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“La diplomatie française doit reconstruire son image au Maghreb”
Luis Martinez (*), Directeur de recherches au Ceri-Sciences-po à Paris, à Liberté
Publié dans Liberté le 02 - 03 - 2011

Directeur de recherches au Ceri-Sciences-po à Paris, Luis Martinez, actuellement en mission à Rabat (Maroc), est un fin connaisseur du Maghreb et de la Libye. Il analyse les évènements. “Il faut, souligne-t-il dans cette interview, faire confiance aux peuples arabes et ne plus soutenir les dictateurs comme l'a fait la France jusqu'à aujourd'hui.”
Liberté : Mouammar Kadhafi peut-il tenir longtemps encore à la tête de la Libye ?
Luis Martinez : Il faut rester prudent. Tout peut changer très vite. Mais, aujourd'hui, je ne le vois pas partir. Retranché dans son bastion de Tripoli, la capitale, Kadhafi s'appuie sur sa garde personnelle, et les forces spéciales. 30 000 fidèles armés, qu'il a fait rapatrier des autres villes pour renforcer sa défense. Il a une ouverture sur la mer. Il n'est pas menacé par une attaque aérienne. Il a les moyens de tenir un long siège. Il ne cédera pas comme Ben Ali en Tunisie ou Moubarak en Egypte.
Le régime finira quand même par tomber. Quelle personnalité d'opposition pourrait alors assurer la succession ?
Les Libyens, qui sortent de 42 ans d'un régime fondé sur le culte de la personnalité, n'ont pas envie de se retrouver à nouveau sous la coupe d'un dictateur. Je crois qu'ils préféreront construire un système fédéral. Tout l'enjeu étant de trouver un compromis entre les composantes qui actuellement sont alliées dans la résistance.
C'est tout de même une opposition hétéroclite composée de monarchistes, démocrates, nationalistes et islamistes. Comment peuvent-ils s'entendre et trouver un compromis ?
Ne soyons pas cyniques et donneurs de leçons. Faisons confiance aux peuple libyen. Le pays a des atouts. Le taux d'alphabétisation frise les 90%. Beaucoup de jeunes sont diplômés, sortis des universités britanniques ou américaines. Malgré l'interdiction imposée par le régime, une majorité de citoyens possèdent des antennes paraboliques. Ils sont informés sur l'extérieur, et savent ce qu'est une démocratie. Sans compromis, les Libyens savent qu'ils peuvent tomber dans un chaos sans nom, avec, à terme, un risque de guerre civile.
La société reste tout de même tribale. Peut-on bâtir un système fédéral, une unité, avec des tribus ?
La Libye est un Etat tribal qui ne dit pas son nom, car, durant 42 ans, Kadhafi avait interdit de parler de tribu, pour mieux cacher que le pays était dirigé par la sienne, la Kadhafa. Pour autant, il ne faut pas tomber dans la caricature occidentale. Pour bien connaître ce pays, je sais que les Libyens sont aussi des citoyens. Des techniciens, des ingénieurs, des ouvriers qualifiés, des médecins, des infirmières, des enseignantes, des pères et des mères de famille qui ont envie de vivre dans un pays en paix.
Quel rôle peuvent jouer les islamistes ?
Dans les années 1990, ils ont combattu ouvertement le régime, et ont été violemment réprimés. À la fois victimes et résistants, ils jouissent d'une certaine popularité. Reste que les Libyen, qui sortent d'une dictature tribale et familiale, n'ont pas envie de retomber dans une dictature religieuse. Si les islamistes veulent construire un émirat, il risque de se retrouver face à une importante contestation.
Et l'armée ?
Kadhafi a marginalisé l'armée. En 1969, à sa prise de pouvoir, l'armée entendait jouer un rôle de ciment national. Or, le guide, qui s'en méfiait, l'a mise à l'écart et préféré fonder sa propre milice : sa garde personnelle et la ligue islamique d'Africains, qui, aujourd'hui, combat à ses côtés. Les militaires, qui ont refusé comme en Egypte et en Tunisie, de tirer sur la foule, sont très populaires aujourd'hui. L'armée peut effectivement assurer une transition pacifique.
Que peuvent faire les Occidentaux ?
Mettre en place, comme ils sont en train de le faire, des mesures pour pénaliser Kadhafi et son clan, afin d'aider la révolution. Geler les avoirs bancaires. Interdire les avions de survoler le territoire libyen libéré, comme l'ONU en 1991, dans le Kurdistan irakien du temps de Saddam. Instaurer un embargo total sur les ventes d'armes. Traduire Kadhafi et ses fidèles devant le Tribunal pénal international.
Et la France ?
La diplomatie française doit se reconstruire, retrouver une certaine crédibilité. Nous avons commis tant d'erreurs avec les pays arabes. Alain Juppé, le nouveau ministre des Affaires étrangères, a du travail. La France ne doit plus soutenir des dictateurs contre les peuples, comme elle l'a fait jusqu'à présent, au nom d'un réalisme politique. Elle doit avoir des relations adultes avec les pays du Maghreb. Des rapports d'Etat indépendant à Etats indépendants. Elle doit faire preuve d'humilité et admettre qu'elle ne connaît pas tout de ces nations, qui ont tellement changé depuis les indépendances.
Que peut-il se produire dans les autres pays du Maghreb ?
En Tunisie, la pression populaire a eu raison du Premier ministre Mohammed El-Ghannouchi. Jugé trop proche de l'ancien régime, il a démissionné le 27 février. Les Tunisiens veulent des dirigeants fiables. En Algérie, les conditions sont réunies pour impulser un mouvement contestataire, mais les Algériens qui sortent d'une longue guerre civile (1991-1999) n'ont pas envie de revivre pareil chaos (entre 100 000 et 150 000 morts). Au Maroc, un nouveau Premier ministre devrait bientôt être nommé. Il aura pour tâche de mettre en place un programme de réformes demandées par la population. Mais la monarchie n'est pas menacée.
L. B.
(*) Auteur de Violence de la rente pétrolière : Algérie, Libye, Irak, (Presses de Sciences-po 2010).


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