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Aïssa… le petit miraculé de la caravane
Quarante-huit Heures avec les médecins urgentistes à la frontière Algéro-nigérienne
Publié dans Liberté le 26 - 12 - 2010

Les médecins de la Protection civile ont effectué 250 consultations médicales à In Guezzam, à l'extrême sud, dans la polyclinique et auprès des handicapés et des démunis. Ces derniers ont été très heureux de recevoir des dons de la Protection civile, à savoir des denrées alimentaires (huile, pâtes, gâteaux, lait, café), ainsi que des bonbons et des jouets pour les enfants. Mais parmi eux, les médecins ont relevé le cas du petit Aïssa, âgé de 4 ans, qui présentait une diarrhée aiguë avec des symptômes très graves et des pertes de conscience. Les malades dans cette région doivent, dans les cas compliqués ou spécialisés, se déplacer jusqu'à Tamanrasset, à 400 km, durant plus de quatre heures de route et en déboursant entre 1 000 et 1 500 DA au chauffeur de la Toyota Station. Mais, dans cette daïra, où le minimum n'existe pas, les habitants, au nombre de 14 000, évoquent aussi l'absence d'une sage-femme et d'un médecin spécialiste.
Il était 14h en cette journée de jeudi, quand la caravane de solidarité et de prévention de la Protection civile arrive à In Guezzam, à 15 km de la ville nigérienne Asmaka, et ce après plus de 4 heures de route en parcourant une distance de plus de 500 km. Destination, la polyclinique. Malgré la fatigue et une température qui dépassait les 37 degrés, les membres de la caravane décident de passer à l'action. Pas de temps à perdre.
Il y avait quelques patients seulement dans cette polyclinique ouverte en 1994. Au bout de près d'une heure, c'est le rush ! Des femmes accompagnées de leurs enfants, des femmes âgées, des hommes et même des jeunes filles investissent la salle d'attente. L'information sur la présence de la caravane s'est répandue telle une traînée de poudre. Il n'est pas question de rater l'occasion. Dans une région où la présence de l'Etat est réduite, tout le monde, grands et petits, semblait ravi de cette “descente” de médecins. Même les enfants acceptent volontiers de se faire consulter, et les médecins ont également joué le rôle de psychologue en offrant aux enfants non seulement des médicaments mais aussi des bonbons et des jouets.
Louiza Bouzid, lieutenant-colonel médecin à la direction de la Protection civile de la wilaya d'Aïn Témouchent, qui a déjà encadré une caravane similaire à Bordj Badji Mokhtar, à Adrar, et le docteur Chouli Ourdia, capitaine médecin des pompiers de la wilaya d'Alger, inaugurent les premières consultations dans cette polyclinique dans une salle, alors qu'une autre a été aménagée en pharmacie pour distribuer les médicaments prescrits par les médecins.
Des officiers assurent de leur côté le rôle d'infirmiers et d'agents de sécurité. La priorité est donnée aux cas urgents et aux personnes atteintes de maladies chroniques. Dans cette campagne, initiée par le colonel Lehbiri, directeur général de la Protection civile, visant les régions reculées du sud du pays, beaucoup de choses ont été apportées aux démunis.
Le poids, les maladies et les conditions du mariage
Louisa Bouzid, toujours de bonne humeur, demande aux patients leurs nom et âge. Il fallait beaucoup de patience pour les consultations dans cette région où les références culturelles sont tenaces. Exemple, cette femme qui dépasse vraisemblablement la cinquantaine et qui déclare en avoir 24 ans seulement ! Ou cette jeune fille qui pèse près de 90 kg et qui souffre d'arthrose. Le médecin lui a conseillé de suivre un régime, mais elle insiste sur le fait qu'elle n'est pas grosse expliquant qu'ici, “les hommes préfèrent les femmes grosses, pas comme chez vous au Nord”.
Mais avant de quitter la salle de consultation, elle nous propose des pilules pour grossir ! Il faut dire qu'ici, près de 80% des femmes sont très grosses ; elles suivent un traitement obligatoire pour augmenter leur poids et avoir une chance de se marier. Dr Louisa Bouzid s'intéresse aussi à ces femmes qui parlent de leurs problèmes personnels. “Elles n'ont pas besoin de traitement, mais en les écoutant les écoute, c'est une forme de thérapie pour elles.”
En revanche, le docteur Chouli Ouardia n'hésitait pas de son côté à prodiguer des conseils et des orientations aux mamans pour élever correctement leurs enfants.
Un autre cas, qui exigeait une chirurgie, fut tout de suite pris en charge par le Dr Chouli. La plupart des enfants souffrent ici d'anémie et de bronchite, et les vieux d'hypertension. Une femme âgée hypertendue a été mise sous perfusion et sous surveillance après sa consultation.
Le Dr Mezrag, capitaine médecin de la Protection civile de la wilaya de Bouira, s'occupe de la consultation pour hommes. Les autres médecins, eux, ont effectué des consultations à domicile sous l'œil vigilant du Dr Mamouri Rafik, lieutenant-colonel de la PC d'Annaba, avant de rejoindre leurs collègues à la polyclinique devant le grand nombre des citoyens qui sont venus pour une consultation.
Plusieurs patients souffrant de maladies chroniques ont été mis sous surveillance. Dr Bougueffa, capitaine médecin de la PC d'Alger, avec un grand sens de l'humour, a été chargé de la distribution des médicaments.
Des Toyota station et des habitants encerclent la polyclinique
Il était presque 22h quand le commandant Achour Farouk, chef de service de l'information et la prévention et chef de la mission, décide d'arrêter les consultations. Rendez-vous est pris pour le lendemain matin.
Il était 8h30, ce vendredi à In Guezzam. Une journée particulière attend les médecins. L'information ayant fait le tour de la ville la veille, des nomades et même des Nigériens arrivent. Difficile de franchir la porte principale de l'établissement. Le nombre de Toyota Station stationnées devant le centre est considérable. En fait, ce sont les véhicules des familles et proches des malades qui sont venus de plusieurs quartiers pour une consultation ou pour avoir un médicament. C'est une première dans la région.
L'adjoint du directeur de la polyclinique, accompagné de sa fille, commente la présence d'une centaine de citoyens. “C'est malheureux, on dirait que les médecins ici ne font rien et ne soignent pas.” Il fut interrompu par des présents : “Ces médecins venus d'Alger sont là tôt le matin alors que le médecin de la polyclinique vient à 11h !” Un père, accompagné de ses deux enfants, avoua qu'il trouve des difficultés pour amener ses petits chez le médecin. “Ils ont peur des piqûres, mais cette fois, je les amène à leur demande. On leur offre des bonbons et des jouets. C'est bien de penser aux gens de l'extrême sud et surtout aux enfants.” Il faut dire que plusieurs pompiers ont dû intervenir en renfort et fermer la porte principale pour assurer l'organisation.
Aïssa, l'enfant miraculé de la caravane
Il était 9h30, quand les agents informent le docteur Skoura Atig de la présence d'un enfant dans un état grave. “Il ne bouge pas, il est inconscient.” Le jeune lieutenant médecin de la PC de la wilaya de Tipasa en est à sa première mission de prévention et solidarité au Sud. Elle nous explique que le petit Aïssa, âgé de 4 ans, présentait un syndrome entérique évolué depuis 10 jours provoquant une fièvre de plus de 40 degrés avec atteinte de la conscience, et souffrait aussi d'une diarrhée estimée à 10%. Il a été pris en charge en urgence vu son cas critique. On l'a mis sous perfusion et traitement intensif pour le stabiliser et l'évacuer ensuite vers l'hôpital spécialisé de Tamanrasset. Le médecin de garde de la polyclinique en a été informé afin de prendre les mesures pour l'évacuation par l'ambulance de la polyclinique.
La caravane devait rentrer juste après la prière du vendredi, mais les médecins proposent au père du petit Aïssa de le transférer avec l'ambulance de la Himaya. Ce dernier, ému, remercie les pompiers. Son oncle était furieux en avouant que “l'enfant avait été évacué, il y a quelques jours, à la polyclinique, mais les médecins ne voulaient pas le garder, alors son état s'est aggravé”. Avant d'ajouter que plusieurs malades risquent leur vie lors de leur déplacement à Tamanrasset, distante de 400 km. “On se déplace avec nos propres moyens, ce qui nous coûte 1 000 à 1 500 DA. Plusieurs malades refusent de faire des radios et analyses à cause de la distance et des frais.”
14 000 Habitants sans sage-femme et pas de morgue
On apprend auprès des habitants que le service de maternité ne dispose pas de sage-femme ou de gynécologue. Le directeur de cette clinique, le Dr Laâsab, nous confirme l'existence de beaucoup d'insuffisances. Ici, il y a quatre médecins dont deux assurent les consultations ainsi que trois TSS dont des chargés des soins généraux et une laborantine, en plus de trois infirmières et deux aides-soignants.
Quant au service maternité, le responsable explique que “l'accouchement se fait actuellement par un médecin ou une infirmière qui a des notions en la matière”. Interrogé sur le matériel neuf toujours sous emballage, comme nous l'avons constaté sur place, il nous affirme qu'“il est exploité”.
Le docteur a également évoqué le problème de l'absence d'une morgue au niveau de l'établissement sanitaire. “Un projet d'aménagement d'une morgue ainsi qu'une annexe de 40 lits est en cours de réalisation”, nous dit-il.
Il y a lieu de souligner que les services de la Protection civile de l'unité d'In Guezzam trouvent des difficultés en transportant un cadavre, surtout s'il s'agit de cadavres de clandestins égarés. “L'administration de l'hôpital refuse de recevoir ces cadavres, ce qui nous met dans une situation difficile. Le plus dangereux, c'est la décomposition du cadavre quand il est transporté dans l'ambulance. Nous avons saisi les autorités, mais aucune mesure n'a été prise”, nous dit-on.
La tournée de la caravane a en tout cas permis de soigner quelque 250 patients, en plus des cadeaux distribués à des centaines d'enfants. “C'est le père Noël pour ces gens-là, c'est vraiment une action humanitaire !” Un constat fait par un jeune Algérois, qui travaille dans la région depuis 2006, devant le cortège des véhicules rouges de la Protection civile qui sillonnaient les quartiers des démunis. Une campagne qui en appelle d'autres. Mais les habitants de la région ont aujourd'hui besoin d'une véritable politique de santé.


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