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Djaffar Aït Menguellet : “Je suis doublement responsable de la relève !”
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Publié dans Liberté le 23 - 10 - 2010

Djaffar Aït Menguellet, digne fils de Lounis, un monument de la chanson algérienne et kabyle, revendique son statut de compositeur plutôt que de parolier, même si la recherche des mots savants qu'il emploie dans ses textes est inspirée de la pure sagesse d'un artiste en herbe qui fait partie de la relève. Pétri de qualités artistiques, il maîtrise une dizaine d'instruments musicaux, en sus des percussions, et s'investit davantage dans la finesse et les arrangements. D'une modestie remarquable, il reflète on ne peut mieux le profil du fils de Lounis, un père à la didactique ancestrale et authentique. Dans cet entretien, Djaffar évoque sa carrière artistique, riche de
25 ans d'apprentissage, de labeur, de connaissances et d'héritage qu'il a bien voulu et jalousement développer, non sans rendre un hommage à la hauteur de l'homme à Lounis, à celui qui lui a, dès son jeune âge, appris l'art de cultiver et non d'imiter, d'innover et non de copier, mais surtout de transcender et non de faire du surplace. Il a bien voulu se confier, sans ambages, à Liberté, en abordant avec la plus grande sobriété et sagesse toutes les questions liées à sa carrière. Ecoutons-le.
Liberté : Djaffar, vous avez édité, en juillet dernier, votre troisième album intitulé Tirga Laâqel (les rêves de la sagesse). Qu'est-ce qui vous a inspiré un titre aussi original et accrocheur ?
Djaffar Aït Menguellet : (Rires). Là, vous me poussez à vous donner les deux versions ! J'avoue que le premier titre était le mien, car, au fait, je me suis basé, comme tout artiste, à donner le titre générique à mon album par rapport à ma chanson Tuzya Laâqel (les vertiges). En abordant le sujet, et comme à l'accoutumée, avec mon père, il m'a formulé des propositions que nous avons discutées en toute logique. C'est ainsi qu'il m'a suggéré de faire un titre original, à savoir Tirga Laâqel, alors qu'il était au studio d'enregistrement. Finalement, j'ai opté pour la seconde version. Voilà tout. Mais pour revenir à cet album, j'ai tenté de dresser un constat, le vécu de beaucoup de jeunes algériens, une réalité algérienne à laquelle nous nous confrontons et que nous vivons tous. Certains qualifieront les paroles de pessimistes, mais ce n'est que le nectar qui découle de notre vécu.
La sortie de votre album a coïncidé avec celui de votre père, Lounis. Est-ce prémédité ou juste un hasard ?
En réalité, nous étions tous deux sur le chemin de boucler notre produit. Je dirai même une belle coïncidence. Moi, j'avais déjà enregistré mon album et j'étais prêt. En revanche, mon père était sur le point de terminer sa seconde chanson de l'album Tawriqt tacebhant (la feuille blanche). Alors, moi j'ai entamé avec lui le travail au studio Irath Music où je m'occupais des arrangements de son album.
Avez-vous participé à la composition des musiques de Lounis ?
Beaucoup le disent, car je monte sur scène avec mon père à chaque fois qu'il se produit en public. Mais, je tiens à préciser que mon père écrit ses paroles et compose en même temps sa musique. Il est vrai que j'apporte ma touche au stade des arrangements en suggérant des instruments. Mais pas plus.
Inversons alors les rôles ! Est-ce que Lounis vous aide dans vos chansons ?
Là, je dois dire à mes fans et au grand public que je ne suis pas un auteur, mais un compositeur. Tous les textes que je chante font l'objet d'une discussion avec mon père. À chaque fois, je propose des idées et lui, il les élabore en poèmes. Mais j'insiste, je ne suis pas un poète, mais un musicien. Quant à mon père, tout le monde le connaît, c'est un grand artiste classique qui m'a toujours aidé et qui m'a transmis des trésors dans ce métier. Si mon père était rompu dans un autre métier, je l'exercerais aujourd'hui avec fierté ! D'ailleurs, il m'a composé toutes les chansons de mon album sorti en 2000 que j'avais intitulé Anargu (nous allons rêver). Pour le second album, sorti en 2004, intitulé Essalhine (les bienfaiteurs), il m'avait composé six chansons, deux autres étaient composées par Si Moh alors que la dernière je l'avais cueillie du terroir, elle date des années 1860 ! Quant au dernier succès, qui marche d'ailleurs à merveille, mon père m'a composé cinq titres, deux autres sont de Si Moh et une autre en duo avec Si Moh également.
Si Moh apparaît justement dans vos albums…
Oui, Si Moh est l'un des maîtres du verbe et des mots savants. Je profite au passage pour lui rendre un vibrant hommage. Lui aussi, il m'arrangeait certains de mes poèmes.
Djaffar, le compositeur, a fait ses premier pas dans les années 1980. Faites-nous part de cette belle aventure musicale !
J'ai commencé à composer mes premiers morceaux avec la flûte à l'âge de 12-13 ans. Je suis né dans un milieu artistique. À 4 ans déjà, entouré de guitares, de flûtes et de percussions, je ne pouvais que m'imprégner du beau monde ! J'ai découvert très tôt la musique. Un beau monde. C'est fantastique les choses qu'on peut réaliser avec des notes que cachent ces instruments. Il y avait évidemment l'influence de mon père qui m'a encouragé à aller de l'avant à chaque fois que je jouais d'un instrument. Mais avant la flûte, je jouais au synthétiseur que je maîtrisais. Tout est dans l'oreille musicale finalement et le choix est vite fait, j'ai décidé de m'engager pleinement dans cette planète infinie de mélodies et d'harmonies.
À chacun son penchant, Lounis est poète et Djaffar a préféré être compositeur. Mais quel est l'élément qui a provoqué ce déclic ?
Ah ! Le déclic, c'était le défi que mon père m'avait lancé (rires). Il m'avait promis de m'acheter un piano si j'arrivais à maîtriser la flûte et à jouer deux mélodies de suite. Là, je ne vous dis pas, j'ai réussi et mon père jubilait. Suite à quoi, je me suis mis à percer le secret des percussions. Ce n'était pas évident, car j'étais élève, mais j'étais bien entouré et j'avais confiance en moi. Je ne remercierai jamais assez mon père qui écoutait mes modestes compositions et me conseillait. Quant au choix, sincèrement, je ne m'intéressais pas à la poésie comme je m'intéressais à l'instrumentation.
En 1988, Djaffar a fait sa première apparition en public. Qu'avez-vous ressenti en montant sur scène ?
Effectivement, j'avais 14 ans quand je suis monté, pour la première fois de ma vie, sur une vraie scène pour accompagner mon père. J'avais joué de la flûte. C'était extraordinaire, d'autant qu'il y avait une brochette d'artistes de renom. C'était en 1988, à Aïn El-Hammam.
Vingt-cinq ans après ce moment historique de votre carrière, vous arrive-t-il de vous remettre en cause et de dire voilà ce qu'il fallait faire ?
Se remettre en cause signifie inéluctablement avancer à grands pas. Dieu merci, j'ai trois albums que j'ai soigneusement travaillés pour apporter la différence et je ne reçois que des encouragements, que ce soit des fans ou de mes amis. Je sais que mon produit a été très bien accueilli et si c'était à refaire, peut-être que je ferai mieux, mais la perfection vient avec le temps. C'est une évidence. Mes productions plaisent également à mon père qui me pousse à aller de l'avant et m'encourage à persévérer. C'est ce que je fais en toute conscience. L'essentiel, pour moi en tout cas, c'est d'être professionnel. Notre public mérite un produit de bonne qualité et à partir de là, il est de mon devoir d'obéir à cette règle.
En parlant de produits de bonne qualité, comment vit Djaffar sa carrière, sachant qu'il fait partie d'une relève responsable du devenir de la chanson algérienne et kabyle ?
Sincèrement, je vis doublement cette responsabilité. D'abord par rapport à mon père qui m'a transmis tout un savoir-faire, ensuite de la plus-value que je devrai apporter au quotidien à l'art, en général, et à la chanson, en particulier. Mais surtout à la musique, source d'innovation. Car les gens s'attendent à un produit de qualité et, du coup, je ne dois pas les décevoir. Mais par rapport à mon père, je ne dirai jamais que je pourrais être sa relève. C'est délicat et tout le monde le sait, car même si c'est le cas, cela demandera beaucoup de temps.
Mais, avouez que la chanson a pris un sérieux coup à cause des reprises des anciens tubes, souvent hachées, par des artistes sans scrupules qui, parfois, ne demandent jamais l'avis des auteurs !
Il est vrai que certains artistes recourent à la chanson dite légère. Car, à leurs yeux, il y a une demande sur le marché. Autrefois, les gens écoutaient la poésie. Malheureusement, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Dans la chanson “spécial fêtes”, on retrouve de belles voix alors que certains artistes versent dans la facilité et la dépravation. Il y a des gens qui me l'ont suggéré, mais j'ai fait mon choix. Les années 1990 ont quelque peu facilité cette situation. Après tous les malheurs que nous avons vécus, les gens cherchent la détente. Mais, j'estime que j'ai ma propre personnalité et je refuse de verser dans la facilité.
Mais le phénomène a déçu, voire choqué ! Jusqu'à quand ?
Le phénomène tend à disparaître. Ces artistes sont à la recherche d'un style, d'un modèle en vogue et d'une personnalisation de la chanson pour apporter la différence. Certes, nous avons besoin de la chanson “spécial fêtes”, mais faudra-t-il aussi s'investir dans la qualité du produit et éviter de massacrer le patrimoine.
Le piratage des œuvres musicales fait fureur. Tout le monde se plaint. Qu'en est-il justement et comment faire face à ce fléau ?
Tout le monde est complice ! À commencer par le disquaire qui propose deux produits au client. Un produit de qualité coûteux et un autre piraté à prix sacrifié. Et là, c'est au consommateur de refuser. Mais dans notre cas, les gens s'approchent plus du piratage que de l'original. Il y a une prise de conscience, certes, mais le fléau fait des ravages et beaucoup d'artistes ont coulé à cause de cette situation. Car, les éditeurs ne s'engagent pas puisque le produit est piraté dès le départ ou encore téléchargeable sur Internet, ensuite l'artiste, même s'il prend le risque de l'éditer à ses frais, il prend le coup. Même si un jour le CD disparaît, le piratage, lui, subsistera.
Des projets Djaffar ?
Oui, je compte entamer une grande tournée en Algérie. Je n'ai pas encore arrêté de calendrier, mais je souhaite toucher beaucoup de wilayas. Une autre tournée est également prévue à l'étranger. Mon manager a déjà négocié deux dates pour des galas en France. Les choses avancent pour le moment. En parallèle, je prépare mon prochain album qui sera édité en 2011.
Un message ? Un dernier mot ?
Je remercie en premier lieu mon père pour tout ce qu'il a fait pour moi. Je n'oublierai pas Si Moh, Dda L'Mouloud et Lyes du studio Irath Music de Tizi Ouzou, Samir Sebbane, l'édition Izem, tous les artistes qui ont travaillé avec moi et mes amis, dont Farouk qui m'a toujours soutenu. Quant à mon message, c'est celui de tous les Algériens. C'est de voir notre pays évoluer et se développer. Comme disait mon père dans Amghar (le vieux) wi-bghan at seggem, iseggem iman-is, (celui qui voudrait le changement, qu'il commence par lui-même). Merci infiniment au journal Liberté.
Bio-express
Né en 1974 en Haute-Kabylie, Djaffar Aït Menguellet a découvert la musique à 4 ans, avant de composer ses premiers morceaux à l'âge de 13 ans. Maîtrisant parfaitement le synthé et la flûte, il montera sur scène en 1988 à Aïn El-Hammam. En 2000, il sortira son premier album intitulé Anargu (nous allons rêver). En 2004, il éditera un second album, Essalhine (les bienfaiteurs) et en juillet 2010, Tirga Laâqel. Durant 25 ans de carrière, Djaffar n'a raté aucun spectacle de son père, que ce soit en Kabylie, à Alger ou encore à Paris. Fin compositeur et arrangeur, Djaffar maîtrise, aujourd'hui, plus de dix instruments de musique, en plus des percussions.


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