du général Faure. Les forces de l'ALN disposaient, elles aussi, de leurs réseaux d'information à travers les agents de liaison efficaces. Le recoupement des renseignements recueillis convergeait vers une opération d'envergure. La stratégie consistait à éloigner de la zone des opérations les hauts responsables dont Omar Oussedik, le commandant Azzedine, le colonel Bougara, le commandant Si Ahcène, le lieutenant Oudni Si Moh Nachid, cibles principales de l'ennemi. Le lieutenant de la zone, Belaouche, dit Si Moh Ouelhadj, fut désigné pour superviser et coordonner les opérations.
Forces de l'ALN en présence
dans la bataille du 6 janvier 1959
Dans son texte, Ali Yadadène cite la compagnie de la zone 4 Nahia 2, commandée par l'officier Mahmoudi Si Moh Ouamar, secondé par Si M'hamed dit Rouget, la compagnie de Maâtkas zone 3, commandée par l'officier Si Moh Ou Hamou, secondé par Si Amar Ou Ouamar, la compagnie de la Wilaya IV, commandée par Si Belaïd, une section du bataillon du Djurdjura, commandée par l'adjudant Slimane Tadjer, secondé par le sergent-chef de section, Oudjaâdi, des groupes commandos, ainsi qu'un nombre important de détachés de la Nahia 2 de la zone 4 de la Wilaya III. L'effectif global avoisinait les 700 combattants. La section du bataillon de Djurdjura avait pour mission d'escorter, à partir de Tala Guilef (Djurdjura), les membres de l'état-major, dont le colonel Bouguerra, jusqu'à Aït Yahia Moussa. De là, une escorte locale fut désignée pour continuer la mission afin d'éviter la zone des combats. Une fois sa mission accomplie, elle dut prêter main-forte aux frères pris dans l'engrenage infernal qui se resserrait de partout.
Enclenchement de l'enfer
Au lever du jour, poursuit Ali Yaddadène, les forces ennemies convergeaient de partout vers nos positions à travers des convois ininterrompus de camions serpentant le long des routes, dont elles s'en sont accaparées. Chacun de nous serrait son arme, attendit le moment de l'utiliser. Les consignes nous recommandaient de nous répartir en petits groupes et d'éviter le combat de front contre un ennemi en surnombre et surarmé. Mais dans le cas présent alors, pris dans un étau, un rideau de fer se resserrait autour de nos positions ; il fallait accepter le combat et chercher coûte que coûte à trouver une faille pour sortir indemnes des rets tendus par l'ennemi. Sur le champ de bataille, dans notre esprit, il y avait ceux qui luttent pour la liberté, la dignité et l'honneur (nous) et ceux qui agressent pour le plaisir de tuer et de dominer (l'armée française). Comme notre cause était noble, nous avions confiance en Dieu, en notre pays ; notre mort ne serait pas vaine. Ce fut l'aviation qui entra en action pour déblayer le terrain et permettre aux troupes au sol d'intervenir. L'enfer se déclencha. Les bombes pleuvaient à une allure de cataclysme. Les B26 se relayaient avec des vrombissements effrayants. Une fois leurs cargaisons de mort épuisées, ils disparaissaient pour aller se réapprovisionner. Aussitôt, l'artillerie prenait le relais pour déverser sur nos positions un déluge d'obus explosant et faisant d'immenses cratères, déchiquetant des corps de civils comme de djounoud en zones à découvert. La cessation momentanée des successifs raids permettait aux paras de se déployer sur le terrain pour parachever leurs cruautés, ne pensant qu'à exterminer nos forces, résistantes et à l'affût pour intervenir. Les forces zélées de tête de front ennemies, à l'instar du capitaine Jean Graziani, du lieutenant Chassin et de l'adjudant Marot, y furent, alors, dans la rage, éliminés par nos combattants, ainsi qu'une majeure partie de leur compagnie. Leur destin de tortionnaires s'arrêta au matin du 6 janvier 1959 à Aït Yahia Moussa, face à des hommes de notre bataillon déterminés. Les forces terrestres se retiraient pour laisser place au déluge de feu de l'aviation suivie de l'artillerie. Ce cycle d'enfer engendrait un brouillard si épais qu'il fut pratiquement difficile de distinguer une présence à proximité.
Des scènes apocalyptiques vécues par de héros survivants de ces batailles
Dans l'édition du quotidien El Moudjahid du 15 janvier 1992, Ali Ihaddeden, de la section du même bataillon témoigne : dès l'arrivée du colonel Bouguera et de quelques officiers des Wilayas IV et III à Tala Guilef, venus d'Akfadou (PC de la Wilaya III) le 2 janvier 1959, le chef du bataillon Djurdjura, Si Sedik Oumahfi, a désigné notre section composée de 35 hommes sous la responsabilité du sergent-chef Oudjadi pour escorter et assurer la sécurité du colonel et de ses compagnons jusqu'au village Tizra-Aïssa, siège du PC de la zone 4 où il y avait l'état major de la zone 4 de la Wilaya III, ainsi que des officiers de la Wilaya IV, notamment Omar Oussedik et le commandant Azzedine. Nous restâmes au PC avec eux jusqu'au 05 janvier. L'ordre fut donné alors à notre section pour se déplacer du côté des villages Agueni Ahcene et Maamar en vue d'y prendre, avant l'aube du 6 janvier, des points stratégiques. À 7h, le combat commençait, et en dépit du nombre effarant de soldats, nous réussîmes – nous n'avions pas d'autre choix – à tenir, malgré les bombardements infernaux de l'aviation et l'artillerie terrestre, jusqu'à la tombée de la nuit. Notre section y perdit 4 chahids (Tadjer Slimane d'AIt Yahia Moussa, Oudjadi d'Aït Djenad, Salem de Frikat, Bouzidi de Béni Mendes), en plus de nombreux blessés dont moi-même, rapporte encore notre interlocuteur.
Le 5 mars 1959 : bataille de Tachtiouine
Concernant la bataille de Tachtiouine, Ali Yadadène, le même moudjahid de la compagnie de Djurdjura, relate encore : le 4 mars 1959, nous étions à Illalène avec la katiba de Djurdjura, commandée par Si Amar Nath Kaci dit “Bensad Slimane” d'Aït Bouadou. `
Tirant des enseignements de la fameuse bataille du 6 janvier de la même année, l'armée française prit ses dispositions avant de s'aventurer à Aït Yahia Moussa, zone considérée alors comme un coupe-gorge pour ses troupes. Informée par ses réseaux sur notre présence en force dans la proximité, elle y déploya, dès la première heure, un potentiel de guerre impressionnant pour cerner hermétiquement la zone suspecte où nous nous trouvions effectivement. Vers 3h du matin, toute la région allant jusqu'à Ihidoussène (Sidi Ali Bounab) fut quadrillée.
Les instructions qui nous parvenaient de Si Moh Nachid par nos agents de liaison nous ordonnaient de décrocher vite pour éviter un combat frontal inégal avec un ennemi en surnombre et surarmé. Les ordres de nos responsables consistaient à nous préserver et nous éviter des pertes. Nous tentâmes de rejoindre Sidi Ali Bounab pour sortir de l'étau qui se resserrait autour de nous, alors que le jour pointait déjà, dévoilant nos positions. Il ne nous restait plus d'alternative hormis celle d'accepter le combat. Malgré un déluge de feu d'un ennemi implacable et en supériorité numérique et en armement, nous parvînmes à tuer trois militaires et récupérer une arme. Nous réussissions à briser tous les assauts, et ce, jusqu'à l'arrivée de l'aviation, qui renversa alors la situation à notre détriment. N'étant pas équipés pour affronter une telle situation, nous y subîmes et assistâmes impuissants devant des pertes effarantes et le massacre de milliers nos frères et sœurs. Composée de 71 maquisards au départ, notre compagnie, fierté de l'ALN et si redoutée par l'ennemi, se retrouva dégarnie avec la perte de 36 baroudeurs et 24 blessés graves. Notre vaillant infirmier, Bournane Slimane, gravement blessé, eut même la malchance d'y être capturé vivant. Les forces ennemies restèrent alors sur place en position d'embuscade pendant 5 jours avec comme objectif d'intercepter d'éventuels blessés ou autres intervenants de l'extérieur, rapporte en conclusion Ali Ihaddadène.
Veut-il falsifier l'histoire pour dissimuler sa traîtrise d'hier ?
De son côté Ouali Aït-Ahmed dit “Si Ouali”, ancien officier de l'ALN, est revenu sur les batailles historiques des 6 janvier et 5 mars 1959 qui ont eu lieu à Aït-Yahia Moussa (Draâ El-Mizan). Cette personne voulait certainement se faire une virginité en matière d'engagement durant la guerre de Libération, en disant que les deux batailles se sont déroulées sur les terres de ses aïeux et il en était témoin oculaire ! Mentir à son âge est une honte, si son esprit n'est pas dérangé. Il y a fort longtemps, faut-il le rappeler, que les parents de cette personne ont quitté la région pour s'établir à Aïn El Hammam où elle a vécu depuis sa prime enfance, avant qu'elle n'aille vivre à Leveilley (Alger) durant la guerre de Libération. De plus, ces batailles s'étaient déroulées sur un terrain s'étendant sur plusieurs kilomètres, en pente, plein de ronces et de maquis. La seule petite parcelle de “ses aïeux”, il l'a récupérée à l'ex-Oued Ksari en exigeant des autorités à y exhumer les quatre corps de chahid. Donc, comment pouvait-il en être témoin oculaire à partir de Aïn El Hammam ou d'Alger ? À moins qu'il n'ait découvert, à 38 ans (1959), avant “Google”, les secrets de la technologie du Net (…). Par ailleurs, il parle de Katiba de 30 djounoud ! Il ne sait même pas que les katibas avaient jusqu'à 120 combattants. Il ajoute qu'il n'y avait que quatre postes militaires.
D'où viennent alors “le lieutenant Graziani et le capitaine Chassin”, officiers parachutistes du général Massu ? Tout en inversant leurs grades et en soulignant qu'“ils ont été achevés après leur capture” ! Horreur ! l'ALN n'achevait jamais ses prisonniers blessés. Le seul à avoir été passé par les armes, c'était le lieutenant Debos du poste d'El-Hourrane, pris prisonnier, et dont les supérieurs ont refusé l'échange avec le lieutenant Hocine Salhi, préférant l'assassiner près d'El-Kseur. Et même pour ce lieutenant de l'armée française, une lettre, signée du colonel Amirouche, fut adressée à ses parents pour s'en excuser et leur dire que la responsabilité incombe entièrement aux seules autorités militaires coloniales installées à Bougie (Béjaïa).
Quant à l'ALN, elle eut 394 morts et des dizaines de blessés. Femmes, vieux et djounoud ont procédé à leur enterrement sur les lieux. Dans la grotte du lieudit “Afroun” (entre Tachtiouine et Souk n'Tléta), on a dénombré 45 djounoud brûlés au napalm. Leurs corps y sont toujours, en attendant l'érection d'une stèle commémorative. 51 ans après la bataille, croit-on pouvoir retrouver des tombes sans repères sur une vaste contrée envahie par le maquis ? Toujours est-il que dans les années 1960, pas moins de 387 crânes ont été retrouvés et ré-inhumés dans une fosse commune.


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