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“L'inacceptable cause”
La nouvelle de Adila Katia
Publié dans Liberté le 05 - 09 - 2010

Résumé : Tahar n'aura pas à chercher longtemps. Il trouve Sami dans la salle de réanimation. Les regrets se mettent à le ronger. Le chirurgien le rassure quant à la guérison de Sami. Sa vie n'est plus en danger, mais comment le faire comprendre à Kahina quand elle le saura ?
35eme partie
Tahar est soulagé. En lui apprenant la nouvelle, à l'hôpital même, il prenait la précaution de la voir prise en charge par un médecin. Elle revient vite à elle, son cœur n'avait pas lâché. La nouvelle n'était pas réjouissante.
Kahina regarde Sami comme si c'était la première fois qu'elle le voyait, s'attardant sur son visage, ses mains. Il lui semblait changé. Le visage si blanc, aux traits accusés, aurait pu être à un autre. Mais c'était bien Sami. Malgré la maigreur de son corps, c'était lui, ou son fantôme. Quand il ouvre les yeux, Kahina a mal au cœur. Ainsi ce n'est pas son fantôme. Il est vivant.
- Pourquoi pleures-tu maman ? murmure-t-il.
- J'avais tellement peur pour toi. Pendant quelques secondes, j'ai cru voir ton fantôme.
- Quelle différence il y a à être vivant ou mort en l'état actuel des choses ? rétorque t-il. Au moins mort et enterré, on n'a plus à les subir.
- Est-ce que tu penses à moi ? Est-ce que vous avez pensé à vos mères quand vous avez osé braver les forces de l'ordre ?
- C'est vrai qu'elles souffrent mais pas autant que nous ! murmure Sami, fermant les yeux comme pour taire la douleur qui est en lui. Si on est parti à Alger, aussi nombreux, c'est pour qu'ils comprennent que ce n'est pas seulement les jeunes qui en ont marre de la hogra mais tous.
- Pourquoi ça a mal tourné ?
- Le mal ne venait pas de nous mais de ceux qui ont été manipulés, soupire le jeune homme. On ne voulait pas la bagarre, ni la casse, ni les pillages. On ne voulait rien de tout cela, juste être entendus par le pouvoir.
- Madame, il faut le laisser se reposer !
Kahina et Sami n'avaient pas entendu le médecin arriver.
- Revenez plus tard.
- Qu'allez-vous lui faire ? lui demande Tahar, en le voyant prendre sa tension, regarder ses yeux. Est-ce qu'il va bien ou mieux ?
- Le chirurgien qui a fait l'intervention lui fera une radio, lui dit-il. Revenez cet après-midi. Vous en saurez un peu plus.
Kahina embrasse Sami sur le front avant de sortir de la salle de réanimation, appuyée au bras de son mari. Etant encore très faible, Tahar arrête un taxi pour rentrer chez eux. Le visage fermé de Kahina lui laisse deviner qu'il n'était pas le seul à être rongé par les regrets.
Durant tout le trajet jusqu'à leur maison, elle ne souffle pas un mot. Elle approuve tout ce qu'il dit d'un hochement de tête. Quand ils arrivent à la maison, Kahina va fouiller dans son agenda. Tahar en conclut qu'elle ne l'avait pas écouté. Elle avait une idée en tête. Lorsqu'il la voit décrocher le téléphone, il s'approche pour écouter.
Mais Kahina raccroche. Elle refuse qu'il écoute. Il ne peut pas comprendre pourquoi. Elle avait fait tellement de choses en cachette. Ce qu'il risquerait d'entendre le choquerait certainement.
Elle n'avait pas été un ange. Tout ça par égoïsme.
À suivre
Y. H.


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