Les présidents de club ont accueilli avec soulagement les récentes mesures prises par le MJS, en vue de débloquer la situation et accompagner réellement les clubs vers le professionnalisme. Depuis la réunion tenue le 3 mars entre le MJS, l'Association des banques publiques (BNA, BEA, BADR, CPA, BDL) et les représentants du ministère des Finances, présidée par M. Hachemi Djiar, les choses ont nettement évolué, notamment en ce qui concerne la subvention de 100 millions de dinars promise par l'Etat et qui a fait l'objet d'une réclamation sans cesse des présidents de club. Au cours de cette réunion, M. Djiar a expliqué la spécificité des clubs de football qui n'ont pas les mêmes caractéristiques que les entreprises commerciales avec lesquelles les banques sont habilitées à travailler. Il a, de cet fait, prôné une souplesse dans la mise en place de ce crédit pour permettre aux clubs d'en bénéficier le plus rapidement possible. “Il faut qu'on trouve ensemble la meilleure formule et la plus rapide pour permettre au clubs de football d'accéder à ce financement, puisque M. le ministre des Finances est d'accord pour l'octroi de ce montant. Il faut à mon avis lever toutes les contraintes pour mieux avancer le dossier, qui est avant tout un projet étatique qui nécessite l'implication de toutes la parties pour sa réussite. Il faut qu'on accompagne les clubs, c'est une situation particulière, il ne faut pas qu'on reste figé sur le règlement. Le mieux pour tous est d'être complémentaires, afin que ce dossier connaisse une avancée considérable”, dit-il. Il y a eu, par la suite, une réunion tenue le 7 mars entre les banques qui a abouti à une solution qui consiste donc à débloquer cette somme aux clubs sans avoir à présenter au préalable des hypothèques des biens comme stipulé initialement. Serrar : “ça avance” “Je ne cesse de le redire, le MJS a toujours aidé les clubs, j'étais très optimiste concernant ce dossier, car je savais qu'un travail de fond se faisait au niveau du département de M. Djiar. Le ministre s'est investi personnellement dans ce dossier. Je pense qu'on doit mettre nous aussi présidents de club une dose de bonne volonté, afin que les mesures prises soient réellement traduites sur le terrain”, nous dit le président de l'ESS. D'ailleurs, le bureau directeur de l'Association des présidents de clubs professionnels s'est réuni en fin de semaine pour évaluer l'état d'avancement du dossier. M. Mahfoud Kerbadj, président de ladite association, dit à ce titre : “Nous avons enregistré, ces derniers jours, un avancement significatif dans le dossier du professionnalisme. Désormais, il suffit de déposer, par exemple, un dossier administratif accompagné du registre du commerce pour qu'un club puisse bénéficier du prêt bancaire de 10 milliards, sans même fournir d'hypothèque. En outre, nous avons été informés que la convention avec Air Algérie, qui consiste en une réduction de 50% sur les prix des billets d'avion, est déjà applicable. Pour ce qui est des assiettes de terrain qui seront octroyées par l'Etat, le MJS a décidé d'en revoir à la hausse la superficie. Elle est désormais portée à trois hectares au lieu de deux. Le ministère a dégagé un budget de 30 milliards de centimes à chaque club pour la réalisation de centres de formation. Enfin, le MJS a décidé d'accepter la proposition des clubs d'intégrer la commission chargée du suivi du dossier du professionnalisme.” Medouar : “Nous voyons plus clair, mais… ” Le vice-président de l'association M. Abdelkrim Medouar abonde dans le même sens. “On a constaté une grande différence par rapport à notre première réunion. Le fait que M. le ministre de la Jeunesse des Sports prenne des initiatives et des engagements en faveur des clubs professionnels est un pas important dans la concrétisation du projet. C'est de bon augure. Le fait que les procédures pour l'octroie des 100 millions de dinars avaient été allégées est également très significatif, cela prouve la bonne foi et la bonne volonté des pouvoirs publics à nous aider. On a senti une très nette amélioration”, nous dit le patron de l'ASO, et d'enchaîner : “On a été reçu par le chef de cabinet du MJS qui nous a rassurés sur l'engagement total du ministre envers les clubs. On va d'ailleurs assister à la prochaine réunion qui regroupera les représentants des ministères impliqués dans le dossier du professionnalisme, c'est déjà un acquis pour nous, donc tout cela fait qu'on a senti qu'il y a une réelle volonté du MJS d'avancer dans le dossier. On a reçu récemment un courrier du MJS dans lequel il nous explique toute la démarche pour l'acquisition d'assiette de terrain et d'autres opérations. Maintenant, on peut avoir les 100 millions de dinars sur simple demande et un statut du club qui nous permettront de refaire le siège du club, d'acheter les équipements sportifs, de construire le centre de formation et d'autres actions importantes pour le club. On va conjuguer nos efforts pour réussir cet ambitieux projet, car nous sommes des partenaires de la FAF et du MJS, et non des adversaires, comme veulent le faire croire certains. Notre association est là pour la concertation entre les différents partenaires afin de trouver conjointement les solution les plus adéquates pour la réussite du professionnalisme en Algérie.” Hannachi : “On n'a pas créé l'association pour empocher les 10 milliards !” Pour sa part, le président de la JSK Moh Cherif Hannachi a mis l'accent sur le fait que “l'association des présidents de clubs professionnels n'a pas été créé uniquement pour avoir les 10 milliards”. “C'est complètement faux. On a créé l'association pour que les clubs soient structurés dans un cadre légal, défendent leurs intérêts et ne subissent pas la hogra, ce sont les raisons principales qui ont motivé la création de cette association. Nous avons décidé de répliquer pour que les pouvoirs publics daignent enfin s'impliquer pour accompagner les clubs dans ce nouveau projet qui doit constituer le renouveau du football algérien. Le professionnalisme est nouveau pour tous les clubs. Donc, les présidents ont besoin d'être accompagnés durant cette année pour que le projet réussisse. C'est bien dommage qu'on n'ait pas demandé notre avis, car j'estime qui le lancement du professionnalisme était en principe tributaire d'une concertation avec tous les acteurs du football. Ceux qui sont sur le terrain connaissent parfaitement la réalité des difficultés qu'ils rencontrent quotidiennement. Personnellement, j'aurais préconisé qu'on commence à appliquer le professionnalisme sur cinq joueurs par équipe, pour les porter à dix la saison prochain, et ainsi de suite, mais de là à en faire d'emblée de 25 joueurs des professionnels, c'est trop pour nous, car il y a une charge financière importante à supporter. J'ai vu des clubs, comme le MCS, qui ne disposent d'aucun sponsor, comment voulez vous qu'ils prennent en charge 25 joueurs ? C'est pour cela que je dis qu'il faut que les pouvoirs publics aident les clubs. Autre point, les clubs professionnels devraient être ceux qui disposent déjà d'un centre de formation, comme il en existe chez nos voisins marocains au niveau des clubs du RAJA, du WAC et autre FUS. C'est une condition qui devait être appliquée chez nous, comme ça on gagnera du temps. Chez nous, on a lancé le professionnalisme, et on commence dès à présent à penser à construire les centres de formation. Pour moi, c'est un non-sens. Malgré toutes ces imperfections, la JSK a su relever le défi et s'est mise à l'heure du professionnalisme”, précise le patron de la JSK. À propos de l'avancement du professionnalisme au niveau de son club la JSK, il dit : “À la JSK, on n'est ni riche ni pauvre. On peut fonctionner grâce à nos sponsors, que je remercie au passage. Je vous informe que j'ai complètement rasé le cercle du club pour le reconstruire et lui redonner une image qui sied parfaitement à la notoriété du club. La JSK sera donc dotée d'un cercle très moderne où le supporter trouvera tout ce qu'il faut. Je viens justement de régulariser la situation du terrain qui se trouve au centre de la ville, d'une superficie de 3 400 m2, en déboursant 15 millions de dinars aux Domaines. On va y construire un centre commercial ultramoderne qui va permettre au club d'avoir des ressources financières sans avoir à attendre les subventions des autorités locales. À ce titre, je veux préciser que cela fait plus de dix années que la JSK n'a pas reçu le moindre centime de la part de l'APC de Tizi Ouzou. L'année dernière, la wilaya nous a octroyé 10 millions de dinars. Malgré cela, le club fonctionne sans dettes. Mais je vous annonce que l'avenir de la JSK commence déjà à se dessiner. Dorénavant, celui qui veut être dirigeant de ce grand et prestigieux club, il doit ramener de l'argent. Je suis en train de réorganiser le club à cet effet, pour lui insuffler un sang nouveau, c'est fini le bénévolat chez moi, le dirigeant doit ramener le fond nécessaire pour qu'il puisse être dans le bureau de la JSK.” Concernant la démission de son vice-président M. Ouaked, il déclare : “Des gens ont parlé à la presse pour dire qu'ils sont démissionnaires. À mon niveau, je n'ai reçu aucune démission officielle, ils sont partis de leur propre gré. Quant à moi, je n'ai renvoyé personne. J'ai tenu la semaine passée une réunion avec les dirigeants, où j'étais clair dans mon intervention. Ces gens-là n'ont pas accepté mon discours, ils ont donc décidé de partir. Je respecte l'avis de tout un chacun, et libre à celui qui veut partir de le faire. Je préfère regarder vers l'avenir, car il y a des challenges importants qui nous attendent. on doit tous conjuguer nos efforts pour que la JSK se hisse plus haut, en tentant de gagner quelques chose cette saison, car la JSK est un club habitué aux titres, on ne va pas déroger à cette règle.” L'idée du boycott abandonnée À la lumière de ces derniers développements, il est donc clair que les présidents de club ont abandonné l'idée de boycotter le championnat le 18 mars, comme ils l'ont décidé lors de leur dernière réunion. “Nous sommes là pour poser nos problèmes dans un cadre purement organisé, on prône la sagesse, on refuse toute autre revendication qui sort de ce cadre-là. On a donc décidé de se revoir une autre fois le 16 mars pour faire une évaluation de ce qui a été fait et de ce qui n'a pas été concrétisé sur le terrain. Si l'on voit que rien n'a été fait et que la situation n'a pas évolué, on maintiendra notre journée de protestation prévue pour le 18 mars, soit la 1re journée de la phase retour, pour boycotter le championnat. Tous les clubs remettront au président de l'association les licences en guise de protestation contre le mépris affiché à notre égard”, dit Medouar. Notons que les présidents de club ont saisi le chef de l'Etat, il y a quinze jours par lettre ouverte, pour attirer son attention sur les lenteurs administratives causées par les différents partenaires.
